Billet d’humeur
Pour une fois je vais parler dans ce blog d’un instant vécu. Il ne s’agit pas de découverte ni de culture ; ni encore de langue ou de champs sémantiques, mais juste d’un instant.
Ce matin, réveil avant six heures. C’est le reste d’une semaine à Singapour ; le décalage horaire n’est pas encore absorbé. Je descends prendre un café ; et je me retrouve seul en silence à réfléchir.
Les angoisses m’assaillent.
D’abord le travail, qui m’agresse beaucoup en ce moment. Ensuite cette grande famille ; ces cinq enfants qui ont chacun une situation particulière, ma femme qui étudie la psychologie (j’essaie vainement de la suivre un peu dans ce qu’elle apprend) . Encore la maison : cette grande maison qui demande toujours de l’attention. Enfin les amis ; il y en a 28 qui viennent dîner ce soir.
Et sans oublier l’internet, cette grande dépendance de ma vie aujourd’hui ; ce monde d’idées et de rencontres qui m’absorbe plus de cinq heures par jour, jusqu’à parfois me hanter.
Tout cela trotte dans ma tête, émerge, se croise et s’entrechoque ; sort de ma bouche par des soupirs ; descend dans mon ventre sous forme de colère, ou de peur, ou de culpabilité.
J’essaie de vivre cet instant sereinement ; il n’y a pas de bruit et je suis seul. Pourquoi ne pas vivre ce moment en paix ? Mais les soucis m’assaillent encore. Soudain j’entends un petit bruit électronique : titititi … tititititi …. Titititi
Me voilà énervé. Je repense à ce dont j’ai récemment pris conscience : l’intrusion de la micro électronique dans ma vie. Il y a dix ans ni ma femme ni moi n’avions d’appareils de ce type. Aujourd’hui nous cumulons deux téléphones portables ; deux palm pilot ; un blackberry ; un appareil numérique et un caméscope ; un GPS et un balladeur MP3, un projecteur, trois ordinateurs portables et trois fixes. Tous ces appareils se relaient pour manquer de batterie ; avoir leur problème de fonctionnement ; nous interpeller par toutes sortes de petits bips justement.
Alors furieux je dresse l’oreille pour identifier quel est le petit monstre qui me sollicite aujourd’hui dans mon instant de calme. Je n’arrive pas à retrouver lequel ; ce n’est pas un réveil non plus.
Et soudain ; deux secondes de bonheur. Ce n’est pas un petit monstre électronique ; ce n’est pas le réveil d’un enfant ; ce n’est pas un « reminder » pour un rendez vous de boulot.
C’est juste un oiseau. Un oiseau qui chante, parce que c’est le matin, parce que c’est le printemps et parce qu’il est là. Il est là maintenant et il chante.
Merci l’oiseau !
Un bon conseil : il faut vendre sur ebay ta maison et ta famille… euh zut, je me suis trompé , c’est l’inverse.
Cette électronique est vraiment envahissante même si parfois très utile ; il s’agit d’une véritable addiction. J’ai pour ma part abandonné la télé (encore une autre) il y a deux ans et je m’en porte très bien ; bon je reste accroc du web et du pda.
Toutes ces addictions sony-elles une fuite ? Par rapport à quoi ?
Le petit garçon de 1 mois qui s’agite et commence à pleurer dans mes bras ?… allez je m’occupe de lui.
C’est mon petit oiseau du moment.
par l’inverse, tu entends que ce soit ma famille qui me vende sur ebay ))
amusante ta faute de frappe entre sony et sont…
je ne sais pas bien ce que sont ces addictions. Peut être le fait d’avoir quelquechose dans la main (un peu comme une cigarette), qui nous rend un peu plus puissants (comme un pistolet?)
embrasse ton petit garcon pour moi !
Jolie cette fabulette de l’oiseau perdu au milieu des cyborg, on dirait un chapitre supplémentaire du petit prince.
Cette photo prise et communiquée sur le net est un bon résumé de votre billet.
Merci l’oiseau…l’appareil, internet…
Salut, Florent,
D’abord, la magnifique photo d’oiseaux est-elle ton oeuvre? Si non, c’est pas grave, car en tout cas j’ai du mal à croire ^^.
Et ton monologue silencieux, en le lisant je l’ai suivi couremment, tellement que c’est comme si je monologue moi-même, bien que je n’aie pas du tout les mêmes contenus d’angoisse: je n’ai même pas de vrai boulot (par contre j’ai une thèse, que j’ai à peine commencée, sur les épaules); pas d’enfants; pas de maison; pas tellement d’appareils; … hehehe
Jade ; quand j’ai entendu cet oiseau ; je ne me suis pas jeté sur mon appareil photo pour voir s’il avait des piles et de la mémoire . J’ai juste écouté son chant avec beaucoup de paix et de gratitude (deux états dont j’aurais bien eu besoin aujourd’hui tiens). La photo vient d’internet ; c’est une mésange je crois
Ne comparons pas nos situations ; même si on n’avait pas de soucis on s’en inventerait ! Le tout c’est de vivre avec eux ; de les gérer.
j’en profite pour te féliciter pour ton blog qui est super ! un bel endroit pour les débutants en chinois !
florent, tu as bien fait de ne pas avoir pris une photo pour les oiseaux 呵呵呵
pour l’invention des soucis, je suis tout à fait d’accord avec toi. ça me fait penser à une phrase: 除了身体的痛苦和良心的责备,我们的一切痛苦都是想象的。Puisque tu ne détestes pas chercher le sens toi-même, je ne donne pas la traduction.
Merci pour ton compliment au sujet de mon blog.
je tente une traduction ; tu me corriges gentiment ok ?
“à part nos souffrances physiques et les poids que nous avons sur la conscience, tous nos soucis sont de l’ordre de l’imaginaire ou de la représentation”
sais tu de qui est cette phrase ?
j’aimerais bien la pousser encore plus loin en disant que
- certains troubles corporels sont liés à nos soucis psychiques (c’est ce qu’on appelle les troubles psychosomatiques ; une bonne partie des cancers ou des ulcères par exemple).
- certains poids sur la conscience sont eux aussi imaginaires ; c’est à dire qu’on culpabilise pour quelquechose qui n’a pas vraiment fait de mal à autrui…
Le second point est peut être plus vrai pour un francais que pour un chinois ?
Je ne sais plus de qui est la phrase. Je l’ai croisée (la phrase) il y a beaucoup d’année, je m’en suis servi pour m’empêcher d’avoir des soucis mais c’est facile à dire! lol!
Je comprend la phrase ainsi: A part les douleurs corporelles (maladies, blessures, etc.) et les remords sur la conscience (après un malfait), toutes nos douleurs sont de notre imagination (qui n’existent pas vraiment; qui peuvent disparaître par un autre coup d’imagination).
Merci pour cet article venant de Billet d’humeur
| Pérégrination vers l'Est et ça m’ a plu ! puis-je tweeter ce billet http://florent.blog.com/2007/03/24/billet-d%E2%80%99humeur !!!