Trois films chinois …
… qu’un ami chinois m’a prêté “pour voir”
Cet ami était un “jeune en colère” (愤青 ou fenqing). Il a fréquenté des forums acerbement nationalistes, s’est ému pour des causes de justice (causes plus souvent chinoises qu’internationales), a suivi de très près les événements de tiananmen ; il s’insurgeait contre les violences policières et la corruption.
En passant la trentaine, il a mis de l’eau dans son vin ; il est maintenant plus modéré mais reste attaché à l’idée d’être un “acteur du changement” en Chine aujourd’hui.
J’ai vu ces films tout en chinois alors je les commente rapidement, n’étant pas sûr d’avoir tout bien compris.
Le premier film, Nanjing Nanjing, est un nième récit du massacre de Nankin par les Japonais en décembre 1937. Il se démarque des autres films ou documentaires que j’ai pu voir par la beauté des prises de vues, et par l’humanisation des soldats japonais. Il ne s’agit pas de montrer les méchants japonais (méchants parce qu’ils sont japonais), mais plutôt de montrer un système, et des hommes qui sous une pression terrible se laissent aller à la monstruosité. La sortie du film a suscité un vaste débat sur le thème du révisionnisme, mais mon ami chinois comme moi-même avons apprécié cette représentation humaine de l’armée japonaise. L’héroisme et la charité des occidentaux comme le nazi John Rabe qui ont tenté de contenir le massacre est également bellement dépeint.
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Le second film, la comédie sentimentale 非诚勿扰 (traduite en anglais par “if you are the one” et en francais par “la perle rare”, voir un article en francais) a connu un très grand succès en Chine (plus encore que le film Red Cliff que je n’ai pas aimé).
Le film se passe à Pékin, Hainan et Hangzhou. Un riche pseudo-inventeur au passé chargé cherche l’amour sur internet et rencontre une jeune femme qui n’arrive pas à tourner la page d’une vaine relation avec un homme marié. Ils se cherchent l’un l’autre, partent en voyage au nord du Japon. La scène de la confession auprès d’un missionnaire allemand qui ne comprend pas le chinois m’a beaucoup amusé. Les acteurs sont excellents : on retrouve le fameux acteur chauve Ge You qui m’avait tellement ému dans le film “vivre” de Zhang Yimou.
En voici un court dialogue pour les sinophiles :
葛优:病秧子似的,你就不担心婚姻的质量?你这个年龄,我直说啊,正是如狼似虎的年纪。
车晓:您觉得爱情的基础就是性吗?没有怎么了?照样能白头到老,当然我的意思是完全不能有,但是别太频繁。
葛优:那你觉得多长时间算不频繁呢?
车晓:(伸出一个手指头)
葛优:一个月一次?
车晓:我的梦想,一年一次。
Le troisième film, 斗牛 (“douniu” la vache), m’a beaucoup touché hier soir. Ayant peu de temps aujourd’hui je me contente de renvoyer vers une revue sur un blog. Le film est dur mais beau, original, touchant.
J’avais pas mal apprécié Nanjng Nanjing justement pour ce point de vue du soldat japonais meme si le noir et blanc était un peu too much a mon gout. A la meme période est sorti le film John Rabe, moins intéressant que le premier mais c’est marrant de voir les 2 films parler exactement de la meme chose !
J’ai également vu le second film mais je connais l’acteur principal surtout grace aux innombrables pubs qu’il a fait, et du coup c’est dur de s’enlever cette image de la tete.
Le 3eme film, je l’ai tout juste acheté apres avoir la meme critique mentionnée dans l’article.
– Woods
salut woods !
ton commentaire m’a fait penser à Iwo Jima, ce merveilleux film de guerre de Clint Eastwood qui essaie en deux volets de se mettre dans la peau des deux côtés du front…
quant au troisième film je l’ai vraiment apprécié. Il a une esthétique et un tragique très forts.
j’ai vu 非诚勿扰, mais c’est un peu cliche pour moi. j’aime les anciens films de Feng Xiaogang, comme “Dawan”
“La perle rare” (pas sérieux s’abstenir). Mon épouse m’y a emmené. Heureusement, c’était sous-titré en anglais. J’ai eu du mal à prendre le film au sérieux. J’ai tellement vu Ge You manger les meilleures nouilles instantanées du monde à la télévision et sur les grands écrans dans la rue. Et puis, voir Hsu Shi et Vivian Hsu, autrefois vedettes de photobooks japonais, devenues Shu Qi et Xu Ruoxuan, ça montre que le temps passe. Ce qui m’a le plus accroché, c’est l’épisode au Japon, les deux amis chinois à la recherche d’un Japon qui n’existe pas (ah, les vieilles chanteuses). Aussi difficile à comprendre pour un étranger qu’un film français.
ZBD ! un film avec Shu Qi il me le faut !!! C’est presque une question de vie ou de mort !
j’adore votre traduction de fenqing