Pérégrination vers l'Est --- 西方人的东方眼睛Un homme de l'Ouest tente vainement de voir les choses comme on les voit à l'EstBlog.comhttp://florent.blog.com/favicon.pnghttp://florent.blog.com/2009-05-20T04:43:46.302237+00:00florentflorenthttp://florent.blog.com/5135918/Week-end à Lhassa<p class="MsoNormal">Ce week-end, c’était le 端午节, festival des bateaux-dragons. Je suis allé à Lhassa en train et revenu à Shanghai en avion. L'intérêt pour le <a href="http://florent.blog.com/4952397/" target="_blank">bouddhisme</a> et les r<a href="http://florent.blog.com/4459795/" target="_blank">écits d'Alexandra David-Neel</a> m'en donnaient l'envie. Mais c'est surtout à cause de tous ces débats enflammés sur le Tibet. Débats qui m'avaient fatigué jusqu'au point de me dire "tant que je n'y aurai pas été, j'arrête d'en parler".  </p>
<p class="MsoNormal">Voici une vidéo sur ce train qui dure 49 heures et passe au dessus de 5000 mètres d’altitude :</p>
<object width="425" height="344"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/13_nPfe8E2o&hl=fr&fs=1&rel=0" />
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<p class="MsoNormal"></p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal">Voici ensuite une vidéo de Lhassa, où je ne suis pas resté assez longtemps. J’espère retourner au Tibet pour aller sur le plateau ; marcher et camper.</p>
<p class="MsoNormal"><em> (cliquer sur "pause" si cela passe trop vite")</em></p>
<object width="425" height="344"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/C-bUmXphtKs&hl=fr&fs=1&rel=0" />
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<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal">Je laisse les images parler ; une seule chose à exprimer par des mots : c’est sur le mysticisme.</p>
<p class="MsoNormal">Jusqu’à ce voyage je considérais la vie mystique comme une expérience personnelle, ou à la rigueur vécue en petite communauté (monastères ; groupes de prière…). Mais à Lhassa j’ai vu un mysticisme qui touchait tout le corps social. C’est comme si la société vivait en présence du mystère, vivait dans le mystère. </p><p class="MsoNormal">Ce week-end, c’était le 端午节, festival des bateaux-dragons. Je suis allé à Lhassa en train et revenu à Shanghai en avion. L'intérêt pour le <a href="http://florent.blog.com/4952397/" target="_blank">bouddhisme</a> et les r<a href="http://florent.blog.com/4459795/" target="_blank">écits d'Alexandra David-Neel</a> m'en donnaient l'envie. Mais c'est surtout à cause de tous ces débats enflammés sur le Tibet. Débats qui m'avaient fatigué jusqu'au point de me dire "tant que je n'y aurai pas été, j'arrête d'en parler".  </p>
<p class="MsoNormal">Voici une vidéo sur ce train qui dure 49 heures et passe au dessus de 5000 mètres d’altitude :</p>
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<p class="MsoNormal"></p>
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<p class="MsoNormal">Voici ensuite une vidéo de Lhassa, où je ne suis pas resté assez longtemps. J’espère retourner au Tibet pour aller sur le plateau ; marcher et camper.</p>
<p class="MsoNormal"><em> (cliquer sur "pause" si cela passe trop vite")</em></p>
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<p class="MsoNormal">Je laisse les images parler ; une seule chose à exprimer par des mots : c’est sur le mysticisme.</p>
<p class="MsoNormal">Jusqu’à ce voyage je considérais la vie mystique comme une expérience personnelle, ou à la rigueur vécue en petite communauté (monastères ; groupes de prière…). Mais à Lhassa j’ai vu un mysticisme qui touchait tout le corps social. C’est comme si la société vivait en présence du mystère, vivait dans le mystère. </p>2009-06-02T14:45:39+00:00florenthttp://florent.blog.com/5032499/Dialogue<p align="center"><span style="FONT-SIZE: 15px"><span style="FONT-SIZE: 19px">Voici un vieux proverbe qui explique bien des difficultés à se <a href="http://florent.blog.com/1702135/" target="_blank">comprendre</a> quand c'est un peu <a href="http://florent.blog.com/1702107/" target="_blank">compliqué</a><br />
<img style="DISPLAY: block" src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4026335.jpg" align="center" /><br />
Avec un renard, impossible de parler fourrures<br />
<br />
与狐议裘         无时焉可</span></span></p>
<p align="right"><span style="FONT-SIZE: 15px"><span style="FONT-SIZE: 15px">王符, 《潜夫论·述赦》： (<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Wang_Fu_(philosopher)" target="_blank">Wang Fu, dynastie Han</a>)</span><br /></span></p><p align="center"><span style="FONT-SIZE: 15px"><span style="FONT-SIZE: 19px">Voici un vieux proverbe qui explique bien des difficultés à se <a href="http://florent.blog.com/1702135/" target="_blank">comprendre</a> quand c'est un peu <a href="http://florent.blog.com/1702107/" target="_blank">compliqué</a><br />
<img style="DISPLAY: block" src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4026335.jpg" align="center" /><br />
Avec un renard, impossible de parler fourrures<br />
<br />
与狐议裘         无时焉可</span></span></p>
<p align="right"><span style="FONT-SIZE: 15px"><span style="FONT-SIZE: 15px">王符, 《潜夫论·述赦》： (<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Wang_Fu_(philosopher)" target="_blank">Wang Fu, dynastie Han</a>)</span><br /></span></p>2009-05-20T05:35:37+00:00florenthttp://florent.blog.com/5012275/Bourde médiatique<img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4024813.jpg" align="left" />Dans le <strong><em>courrier international</em></strong> numéro 965 daté du 6 mai 2009, on trouve page 26 cette illustration et cet article sur l'intérêt général.<br />
<br />
Comme d'habitude, le texte se place en donneur de leçons. L'article nous dit que la notion d'intérêt général est "en réalité assez étrangère aux chinois". Remarquez bien qu'on parle des chinois. De manière générale. On ne parle pas d'un parti ou d'un gouvernement, on ne parle pas d'une région, d'une classe sociale ou d'une frange de la population, mais on parle "des chinois".<br />
<br />
La calligraphie est signée d'Hélène Ho. En cherchant à identifier les caractères, je me suis rendu compte que c'était très probablement le binôme <span style="FONT-SIZE: 24px">公益</span> (gong1yi4 ; qui signifie "bien public" ou en anglais "welfare").<br />
Seulement il était publié à l'envers, la tête en bas !<br />
<br />
Ci dessous la photo retournée, comme cela on est plus juste (mais il est plus difficile de lire l'article ;-)<br />
