Méditation
Matthieu Ricard rapporte dans un livre passionnant (Plaidoyer pour le bonheur) des expériences faites sur le cerveau avec un moine bouddhiste.
Il décrit une expérience lors de laquelle l’activité mentale est suivie par IRM au repos, et en méditation. Pour cela 6 types de méditation sont décrits : la concentration, la présence éveillée, la visualisation, la compassion, l’intrépidité et la dévotion.
La concentration sur un objet d’attention unique exige l’abandon de dizaines d’autres pensées qui traversent l’esprit et entraînent la distraction. Ainsi, pour cette expérience, le moine a simplement choisi un point (un petit boulon sur l’appareil de l’IRM au dessus de lui), il a posé son regard dessus et l’y a maintenu, rattrapant son esprit chaque fois qu’il commencait à s’évader.
La présence éveillée est un état d’esprit parfaitement clair, ouvert, vaste et alerte, libre d’enchainements de pensée et dépourvu de toute activité mentale intentionnelle. L’esprit n’est concentré sur rien, mais reste parfaitement présent. Lorsque quelques pensées apparaissent, le méditant ne tente aucune intervention sur son esprit, il se contente de laisser ses pensées s’évanouir naturellement.
La visualisation consiste ici à reconstituer par l’imagination la représentation extrêmement précise d’une Déité bouddhiste, jusque dans ses moindres détails. Le méditant commence par visualiser attentivement tous les détails du visage, du costume, de la posture, etc., en les passant en revue un par un. Enfin, il visualise la divinité toute entière et stabiliser cette visualisation.
La méditation sur l’amour et la compassion consiste à porter son attention sur les souffrances des êtres animés, à penser qu’ils aspirent tous au bonheur et ne veulent pas souffrir, puis à se mettre dans une disposition d’esprit ou il n’existe que compassion et amour pour tous les êtres, proches, étrangers, ou ennemis, humains et non humains. C’est une compassion inconditionnelle, sans calcul, sans exclusion. On engendre cet amour jusqu’à ce que l’esprit tout entier en soit imprégné.
L’intrépidité, ou force intérieure, consiste à engendrer une profonde confiance que rien ne peut ébranler – résolue et ferme – un état où, quoi qu’il arrive, on estime n’avoir rien à gagner ni à perdre.
Dans la méditation sur la dévotion, l’évocation des qualités du maître spirituel joue un rôle prépondérant. A mesure que le souvenir du maître spirituel devient de plus en plus présent, l’esprit se laisse envahir par une profonde appréciation et une grande gratitude à l’égard des qualités humaines et spirituelles qu’il incarne.
Quelle impressionnante facilité à décrire la vie intérieure dans plusieurs de ses facettes !
Les mots sont simple et si puissants !
J’ai essayé le premier exercice ce matin, en fixant un très beau caractère chinois sur une couverture de livre dans ma bibliothèque.
(cai4, le nom d’un dessinateur taiwanais)
Je me disais que ce serait bien de tenir cinq minutes sans me déconcentrer, sans que le regard et les pensées ne divaguent vers toutes sortes de vanités. Après des hauts et des bas dans la concentration, mais sans avoir quitté le caractère cai4 du regard, j’arrète ma méditation en pensant avoir tenu trois minutes ; je regarde ma montre et réalise que j’ai tenu huit minutes !
Je me sentais vraiment bien après cette méditation, capable de sereine disponibilité à l’autre (on en a besoin pour profiter d’un week end avec sa femme et ses 5 enfants … ), et détendu du flux de soucis professionnels de la semaine.
Voilà la nouvelle du jour, bien modeste, mais qui me donne vraiment envie de pratiquer la méditation, surtout les formes de concentration, de présence éveillée et de compassion.