Un mot peut dire une chose en chinois et deux choses en francais.
C’est parfois vice-versa et c’est comme ça.
La question, c’est de juger ou non de ces différences.
J’ai souvent pris sur ce blog l’exemple de 羊, caractère chinois qui dessine un drôle d’animal, à la fois chèvre et mouton. Voir un passage à la radio , un billet étymologique , et l'histoire du vilain petit mouton noir.
Ma première réaction a été de penser : sur ce point là, les chinois ont manqué de discernement. N’y attachant que peu d’importance, ils n’ont pas fait l’effort de différencier deux animaux qui pour nous sont deux catégories bien distinctes.
Et ce week end j’étais à l’île de Wight, au sud de l’Angleterre. Et j’ai vu des chèvres moutons. Ou bien des moutons-chèvres, je ne sais pas. Des 羊 quoi.
Alors j’ai regardé wikipedia qui m'a dit qu'ils faisaient tous partie de la famille des caprinaes, mais que les moutons ont 54 chromosomes, alors que les chèvres en ont 60.
Et j’ai trouvé des photos de moutons qui ressemblent à des chèvres, et des photos de chèvres qui ressemblent à des moutons.
Moutons "barbados blackbelly" Chèvre Mohair
Une vieille certitude est tombée pour moi : Par une forme de grossièreté, la langue chinoise n’aurait pas distingué Chèvre et Moutons, alors que la langue francaise aurait, elle, bien « vu » la différence. Que nenni ! N'est ce pas plutôt la langue française qui a voulu distinguer à outrance ? On se souvient du cheval blanc qui n'est pas cheval.
Mais j’ai gagné une intuition : les différences de champs sémantiques, les différentes manières dont les langues découpent le réel qui nous entoure ne peuvent nous conduire à juger d’une concision ou d’une acuité du regard ; deux choses parfaitement subjectives.
Je me suis longtemps demandé quelle langue, entre le francais et le chinois, était la plus concise. Mais j’arrête de me poser cette question qui n’a, je crois, aucun sens.