<br />
<br />
<img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4024814.jpg" />         <img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4024815.jpg" /><br />
<br />
<br />
Je préfère contempler la calligraphie à l'endroit et laisser les grandes leçons des journalistes de côté !<br />
<br />
<br />
<a href="http://support.blog.com/index.php?_m=knowledgebase&_a=viewarticle&kbarticleid=24"></a><img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4024813.jpg" align="left" />Dans le <strong><em>courrier international</em></strong> numéro 965 daté du 6 mai 2009, on trouve page 26 cette illustration et cet article sur l'intérêt général.<br />
<br />
Comme d'habitude, le texte se place en donneur de leçons. L'article nous dit que la notion d'intérêt général est "en réalité assez étrangère aux chinois". Remarquez bien qu'on parle des chinois. De manière générale. On ne parle pas d'un parti ou d'un gouvernement, on ne parle pas d'une région, d'une classe sociale ou d'une frange de la population, mais on parle "des chinois".<br />
<br />
La calligraphie est signée d'Hélène Ho. En cherchant à identifier les caractères, je me suis rendu compte que c'était très probablement le binôme <span style="FONT-SIZE: 24px">公益</span> (gong1yi4 ; qui signifie "bien public" ou en anglais "welfare").<br />
Seulement il était publié à l'envers, la tête en bas !<br />
<br />
Ci dessous la photo retournée, comme cela on est plus juste (mais il est plus difficile de lire l'article ;-)<br />
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<br />
<img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4024814.jpg" />         <img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4024815.jpg" /><br />
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Je préfère contempler la calligraphie à l'endroit et laisser les grandes leçons des journalistes de côté !<br />
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<a href="http://support.blog.com/index.php?_m=knowledgebase&_a=viewarticle&kbarticleid=24"></a>2009-05-17T18:43:57+00:00florenthttp://florent.blog.com/4952397/Paul Magnin : Bouddhisme ; unité et diversité 8/10<img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4020146.jpg" align="right" />Paul Magnin est sinologue et professeur de théologie, spécialiste du bouddhisme chinois. Voir par exemple <a href="http://www.buddhaline.net/spip.php?article327" target="_blank">ici un article de lui sur la patience</a>.<br />
<br />
Dans ce livre, il dresse un inventaire des différents courants bouddhistes (grand et petit véhicule ; tantrisme) en abordant leurs histoires, leurs doctrines et leurs pratiques, dans ce qui les unit et dans ce qui les caractérise.<br />
<br />
Le livre est épais et quelque peu ardu, ce qui n'étonnera pas ceux qui ont déjà cherché à comprendre un peu les fondements et la diversité des courants bouddhistes. Mais le style est remarquablement clair, et la bibliographie extrêmement fournie (tout comme le lexique des termes chinois et japonais).<br />
<br />
En voici la trame :  <br />
<br />
Après une introduction abordant la perception du bouddhisme en France, l'auteur nous raconte la vie de Bouddha. Il élargit sur la communauté bouddhiste (samgha) et commente les <em>quatre nobles vérités</em> (radicalité de l'insatisfaction; soif à l'origine de la douleur; le Nirvana comme cessation du cycle des renaissances ; l'octuple chemin vers la délivrance).<br />
 Sont ensuite commentées les perfections bouddhiques : les quatre sentiments incommensurables de bienveillance, compassion, joie, équanimité, et les six perfections (don, moralité, patience, énergie, concentration, sagesse).<br />
<br />
S'ensuit une perspective historique avec l'évolution du bouddhisme ancien, les fondements du grand véhicule (Mahayana), la formation du bouddhisme chinois (avec les trois écoles Tiantai 天台, Huayan, Terre pure 净土) , le Chan 禅 (le Zen avec ses deux courants Linji ou Rizai et Caodong ou Soto) <br />
<br />
Le bouddhisme tantrique est longuement décrit, ainsi que les grands courants du bouddhisme tibétain.<br />
<br />
L'auteur termine par une mise en perspective de deux voies de libération : christianisme et bouddhisme.<br />
<br />
J'ai beaucoup appris en lisant ce chapitre épais sur le bouddhisme chinois, et le chapitre articulant bouddhisme et christianisme m'a semblé lumineux.<br />
<br />
Un livre de référence ; que je recommande.<img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4020146.jpg" align="right" />Paul Magnin est sinologue et professeur de théologie, spécialiste du bouddhisme chinois. Voir par exemple <a href="http://www.buddhaline.net/spip.php?article327" target="_blank">ici un article de lui sur la patience</a>.<br />
<br />
Dans ce livre, il dresse un inventaire des différents courants bouddhistes (grand et petit véhicule ; tantrisme) en abordant leurs histoires, leurs doctrines et leurs pratiques, dans ce qui les unit et dans ce qui les caractérise.<br />
<br />
Le livre est épais et quelque peu ardu, ce qui n'étonnera pas ceux qui ont déjà cherché à comprendre un peu les fondements et la diversité des courants bouddhistes. Mais le style est remarquablement clair, et la bibliographie extrêmement fournie (tout comme le lexique des termes chinois et japonais).<br />
<br />
En voici la trame :  <br />
<br />
Après une introduction abordant la perception du bouddhisme en France, l'auteur nous raconte la vie de Bouddha. Il élargit sur la communauté bouddhiste (samgha) et commente les <em>quatre nobles vérités</em> (radicalité de l'insatisfaction; soif à l'origine de la douleur; le Nirvana comme cessation du cycle des renaissances ; l'octuple chemin vers la délivrance).<br />
 Sont ensuite commentées les perfections bouddhiques : les quatre sentiments incommensurables de bienveillance, compassion, joie, équanimité, et les six perfections (don, moralité, patience, énergie, concentration, sagesse).<br />
<br />
S'ensuit une perspective historique avec l'évolution du bouddhisme ancien, les fondements du grand véhicule (Mahayana), la formation du bouddhisme chinois (avec les trois écoles Tiantai 天台, Huayan, Terre pure 净土) , le Chan 禅 (le Zen avec ses deux courants Linji ou Rizai et Caodong ou Soto) <br />
<br />
Le bouddhisme tantrique est longuement décrit, ainsi que les grands courants du bouddhisme tibétain.<br />
<br />
