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Giancarlo Zizola le dialogue de la grande muraille 4 / 10

2006 juillet 30
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Posted by florent

Ce post est dédié à ma chère porte plume, qui a commencé son blog ,et  à qui j’offre cette jolie phrase chinoise :

 « L’encre la plus pâle vaut mieux que la meilleure des mémoires »

 


Livre d’un journaliste italien spécialisé en affaires religieuses occidentales, publié au Cerf en 1988 et pas réédité à ma connaissance. Le but était d’entamer un dialogue sur les terrains mystiques et religieux.

 

Je commence par deux passages intéressants :

D’abord sur Bodhidarma, fondateur au VIe Siècle après JC du monastère de Shaolin (qui avant d’être un grand centre de kungfu est le berceau du Chan Chinois, donc du Zen Japonais), avec la description de la rencontre entre le moine et l’empereur :

 

Le patriarche dit à l’empereur sans ambages :  « tu as accompli beaucoup de bonnes actions, mais tu n’as pas encore acquis le moindre mérite. Le seul mérite que l’on puisse avoir, c’est la connaissance mystique du néant de toutes choses ».

L’empereur lui demanda ensuite quelle était la vérité ultime.

Et Bodhidharma répondit : « un insondable vide et rien de sacré ».

L’empereur continua à l’interroger : « qui est devant moi ? »

Bodhidharma répondit : « je ne sais pas ».

 

Second passage intriguant (p94), même si je me demande si les traductions par l’interprète et par l’imaginaire de l’auteur n’y ont pas distillé une certaine teneur en métaphysique occidentale…

Hai deng raconte :

 

Un jour, un garcon se trouva face à un tigre. Il se jeta dans un ravin, accroché à une liane. Il regarda en bas et vit un autre tigre prêt à le dévorer. Aussi, deux rats, un blanc et un noir, avaient commencé à ronger la liane. Le garçon aperçut une magnifique fraise, la cueillit et la mangea avec plaisir.

-         Qui sont les tigres ?

-         Le premier est le mystère insondable dont chacun procède, et le second, le mystère obscur vers lequel nous tendons. La liane est la vie, consumée par le rat blanc, le jour, et par le rat noir, la nuit. La fraise est l’instant pleinement vécu, la sérénité qui s’interroge sur le commencement et la fin, et sait se contenter sur ce que la vie lui offre.

 

Ce n’est pas l’historiette que je mets en cause, mais son interprétation (particulièrement celle des tigres).

 Par moments je doute fort du discernement de Monsieur Zizola, qui n’a ni appris le chinois ni habité en chine. Sa phrase « Chu fu est la seule ville sainte au monde édifiée pour un philosophe » me semble infondée, empreinte de projections (p97). De même une grande envolée lyrique sur le l’empereur de Jade, le grand chef de tous les dieux, qui nous rapproche d’un dieu chrétien, me semble relever de la projection plus que de l’observation : voir l’ascension de Taishan page 86, et la phrase « un dieu personnel et seigneur du monde » 

4 Réponses Leave One →
  1. juillet 30, 2006

    ta chère Porte-Plume te remercie infiniment de ta délicate attention !
    (heureuse de voir que mon livre t’a intéressé !)

    … et te remercie encore plus de bien vouloir rectifier le lien vers mon blog, car l’adresse que tu as mise est erronnée.
    la bonne adresse est :
    donghu.canalblog.com

    Les visites et les commentaires sur ce blog seront les bienvenus ! ;-)

  2. juillet 30, 2006

    Un petit bémol sur l’histoire de Bodhidharma, rapporté par un sinologue à déjeuner. Le Chan est vraiment un bouddhisme d’inspiration chinoise. A une certaine époque il était nécessaire de faire intervenir un indien pour légitimer tout courant bouddhiste. Ainsi l’histoire de bodhidharma serait largement mystifiée, afin d’authentifier le bouddhisme Chan de Shaolin comme ayant ses racines “indiennement correctes” :-)

    ps pour porte plume : le lien est corrigé, désolé !

  3. juillet 30, 2006

    Merci pour le lien !

    Juste une petite précision : sauf erreur monumentale de ma part, le mot bouddhisme “chan” n’est autre que le “zen” (en fait le même mot, prononcé soit à la chinoise, soit à la japonaise) : 禅.

    L’origine du “zen” n’est autre que le bouddhisme “chan”, qui est arrivé au Japon via la Corée.

    Et voilà, le tour est joué !

  4. juillet 30, 2006

    aucune erreur Porteplume, c’est bien cela.

    je connais un dominicain qui est parti plus d’un an sur les pas du Zen. Il a commencé son périple en Inde (où il disait que le bouddhisme a beaucoup perdu face à l’islam et à l’hindouisme), au Tibet (il y a rencontré Matthieu Ricart, voir http://florent.blog.com/436296/ ), en Chine (là aussi l’histoire récente a fait des ravages!), à Taiwan, en Corée puis au Japon. Il est passionnant à écouter ! Sa thèse n’est pas encore sortie je crois

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