Quelques phrases de Zhang Chao
张潮 Zhang Chao est un lettré chinois du XVIIe, dont la vie est peu connue, mais dont nous avons gardé un recueil d’épigrammes appelé Yumengying (幽梦影 ou l’ombre d’un rêve)
Voir en chinois un article sur l’auteur et son oeuvre.
Voici quelques lignes de lui, traduit par Lin Yutang, qui m’ont beaucoup plu.
S’il n’y avait pas de livre dans ce monde, il n’y aurait rien à dire, mais puisqu’il y en a, il faut les lire ; s’il n’y avait pas de vin, alors il n’y aurait rien à dire, mais puisqu’il y en a, il faut qu’il soit bu ; s’il n’y avait pas de montagne célèbre, alors il n’y aurait rien à dire, mais puisqu’il y en a, il faut qu’elles soient visitées ; s’il n’y avait pas de fleurs ni de lune, alors il n’y aurait rien à dire, mais puisqu’il y en a, il faut en jouir ; s’il n’y avait pas d’hommes de talent, ni de belles femmes, alors il n’y aurait rien à dire, mais puisqu’il y en a, ils doivent être aimés et protégés.
Un miroir ne devient pas l’ennemi d’une femme laide car il n’éprouve pas de sentiments ; s’il en éprouvait, il serait certainement mis en pièces.
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Les images dans un miroir sont des portraits en couleur, mais les images (ombres) sous la lumière de la lune sont des dessins à l’encre. Les premières sont peintes avec des contours solides, mais les images sous la lumière de la lune sont peintes “sans os”. Les images des montagnes et des eaux dans la lune sont la géographie dans le ciel et les images des étoiles et de la lune dans l’eau sont l’astronomie sur la terre.
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Lire des livres dans sa jeunesse est comme regarder la lune à travers une fente ; lire des livres dans l’âge mur est comme regarder la lune dans une cour ; lire des livres dans la vieillesse est comme regarder la lune sur une terrasse. Cela, parce que le profit de la lecture varie selon la profondeur de sa propre expérience.
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Seul celui qui est capable de lire des livres sans mots (le livre de la vie par exemple) peut dire de belles choses frappantes, et seul celui qui comprend la vérité sans mots peut saisir la plus haute sagesse bouddhiste. (…)
Lire est la plus grande de toutes les joies, mais il y a plus de colère que de joie à lire l’histoire. Cependant, il y a de la joie dans une telle colère.
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Avoir des montagnes et des vallées dans le coeur vous permet de vivre dans une ville comme dans une montagne boisée ; être attaché aux nuages transforme le continent du Sud en une île féérique.
Etre assis seul par une nuit tranquille, appeler la lune et lui dire sa tristesse ; rester seul par une belle nuit, appeler les insectes et leur dire ses regrets.
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Et terminons par un bien curieux désir :
Je désire donner un jour un grand bal nudiste, pour apaiser les mânes des hommes de talents et des belles femmes de tous les âges. Quand j’aurai trouvé un moine à l’esprit élevé, alors je donnerai le bal et lui demanderai de le présider.
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