L'auteur termine par une mise en perspective de deux voies de libération : christianisme et bouddhisme.<br />
<br />
J'ai beaucoup appris en lisant ce chapitre épais sur le bouddhisme chinois, et le chapitre articulant bouddhisme et christianisme m'a semblé lumineux.<br />
<br />
Un livre de référence ; que je recommande.2009-05-10T17:05:20+00:00florenthttp://florent.blog.com/4986247/Anne Cheng parle de Confucius au collège de France.Depuis de brillants cours d'ethnologie par Françoise Héritier auxquels j'assistais dans mes temps libres, le collège de France porte pour moi une signification et un intérêt particulier : la diffusion des connaissances humaines pour tous (les parisiens), par les meilleurs spécialistes.<br />
<br />
Parlons ici d'une série de Cours donnés par <a href="http://florent.blog.com/4494446/" target="_blank">Anne Cheng</a> sur le renouveau du confucianisme.<br />
<br />
La <a href="http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/his_int/lecon_inuagurale_du_12_decembr.jsp" target="_blank">lecon inaugurale est en format vidéo ici</a>, les leçons qui suivent sont au format son (podcast).<br />
<br />
Voici quelques prises de notes rapides.<br />
L'introduction d'Anne Cheng est intéressante ; elle prend une posture de refus, ou plutôt de temporisation par rapport à la différence culturelle.<br />
<br />
Certains absolutisent tout de suite la différence culturelle (jusqu'à faire de la Chine un grand Autre).<br />
D'autres la nient mordicus (jusqu'à avoir peur de termes comme les "valeurs chinoises")<br />
Les premiers font ressortir les différences culturelles ; les seconds les aplanissent.<br />
<br />
Cela m'a fait penser à un passage du Zhuangzi :<br />
<br />
<div class="PhorumReadBodyText" style="FONT-SIZE: 18px" align="center"><span style="BACKGROUND-COLOR: #e2f1f4">Celui qui sait que l'est et l'ouest s'opposent,<br />
mais que l'un ne peut exister sans l'autre,<br />
saisira le dosage d'efficacité<br />
<br />
如东西之相反而不可以相无, 则功分定矣<br />
(如東西之相反而不可以相無, 則功分定矣)<br />
<br />
Zhuangzi Qiushui 30</span></div>
<br />
<br />
Anne Cheng parle des différences culturelles (au pluriel), et préfère passer du temps àDepuis de brillants cours d'ethnologie par Françoise Héritier auxquels j'assistais dans mes temps libres, le collège de France porte pour moi une signification et un intérêt particulier : la diffusion des connaissances humaines pour tous (les parisiens), par les meilleurs spécialistes.<br />
<br />
Parlons ici d'une série de Cours donnés par <a href="http://florent.blog.com/4494446/" target="_blank">Anne Cheng</a> sur le renouveau du confucianisme.<br />
<br />
La <a href="http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/his_int/lecon_inuagurale_du_12_decembr.jsp" target="_blank">lecon inaugurale est en format vidéo ici</a>, les leçons qui suivent sont au format son (podcast).<br />
<br />
Voici quelques prises de notes rapides.<br />
L'introduction d'Anne Cheng est intéressante ; elle prend une posture de refus, ou plutôt de temporisation par rapport à la différence culturelle.<br />
<br />
Certains absolutisent tout de suite la différence culturelle (jusqu'à faire de la Chine un grand Autre).<br />
D'autres la nient mordicus (jusqu'à avoir peur de termes comme les "valeurs chinoises")<br />
Les premiers font ressortir les différences culturelles ; les seconds les aplanissent.<br />
<br />
Cela m'a fait penser à un passage du Zhuangzi :<br />
<br />
<div class="PhorumReadBodyText" style="FONT-SIZE: 18px" align="center"><span style="BACKGROUND-COLOR: #e2f1f4">Celui qui sait que l'est et l'ouest s'opposent,<br />
mais que l'un ne peut exister sans l'autre,<br />
saisira le dosage d'efficacité<br />
<br />
如东西之相反而不可以相无, 则功分定矣<br />
(如東西之相反而不可以相無, 則功分定矣)<br />
<br />
Zhuangzi Qiushui 30</span></div>
<br />
<br />
Anne Cheng parle des différences culturelles (au pluriel), et préfère passer du temps à
se promener, à visiter avant d'entrer dans le registre du comparatisme. Si l'on avait tout le temps devant soi, je suivrais sans doute sa recommandation...<br />
<br />
Voici quelques passages intéressants de la lecon du <strong>21 janvier</strong>, qui parcourt le XXe siècle (jusqu'à 1980) et montre la désincarnation graduelle du confucianisme, assimilé aux "vieilleries" qui empêchent la Chine de se moderniser<br />
<br />
"la révolution culturelle est une exacerbation paroxystique de l'esprit du 4 mai"<br />
<br />
Les attaques des théories de Max Weber (lien du protestantisme et du développement capitaliste et social) ont un fort impact en Chine<br />
<br />
Heureusement que les chinois n'ont pas abandonné leur écriture car elle plaît tellement aux occidentaux !<br />
(amusante pirouette)<br />
<br />
Dans les années 50 des confucianistes taiwanais et hong kong-ais lancent un appel désespéré au monde : "la culture chinoise et le confucianisme ne sont pas morts ! " <br />
<br />
A la fin de la révolution culturelle Lin Biao et Confucius sont amalgamés comme cibles de la propagande anti réactionnaires<br />
"tous les réactionnaires sont des adorateurs de confucius" <br />
<br />
A partir de 1905 (suppression examens mandarinaux) le confucianisme perd son corps ; il se retrouve comme une "âme errante" 游魂<br />
<br />
La lecon du <strong>28 Janvier</strong> montre combien les "dragons asiatiques" (Hong Kong, Taiwan, Corée, Singapour) ont les premiers ressuscité Confucius<br />
<br />
Anne Cheng aborde ensuite, <strong>le 4 février</strong>, la remise en état du confucianisme en Chine continentale.<br />
<br />
Tout à coup la Chine voudrait "sauter une classe". Après avoir voulu détruire le confucianisme comme "obstacle à une modernisation de type occidentalisation", elle le réhabilite tout à coup en disant que c'est un signe de post-modernité à vocation universelle<br />
(on évoque des parutions sur "Confucius et liberté" ; sur "Confucius et droits de l'homme")<br />
<br />
L'âme errante 游魂 de Confucius retrouve petit à petit un corps : écoles confucianistes (on "remoralise" la jeunesse" en phase avec les préconisations des "entretiens") ; reconstruction de la métaphysique; 儒家 ; 儒教<br />
<br />
Anne Cheng fait la part des choses entre les fabrications idéologiques contemporaines (selon la "gouvernance vertueuse" 懿德治国 de Jiangzemin ou selon la "société d'harmonie socialiste" 社会主义 和谐社会 de Hu Jintao : ) et les résurgences d'aspects confucéens authentiques qui n'ont pas été perdus.<br />
