Wednesday, April 2, 2008

Un poème contemporain : peut être 也许

Voici un poème de WEN Yiduo: 聞一多(1899 -1946)
C’est une ode funèbre, que nous avons traduit à plusieurs sur un forum. Merci à Fougère et à François !

也许 - 葬歌
Peut être
Ode funèbre

也许你真是哭得太累,
也许,也许你该睡一睡,
那么叫夜鹰不要咳嗽,
蛙不要号,蝙蝠不要飞。

Peut-être pleurais-tu d’épuisement
Peut-être, peut-être devais-tu dormir un moment.
Allons, petit oiseau, ne jacasse pas comme cela;
La grenouille, ne coasse plus ! et la chauve souris, ne vole pas !

不许阳光拨你的眼廉,
不许清风刷上你的眉,
无论谁都不能惊醒你,
撑一伞松荫庇护你睡。

Que la lumière du soleil ne t’effleure pas les yeux,
Que le vent frais n’ose faire frémir tes sourcils!
Plus rien ni personne ne saurait maintenant te réveiller,
Bien à l’ombre du pin parasol, tu reposes.

也许你听着蚯蚓翻泥,
听这小草的根须吸水,
也许你听着这般音乐,
比那咒骂的人声更美。

Peut-être, en écoutant les vers remuer sous la terre,
Entendras-tu les petites racines aspirer l’eau du sol.
Peut-être, en entendant cette musique là,
La trouveras tu plus belle que la dure voix des hommes.

那么你先把眼皮闭紧,
我就让你睡,我让你睡,
我把黄土轻轻盖着你,
我叫纸钱儿缓缓的飞。

Alors comme tu gardes les paupières fermées,
Je vais te laisser dormir, je te laisse dormir.
De terre jaune je vais doucement te recouvrir,
Lentement, je brûle au vent les monnaies de papier.

Posted by florent at 21:45:00
Comments

4 Responses to “Un poème contemporain : peut être 也许”

  1. florent says:

    Postons ici la traduction de Francois :

    Peut être — une oraison

    Peut être t’es tu vraiment épuisée à pleurer
    Peut être, peut être, voulais tu, juste, dormir un peu
    Alors, oiseaux de nuit, cessez de caqueter
    Grenouilles, ne coassez pas, chauve souris ne volez plus

    Que les rayons du jour ne heurtent plus ta paupière
    Que la brise légère ne décoiffe plus ton sourcil
    Même si rien, maintenant, ne peut te réveiller
    Que l’ombrelle d’un pin protège ton sommeil

    Peut être écoutes tu les vers, sous la terre
    Et le son des racines des herbes qui boivent l’eau
    Peut être trouves tu que cette musique
    Est plus belle que le vacarme des hommes

    Alors, ferme bien tes paupières
    Je te laisse dormir, je te laisse dormir
    Doucement, je te recouvre de terre
    Légèrement, mes monnaies de papier s’envolent

    et celle de fougère :

    PEUT-ETRE
    Chanson funéraire

    Peut-être, peut-être tu es trop fatiguée de pleurer
    Peut-être, peut-être tu as envie de te reposer
    Eh bien, nous faisons taire les hiboux qui toussent
    Les grenouilles qui coassent
    Nous empêchons les chauves-souris de s’envoler
    Nous convions les rayons du soleil à ne pas te chatouiller
    Ainsi que la brise à ne pas t’effleurer
    Ouvrons un pin parasol pour protéger ton sommeil
    Personne ne te réveille

    Tu entends peur être les insectes remuer la terre
    Les racines de jeunes herbes boire l’eau
    Peut-être toutes ces musiques que tu entends là
    Sont plus délicieuses que les vacarmes du monde d’ici
    Alors
    Fermes bien tes yeux, nous te laissons dormir, dors dors

    Nous te couvrons bellement de terre jaunie
    Nous demandons aux billets brûlés de voltiger doucement
    Tout dou-ce-ment.

    je les trouve toutes les deux très belles !

  2. movitcity says:

    Superbe poème, merci.

  3. Anonymous says:

    Merci beaucoup de me faire découvrir ce très beau poème. En fait, je connais le nom de 闻一多 en tant que sympatisant communiste, mais très peu de ses oeuvres.

    ZiXing

  4. zixing says:

    Pardon, je corrige:

    Merci beaucoup de m’avoir fait découvrir ce très beau poème. En fait, je connais le nom de 闻一多 en tant que sympatisant communiste, mais très peu de ses oeuvres.

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