<br />
S'ensuit une amusante description de tous ces gens qui se "disputent le marché Confucius" (la Corée ayant des prétentions de "gardiens de confucius" depuis que la dynastie mandchoue Qing l'a abandonné)<br />
<br />
Pour simplifier : 1990-1997 voit l'émergence d'un "Confucius economicus". Depuis la crise asiatique, on observe en Chine continentale une prolifération complexe du confucianisme dans les cercles officiels et non-officiels, en "top-down" et en "bottom up".<br />
<br />
Exemple de phrase confucéenne réutilisée pour les JO :<br />
<span style="BACKGROUND-COLOR: #fcfae1">四海之内<br />
皆兄弟也<br />
Les gens du monde entier sont des frères<br /></span><br />
<br />
<div class="PhorumReadBodyText">Dans le cours du <strong>11 février</strong>, elle entre plus en profondeur dans le renouveau confucéen en RPC : aspects politiques, médiatiques, éducatifs ; sociaux<br />
<br />
Elle raconte un des anniversaires de Confucius auquel elle a assisté à Qufu. C'est une véritable mascarade folklorique (petits foulards jaunes rappelant plutôt le bouddhisme ; petits scouts confucéens ; slogans moraux sur des bannières). Elle montre le lien entre l'événement et l'idéologie des jeux olympiques. La critique tourne parfois à la moquerie.<br />
<br />
Elle parle ensuite des écoles privées confucéennes 私塾 pour la petite enfance, et de leur forte utilisation de l'apprentissage par coeur (qu'Anne Cheng critique vertement)<br />
Par contre c'est un retour au statut qu'avaient les entretiens sous la dynastie Han : un recueil de préceptes moraux pour l'éducation (plutôt qu'un grand traité éthique fondant la société)<br />
<br />
Sur l'éducation supérieure, anne Cheng aborde le retour du guoxue 国学 et évoque (sans développer) le lien de ce développement avec le nationalisme<br />
On ressuscite les 学堂 qu'on oppose aux 大学 d'inspiration occidentale. Le <strong>retour arrière par rapport aux mouvements universitaires du début XXe</strong> est implicitement évoqué. On enseigne pas des connaissances, mais de la sagesse et une quête spirituelle. On vise une renaissance culturelle qui amènerait à terme une renaissance nationale.<br />
(la description de séances de lecture des entretiens dans un parc est passionnante : ce n'est ni un "cours d'université" orienté connaissance ; ni un "séminaire de management" orienté efficacité)<br />
<br />
Il s'agit de reconstruire tant bien que mal (notamment par internet) un lien social et culturel qui a été largement détruit au XXe siècle. Cette tendance vient parfois courcircuiter la construction d'un espace politique.<br />
<br />
Il me semble qu'Anne Cheng touche ici très juste. Plusieurs trentenaires à Shanghai m'ont donné l'impression de désirer cela ardemment, pas forcément pour eux mais au moins pour leurs enfants.<br />
<br />
En conclusion, elle évoque la politique de l'enfant unique sous forme de point d'interrogation. Le confucianisme peut il se reconstruire sur une pyramide familiale inversée (6 adultes pour un enfant) ? La pression supplémentaire que cela va générer pour les enfants eux mêmes sera t elle supportable ? Une grande et belle question en effet.<br />
<br />
Le <strong>18 février</strong>, on parle du retour en grâce du texte des entretiens. Il a une structure courte, adaptée à un enseignement mnémotechnique.<br />
<br />
Anne Cheng analyse les 10 plus grosses ventes de livres : un best seller confucéen de yudan 于丹 (depuis 2 ans ; une diffusion proche de celle du petit livre rouge) ; un livre d'histoire sur les Ming ; les "méditations" de Marc Aurèle (la conférencière estime qu'il y a un lien entre stoiciens et épicuriens qui pourraient être plus proches de Confucius que de Platon et Aristote.)<br />
<br />
L'écrivain Yudan 于丹 soulève de virulentes oppositions parmi des confucéens moins populistes qui l'accusent de réduire confucius à du "bouillon de poulet" (voir un <a href="http://www.danwei.org/scholarship_and_education/yu_dan_defender_of_traditional.php" target="_blank">papier sur yudan 于丹</a>, cette prof de fac qui a un grand succès autour de Confucius vulgarisé.<br />
<br />
Notons une curieuse définition des hans : vous êtes han quand vous n'êtes ni mongol, ni ouighour, ni tibétain... curieux curieux<br />
<br />
Anne Cheng recommande un auteur taiwanais de bandes dessinées qui me semble bien être Cai Zhi Zhong 菜志忠 (voir <a href="http://florent.blog.com/540716/" target="_blank" rel="no_follow"><font color="#000088">ici</font></a> et <a href="http://florent.blog.com/2248197/" target="_blank" rel="no_follow"><font color="#000088">là</font></a> )<br />
<br />
Dans le cours du <strong>25 février</strong>, Anne Cheng s'éloigne des stars de la communication et se rapproche de milieux plus académiques, plus sérieux.<br />
<br />
On aborde une guéguerre entre les grandes universités.<br />
Un passage de Simaqian révèle Confucius sous un jour beaucoup plus humble.<br />
J'ai trouvé le récit des luttes intestines entre historiens un peu moins intéressantes. Les philosophes seront abordés à la lecon suivante<br /></div>2009-05-10T16:43:25+00:00florenthttp://florent.blog.com/4761799/Francois Cheng L'un vers l'autre 9/10<p><img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4023042.gif" align="right" />Voici un livre d'un auteur que j'apprécie beaucoup : <a href="http://florent.blog.com/1856499/" target="_blank">François Cheng</a><br />
<br />
Il y parle de <a href="http://florent.blog.com/3057796/" target="_blank">Victor Segalen</a>, ce grand explorateur poético-mystique. Et François Cheng exprime sa reconnaissance pour le parcours humain de Segalen, parcours caractérisé par la reconnaissance de la richesse de la civilisation chinoise :<br />
<span style="COLOR: #438059">"Reconnaissance envers ceux qui , au lieu de siècles de tâtonnements et d'affrontements aussi néfastes qu'inutiles, savent <strong>d'emblée</strong> l'impérieuse nécessité, justement, de reconnaître. Reconnaître l'autre en se reconnaissant ; se reconnaître en se reconnaissant autre".</span><br />
<br />
Magnifique déclinaison du verbe reconnaître non ? Elle résonne beaucoup pour moi. Bien noter le "d'emblée" ; très important à mes yeux<br />
<br />
Il vient de parler du voyage :<br />
<span style="COLOR: #438059">"Nul doute qu'à la fin tout voyageur se rendra<br />
A l'évidence : le Divers ne diverti point,<br />
Il déroute : fouilles des licornes enfuies,<br />
Forage du for intérieur. Dans les rets<br />
Du mandat du ciel, toute une vie<br />
 A l'épreuve de la mort ! "</span></p>
<p>et plus loin arrive ce passage qui m'a plongé avec délices dans le désir amoureux :</p>
<p><span style="COLOR: #438059">"Oui,<br />
Il suffit d'un brusque éveil pour que la vie<br />
Se renouvelle. Et soudain, on osa espérer<br />
L'ineffable arrivée d'une amante. Ainsi,<br />
Elle apparut, au milieu du vert et du bleu,<br />
Eclatante, entière, comme depuis longtemps<br />
Attendue, comme depuis toujours déjà là,<br />
Improbable jeune fille d'un improbable<br />
Matin du monde. Tout fut pourtant réel !<br />
Divine surprise grâce à quoi la vie se révèle<br />
Non "dû" mais "don". Toute vie transformée<br />
En don de vie mérite respect.  Honte à nous<br />
Alors d'avoir tenu si désinvolte propos<br />
Sur le cadavre du missionnaire, martyr anonyme<br />
Au destin si tôt fauché ! Cette "chair glorieuse", sur qui<br />
S'étaient acharnées tant d'ingénieuse cruauté<br />
Et d'implacable furie, n'était-elle que pure vanité ?<br />
Avons-nous un seul instant tenté de pénétrer<br />
L'insoutenable souffrance, de partager<br />
La muette solitude de cet autre "arraché" volontaire,<br />
 Si loin du sol natal"<br />
<br />
<span style="COLOR: #111111">Segalen est cité sur le <a href="http://florent.blog.com/4512642/" target="_blank">caractère sacré de l'écriture chinoise</a> page 45 :</span><br />
<br />
Le mot chinois est un signe, complet en lui-même, existant, réalisant (une manière d'être), différent de ce qu'il dit, et déjà très supérieur à ce qu'il daigne signifier. <br />
Les idéogrammes méprisent les tons changeants et les syllabes qui les affublent au hasard des provinces. Ils n'expriment pas ; ils signifient ; ils sont<br />
<br />
<span style="FONT-SIZE: 15px; COLOR: #111111">S'ensuit une belle analyse de François Cheng de l'influence de la langue chinoise (monosyllabique) sur le style poétique de Victor Segalen en Français.<br />
<br />
Le livre de François Cheng est émaillé de vers, parfois de lui même comme ici <br />
<br />
<font color="#438059" size="3">Nul doute qu'à la fin tout voyageur se rendra<br />
A l'évidence : le Divers ne divertit point,<br />
Il déroute : fouilles des licornes enfouies,<br />
Forage du for intérieur. Dans les rets<br />
Du mandat du Ciel, toute une vie<br />
A l'épreuve de l'amour! Toute une vie<br />
                A l'épreuve de la mort !<br /></font><br />
<br />
Ce livre est un magnifique voyage poétique et culturel.<br /></span></span></p><p><img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4023042.gif" align="right" />Voici un livre d'un auteur que j'apprécie beaucoup : <a href="http://florent.blog.com/1856499/" target="_blank">François Cheng</a><br />
<br />
Il y parle de <a href="http://florent.blog.com/3057796/" target="_blank">Victor Segalen</a>, ce grand explorateur poético-mystique. Et François Cheng exprime sa reconnaissance pour le parcours humain de Segalen, parcours caractérisé par la reconnaissance de la richesse de la civilisation chinoise :<br />
<span style="COLOR: #438059">"Reconnaissance envers ceux qui , au lieu de siècles de tâtonnements et d'affrontements aussi néfastes qu'inutiles, savent <strong>d'emblée</strong> l'impérieuse nécessité, justement, de reconnaître. Reconnaître l'autre en se reconnaissant ; se reconnaître en se reconnaissant autre".</span><br />
<br />
Magnifique déclinaison du verbe reconnaître non ? Elle résonne beaucoup pour moi. Bien noter le "d'emblée" ; très important à mes yeux<br />
<br />
Il vient de parler du voyage :<br />
<span style="COLOR: #438059">"Nul doute qu'à la fin tout voyageur se rendra<br />
A l'évidence : le Divers ne diverti point,<br />
Il déroute : fouilles des licornes enfuies,<br />
Forage du for intérieur. Dans les rets<br />
Du mandat du ciel, toute une vie<br />
 A l'épreuve de la mort ! "</span></p>
<p>et plus loin arrive ce passage qui m'a plongé avec délices dans le désir amoureux :</p>
<p><span style="COLOR: #438059">"Oui,<br />
Il suffit d'un brusque éveil pour que la vie<br />
Se renouvelle. Et soudain, on osa espérer<br />
L'ineffable arrivée d'une amante. Ainsi,<br />
Elle apparut, au milieu du vert et du bleu,<br />
Eclatante, entière, comme depuis longtemps<br />
Attendue, comme depuis toujours déjà là,<br />
Improbable jeune fille d'un improbable<br />
Matin du monde. Tout fut pourtant réel !<br />
Divine surprise grâce à quoi la vie se révèle<br />
Non "dû" mais "don". Toute vie transformée<br />
En don de vie mérite respect.  Honte à nous<br />
Alors d'avoir tenu si désinvolte propos<br />
Sur le cadavre du missionnaire, martyr anonyme<br />
Au destin si tôt fauché ! Cette "chair glorieuse", sur qui<br />
S'étaient acharnées tant d'ingénieuse cruauté<br />
Et d'implacable furie, n'était-elle que pure vanité ?<br />
Avons-nous un seul instant tenté de pénétrer<br />
L'insoutenable souffrance, de partager<br />
La muette solitude de cet autre "arraché" volontaire,<br />
 Si loin du sol natal"<br />
<br />
<span style="COLOR: #111111">Segalen est cité sur le <a href="http://florent.blog.com/4512642/" target="_blank">caractère sacré de l'écriture chinoise</a> page 45 :</span><br />
<br />
Le mot chinois est un signe, complet en lui-même, existant, réalisant (une manière d'être), différent de ce qu'il dit, et déjà très supérieur à ce qu'il daigne signifier. <br />
Les idéogrammes méprisent les tons changeants et les syllabes qui les affublent au hasard des provinces. Ils n'expriment pas ; ils signifient ; ils sont<br />
<br />
<span style="FONT-SIZE: 15px; COLOR: #111111">S'ensuit une belle analyse de François Cheng de l'influence de la langue chinoise (monosyllabique) sur le style poétique de Victor Segalen en Français.<br />
<br />
Le livre de François Cheng est émaillé de vers, parfois de lui même comme ici <br />
<br />
<font color="#438059" size="3">Nul doute qu'à la fin tout voyageur se rendra<br />
A l'évidence : le Divers ne divertit point,<br />
Il déroute : fouilles des licornes enfouies,<br />
Forage du for intérieur. Dans les rets<br />
Du mandat du Ciel, toute une vie<br />
A l'épreuve de l'amour! Toute une vie<br />
                A l'épreuve de la mort !<br /></font><br />
<br />
Ce livre est un magnifique voyage poétique et culturel.<br /></span></span></p>2009-05-10T16:30:42+00:00florenthttp://florent.blog.com/4986222/Oser construire pour François Jullien 4/10<img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4023021.jpg" align="left" />Une petite photo pour un petit livre. Petit. Poussé par la querelle qui oppose François Jullien et ses nombreux détracteurs (ne citons qu' <a href="http://florent.blog.com/4494446/" target="_blank">Anne Cheng</a> et <a href="http://florent.blog.com/3963380/" target="_blank">Jean Francois Billeter</a>), j'ai acheté ce livre qui manque particulièrement d'intérêt. Un peu comme ce <em>livre noir de la psychanalyse</em> et cet anti<em>-livre noir de la psychanalyse</em> qui m'avaient profondément lassés l'an dernier.<br />
<br />
C'est un ouvrage collectif signé par les amis du sinologue, dont le renommé Léon <a href="http://florent.blog.com/3428111/" target="_blank">Vandermeersch</a> <br />
<br />
Quelques notes tout de même : page 12 cette phrase de Françoise Gaillard à laquelle je souscris volontiers : <span style="BACKGROUND-COLOR: #deebf6">"François Jullien est un mauvais missionnaire de la religion des droits de l'homme".<br /></span><br />
Page 53, notons un passage intéressant de Patrick Hochart sur la partialité de la parole, avec les racines grecques du <em>logos</em>, du <em>legein ti</em>, du <em>hen ti</em>, de <em>l'homologia</em>.<br />
<br />
Plus loin page 66, Philippe Jousset écrit, en parlant de peinture, que <span style="BACKGROUND-COLOR: #deebf6">"l'oeil est l'organe roi pour penser le rapport occidental au monde, depuis les grecs ; c'est le souffle, en Orient (inspiration, expiration: dans le recueillement, tout point de "vue" s'abolit, on n'est plus "vis-à-vis" de rien, et la clôture entre le monde et l'individu tombe."<br /></span>Et page 69 : <span style="BACKGROUND-COLOR: #deebf6">"La pensée chinoise se présente non comme un modèle, mais bien davantage comme pourvoyeuse de <em>bonne distance</em> à l'égard de nos propres théories et pratiques, pour les faire apparaître comme telles et non point comme nature, fût-ce une "nature" culturelle."</span><br />
 La fin de cette phrase est très éclairante à mes yeux.<br />
<br />
Jean-Marie Schaeffer explique, page 83 que la pensée chinoise, en construisant le réel non pas comme une collection d'entités mais comme un processus, fait l'économie de l'ontologie (que l'Inde avait abordé). D'où une absence en chine de ce dualisme ontologique, de cette rupture ontique si présents en occident, dualisme selon lequel l'homme et le reste du monde vivant seraient différents par essence, dans leur être propre. François Jullien est cité à propos de Wang Fuzhi :<br />
"<span style="BACKGROUND-COLOR: #deebf6">Au regard de la foi chrétienne, de même que déjà pour la métaphysique platonicienne, l'âme est une substance radicalement différente de celle du corps. Or pour Wang Fuzhi, fidèle en cela aux conceptions chinoises les plus communes, la séparation est beaucoup moins nette. Par rapport aux animaux, l'être constitutif de l'homme est infiniment plus alerte et plus délié, de même que sa capacité de "fonctionnement" est plus ample, mais il n'est pas essentiellement différent d'eux</span>."<br />
(ce passage m'a d'ailleurs poussé à lire le livre de cet auteur Jean-Marie Schaeffer  intitulé "<a href="http://www.scienceshumaines.com/la-fin-de-l-exception-humaine_fr_21324.html" target="_blank">la fin de l'exception humaine</a>", livre que je recommande ici).<br />
<br />
Enfin, Julien Badiou page 150 résume l'hypothèse de travail de François Jullien : "<span style="BACKGROUND-COLOR: #deebf6">il y a un seul monde, c'est vrai, mais ce monde est structuré par des pensées distinctes. A cette hypothèse s'opposent farouchement les tenants du nouvel ordre mondial démocratique comme les culturalistes de la multiplicité</span>."<br />
<br />
Encore une position à laquelle je souscris.<img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4023021.jpg" align="left" />Une petite photo pour un petit livre. Petit. Poussé par la querelle qui oppose François Jullien et ses nombreux détracteurs (ne citons qu' <a href="http://florent.blog.com/4494446/" target="_blank">Anne Cheng</a> et <a href="http://florent.blog.com/3963380/" target="_blank">Jean Francois Billeter</a>), j'ai acheté ce livre qui manque particulièrement d'intérêt. Un peu comme ce <em>livre noir de la psychanalyse</em> et cet anti<em>-livre noir de la psychanalyse</em> qui m'avaient profondément lassés l'an dernier.<br />
<br />
C'est un ouvrage collectif signé par les amis du sinologue, dont le renommé Léon <a href="http://florent.blog.com/3428111/" target="_blank">Vandermeersch</a> <br />
<br />
Quelques notes tout de même : page 12 cette phrase de Françoise Gaillard à laquelle je souscris volontiers : <span style="BACKGROUND-COLOR: #deebf6">"François Jullien est un mauvais missionnaire de la religion des droits de l'homme".<br /></span><br />
Page 53, notons un passage intéressant de Patrick Hochart sur la partialité de la parole, avec les racines grecques du <em>logos</em>, du <em>legein ti</em>, du <em>hen ti</em>, de <em>l'homologia</em>.<br />
<br />
Plus loin page 66, Philippe Jousset écrit, en parlant de peinture, que <span style="BACKGROUND-COLOR: #deebf6">"l'oeil est l'organe roi pour penser le rapport occidental au monde, depuis les grecs ; c'est le souffle, en Orient (inspiration, expiration: dans le recueillement, tout point de "vue" s'abolit, on n'est plus "vis-à-vis" de rien, et la clôture entre le monde et l'individu tombe."<br /></span>Et page 69 : <span style="BACKGROUND-COLOR: #deebf6">"La pensée chinoise se présente non comme un modèle, mais bien davantage comme pourvoyeuse de <em>bonne distance</em> à l'égard de nos propres théories et pratiques, pour les faire apparaître comme telles et non point comme nature, fût-ce une "nature" culturelle."</span><br />
 La fin de cette phrase est très éclairante à mes yeux.<br />
<br />
Jean-Marie Schaeffer explique, page 83 que la pensée chinoise, en construisant le réel non pas comme une collection d'entités mais comme un processus, fait l'économie de l'ontologie (que l'Inde avait abordé). D'où une absence en chine de ce dualisme ontologique, de cette rupture ontique si présents en occident, dualisme selon lequel l'homme et le reste du monde vivant seraient différents par essence, dans leur être propre. François Jullien est cité à propos de Wang Fuzhi :<br />
"<span style="BACKGROUND-COLOR: #deebf6">Au regard de la foi chrétienne, de même que déjà pour la métaphysique platonicienne, l'âme est une substance radicalement différente de celle du corps. Or pour Wang Fuzhi, fidèle en cela aux conceptions chinoises les plus communes, la séparation est beaucoup moins nette. Par rapport aux animaux, l'être constitutif de l'homme est infiniment plus alerte et plus délié, de même que sa capacité de "fonctionnement" est plus ample, mais il n'est pas essentiellement différent d'eux</span>."<br />
(ce passage m'a d'ailleurs poussé à lire le livre de cet auteur Jean-Marie Schaeffer  intitulé "<a href="http://www.scienceshumaines.com/la-fin-de-l-exception-humaine_fr_21324.html" target="_blank">la fin de l'exception humaine</a>", livre que je recommande ici).<br />
<br />
Enfin, Julien Badiou page 150 résume l'hypothèse de travail de François Jullien : "<span style="BACKGROUND-COLOR: #deebf6">il y a un seul monde, c'est vrai, mais ce monde est structuré par des pensées distinctes. A cette hypothèse s'opposent farouchement les tenants du nouvel ordre mondial démocratique comme les culturalistes de la multiplicité</span>."<br />
<br />
Encore une position à laquelle je souscris.2009-05-10T15:18:54+00:00florenthttp://florent.blog.com/4943660/Vérité<p style="FONT-SIZE: 16px"><img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4019672.jpg" align="right" />"Quand il est question de gens qui ne nous concernent que de loin, il nous suffit de savoir quels sont leurs buts pour les approuver ou les rejeter en totalité. Quand à ceux qui nous sont plus proches, nous les jugeons d’après les moyens qu’ils emploient pour parvenir à leurs fins, souvent nous désapprouvons leurs objectifs, mais nous les aimons en raison des moyens qu’ils emploient et du type de vouloir qui est le leur. Or les systèmes philosophiques ne sont tout à fait vrais que pour ceux qui les ont fondés : les philosophes ultérieurs n’y voient tous habituellement qu’une seule et monumentale erreur ; les esprits les plus faibles une somme d’erreurs et de vérités."</p>
<p>Friedrich Nietzsche, La Philosophie à l’époque tragique des Grecs<br />
<br /></p><p style="FONT-SIZE: 16px"><img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4019672.jpg" align="right" />"Quand il est question de gens qui ne nous concernent que de loin, il nous suffit de savoir quels sont leurs buts pour les approuver ou les rejeter en totalité. Quand à ceux qui nous sont plus proches, nous les jugeons d’après les moyens qu’ils emploient pour parvenir à leurs fins, souvent nous désapprouvons leurs objectifs, mais nous les aimons en raison des moyens qu’ils emploient et du type de vouloir qui est le leur. Or les systèmes philosophiques ne sont tout à fait vrais que pour ceux qui les ont fondés : les philosophes ultérieurs n’y voient tous habituellement qu’une seule et monumentale erreur ; les esprits les plus faibles une somme d’erreurs et de vérités."</p>
<p>Friedrich Nietzsche, La Philosophie à l’époque tragique des Grecs<br />
<br /></p>2009-05-09T18:57:12+00:00florenthttp://florent.blog.com/4934916/sprint et épines<p align="left"><span style="FONT-SIZE: 21px"><br />
Quel rapport y a t il entre un sprint et des épines ?</span><br />
<br />
<img style="DISPLAY: block" src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4018933.jpg" align="center" /><br />
<img style="WIDTH: 462px; HEIGHT: 255px" height="329" src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4018935.jpg" width="472" /><br />
<br />
Aucun me direz vous... Perdu !<br />
<br />
En français comme en chinois, par un curieux hasard, il y a un rapport.<br />
<br />
Quel verbe utlisons nous pour l'action du sprint ? On "pique un sprint". Comme s'il nous fallait un aiguillon au derrière pour courir plus vite.<br />
Et en chinois le mot même de sprint , 冲刺, se traduit littéralement par "ruer-épine".<br />
<br />
Curieux non ?<br />
<br /></p><p align="left"><span style="FONT-SIZE: 21px"><br />
Quel rapport y a t il entre un sprint et des épines ?</span><br />
<br />
<img style="DISPLAY: block" src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4018933.jpg" align="center" /><br />
<img style="WIDTH: 462px; HEIGHT: 255px" height="329" src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4018935.jpg" width="472" /><br />
<br />
Aucun me direz vous... Perdu !<br />
<br />
En français comme en chinois, par un curieux hasard, il y a un rapport.<br />
<br />
Quel verbe utlisons nous pour l'action du sprint ? On "pique un sprint". Comme s'il nous fallait un aiguillon au derrière pour courir plus vite.<br />
Et en chinois le mot même de sprint , 冲刺, se traduit littéralement par "ruer-épine".<br />
<br />
Curieux non ?<br />
<br /></p>2009-05-08T15:41:15+00:00florenthttp://florent.blog.com/4805431/Ballade étymologique autour de la soie<p><br />
<img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4002213.jpg" align="right" /> <br />
La fabrication de la soie est un art ancien et important en Chine. L'image à droite représente le lavage de la soie. On écrit la soie par le radical 糸, qui s'abrège en 纟lorsqu'il devient composant de caractère.<br />
Ce composant est présent dans une foule de mots, donnant des images de <strong>lien</strong> (étendu à la société), de <strong>continuité</strong> ou de <strong>système</strong>.<br />
En francais le mot de "<strong><em>tissu social</em></strong>" est sans doute assez récent, mais il existe de longue date en chinois !</p>
<p>La soie elle même se dit de plusieurs façons :  le composant 糸 (abrégé en 纟) se retrouve dans 丝, dans 练, dans 绢 et dans 绸. 绡 désigne une soie brute, 绨 une soie épaisse et 纨 de belles soieries. Beaucoup d'autres mots contiennent ce composant 纟 pour dire des choses très diverses ; promenons nous un peu parmi ces multiples extensions de sens.</p>
<p>On a d'abord 结 qui désigne le lien ; on le retrouve dans 结果 le résultat ("lien-fruit"); 结婚 le mariage.<br />
<br />
<img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4011194.jpg" align="left" />维 wei signifie la "fibre", ce qui touche au sens premier de la soie, mais qui par extension signifie la jointure, ce qui tient ensemble 维系 (le second caractère dessine encore la soie), ou par une autre extension la pensée comme dans 思维. Serait ce une intuition antique sur la pensée qui fonctionne par connexions, une intuition sur les fibres de nos neurones?<br />
En français le mot penser vient du latin <strong><em>pensare</em></strong> «peser, apprécier, évaluer». Je n'ai pas trouvé l'origine du mot latin lui même.<br />
<br />
On retrouve la soie dans 红, la couleur rouge (qui par extension renvoie au succès, au bonheur). 绚 signifie brillant, chatoyant. 绯红 c'est un rouge vif; 缇 un orange rouge.</p>
<p>Elle est encore présente dans 约 (à droite c'est une cuiller) qui signifie "prendre rendez-vous" (encore le lien) et par extension "approximativement" ou bien un "contrat" 合约 .</p>
<p style="FONT-SIZE: 16px">La soie est la clé de 继 (la forme traditionnelle de ce caractère ne comporte pas un composant de la soie mais cinq : 繼), qui donne</p><p><br />
<img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4002213.jpg" align="right" /> <br />
La fabrication de la soie est un art ancien et important en Chine. L'image à droite représente le lavage de la soie. On écrit la soie par le radical 糸, qui s'abrège en 纟lorsqu'il devient composant de caractère.<br />
Ce composant est présent dans une foule de mots, donnant des images de <strong>lien</strong> (étendu à la société), de <strong>continuité</strong> ou de <strong>système</strong>.<br />
En francais le mot de "<strong><em>tissu social</em></strong>" est sans doute assez récent, mais il existe de longue date en chinois !</p>
<p>La soie elle même se dit de plusieurs façons :  le composant 糸 (abrégé en 纟) se retrouve dans 丝, dans 练, dans 绢 et dans 绸. 绡 désigne une soie brute, 绨 une soie épaisse et 纨 de belles soieries. Beaucoup d'autres mots contiennent ce composant 纟 pour dire des choses très diverses ; promenons nous un peu parmi ces multiples extensions de sens.</p>
<p>On a d'abord 结 qui désigne le lien ; on le retrouve dans 结果 le résultat ("lien-fruit"); 结婚 le mariage.<br />
<br />
<img src="http://amadeo.blog.com/repository/119496/4011194.jpg" align="left" />维 wei signifie la "fibre", ce qui touche au sens premier de la soie, mais qui par extension signifie la jointure, ce qui tient ensemble 维系 (le second caractère dessine encore la soie), ou par une autre extension la pensée comme dans 思维. Serait ce une intuition antique sur la pensée qui fonctionne par connexions, une intuition sur les fibres de nos neurones?<br />
En français le mot penser vient du latin <strong><em>pensare</em></strong> «peser, apprécier, évaluer». Je n'ai pas trouvé l'origine du mot latin lui même.<br />
<br />
On retrouve la soie dans 红, la couleur rouge (qui par extension renvoie au succès, au bonheur). 绚 signifie brillant, chatoyant. 绯红 c'est un rouge vif; 缇 un orange rouge.</p>
<p>Elle est encore présente dans 约 (à droite c'est une cuiller) qui signifie "prendre rendez-vous" (encore le lien) et par extension "approximativement" ou bien un "contrat" 合约 .</p>
<p style="FONT-SIZE: 16px">La soie est la clé de 继 (la forme traditionnelle de ce caractère ne comporte pas un composant de la soie mais cinq : 繼), qui donne</p>
<p style="FONT-SIZE: 16px"> une idée de continuité, de transmission : 继承 c'est hériter ;  继续 c'est continuer (on remarque que les deux caractères de 继续 ont la soie à gauche).<br />
组 désigne un groupe, comme dans le binôme 组织 qui signifie "organisation" et qui contient encore deux fois le composant de la soie à gauche.</p>
<p>Certains caractères comprennent l'élément 纟de la soie, porteur de sens, sans que l'on sache bien pourquoi. C'est le cas du verbe "donner" 给 (l'élément de droite est phonétique).</p>
<p>Associée à un couteau la soie donne 绝, qui a un sens de couper (ou rejeter) : . 绝望 c'est perdre tout espoir. 杜绝 c'est rompre une relation. 弊绝风清 se traduit littéralement par "fraude-coupée / vent-clair" et renvoie à un climat politique libre de toute corruption. 避世绝俗 signifie se retirer de la société, se couper du monde (littéralement "échapper aux générations ; se couper des gens du commun"), ce qui rapelle le <a href="http://florent.blog.com/1537350/" target="_blank">conte de la fleur du pêcher (voir une traduction ici)</a><br />
<br />
En voyant 纸 qui désigne le papier, on se souvient qu'on écrivait autrefois, avant la dynastie Tang, principalement sur des rouleaux de soie.</p>
<p>练 renvoie au travail de la soie, et par extension à toute notion d'entraînement ou d'exercice (练习)</p>
<p>纯 a d'abord le sens de "pur", mais aussi ceux de "simple", et de "entraîné".<br />
缩 c'est rétrécir (au lavage) ; 缀 signifie "coudre" (on voit les points de croix à droite !)<br />
绅士 renvoie au gentilhomme, au notable (vêtu de soieries?)<br />
纲 c'est un filet et par extension un principe directeur.</p>
<p>Pour un sens très figuré de lien, on a 缘 qui se traduit d'abord par "cause, raison" , mais aussi par "destin, prédestination" ou bien dans un sens bouddhiste par "affinité Karmique".</p>
<p>La soie rejoint l'écriture dans 纹, formé à gauche de la soie et à droite de littérature. Ce caractère désigne des lignes, des rides ou des veines, comme les veines du bois par exemple. 虎纹 ce sont les stries sur la fourrure d'un tigre ; 冰裂纹 ce sont les craquelures d'une glace brisée, et 笑纹 ce sont les rides formées sur un visage qui rit. Qui donc a dit que le chinois n'était pas une langue précise?</p>
<p>La perfection de l'organisation des fibres dans un tissu de soie a également donné plusieurs mots :<br />
综 c'est synthétiser (综合)<br />
编 signifie d'abord tisser, mais aussi organiser, et compiler (on visualise le travail d'un compilateur qui "tisse divers textes" pour en faire un recueil).<br />
系统 c'est un système. Le premier caractère est celui de la soie, le second (qui contient aussi la soie) est également employé dans 统治 "dominer"; et dans 统一 "unifier, intégrer".</p>
<p>Mais inversement à cette idée d'organisation, 纭纭 (la soie avec un nuage phonétique à droite) signifie "confus ; divers". 绐 c'est la confusion.</p>
<p>On pourrait continuer cette promenade étymologique à l'infini, j'en retiens juste la beauté du lien étendu au lien social, et cette extension de l'idée de "tissu" à celle de "système".<br />
Si des visiteurs veulent ajouter des caractères contenant la soie, il y en a encore des centaines !<br />
<br />
Je termine par une expression à quatre caractères, dont trois contenant la soie à gauche : 络绎不绝 désigne un ruisseau sans fin, un torrent de paroles, une situation inextricable. Littéralement "sinueux-démêler-sans-cesse"... Une expression à l'image de ce billet et des liens de sens entre les caractères...</p>2009-04-14T07:18:42+00:00