La propreté est-elle culturelle ou universelle ?
Hier à diner un collègue comparait la propreté à Pékin avec celle de Tokyo.
” A Tokyo personne ne me crache sur les pieds ; à Pékin cela arrive ! Moi je crois à la citoyenneté.”
Sa phrase m’a fait réagir : la propreté est elle une valeur universelle que les chinois n’appliqueraient pas par manque de citoyenneté ?
Quand un blanc se promène en Afrique, tout le monde autour de lui pense qu’il sent mauvais ; Il pue le cadavre !
Sait il, ce collègue, que pour un chinois se moucher c’est a peu près aussi sale que de déféquer ? La morve est une substance absolument dégoutante et intime. Si je me mouche devant quelqu’un sans me retourner complètement (voire quitter la pièce puis revenir), c’est comme une insulte.
Peut on utliser le terme de citoyenneté quand on se sent bafoué par le geste de quelqu’un qui ne sait pas ?
Cela m’a rappelé une conversation amusante avec une amie qui revenait de quelques années passées à New York. Nous partagions nos difficultés de réadaptation au retour d’expatriation.
Pour mon amie, le retour était difficile car elle percevait les francais comme des voyous, sales et sans aucune gêne ni discipline. Ce spectacle lui était insupportable, après avoir vécu dans l’environnement agréable de la banlieue new yorkaise.
Pour moi, la difficulté du retour était liée à l’aspect normé du système en France. Chaque chose étant ici réglementée ; je retrouvais la qualité, l’environnement, la fiscalité, les règlements divers et variés qui m’oppressaient comme un cauchemard (voir mes démêlés avec la SNCF dans le post sur la face). J’avais un mal fou à rentrer dans ce carcan rigide après avoir goûté (dans les conditions de l’expatriation certes) à l’aspect pionnier de la chine ; d’un monde libre et ouvert, dans lequel ce que l’on construit est à la hauteur de nos relations avec les gens. pas fonction de nos respects des réglementations ou des cases cochées dans les formulaires.
De cette situation je tirais un profond malaise : suis-je heureux d’être Francais ? ma place est elle ici ? Suis je fier ?
Etonnant comme la même culture, la notre, peut être percue comme anarchique ou comme ultra normée, après avoir été confrontée à un autre environnement !
voila des pensées interessantes … à méditer
jp
Salut Florent
je ne sais pas d’où tu tiens que pour les chinois "se moucher c’est a peu près aussi sale que de déféquer". Vu le nombre de chinois dans la rue qui se mouchent avec les doigts un peu à la facon pulvérisateur sans mouchoir au vu de tous et le nombre de fois où la porte des toilettes là ou je travaille est grande ouverte avec un chinois sur son trône très à l’aise en train de lire son journal, ca m’a pas l’air d’être une info très exacte. D’ailleurs dans certains coins de Chine où je suis allé, il n’y a même pas de porte dans les toilettes !
Concernant la réflexion de ton amie, tout dépend de ton référentiel. Si tu compares la Chine à certains pays d’Afrique, tu trouveras la Chine super clean. Si tu la compares au Japon, tu la trouveras super sale. Si ta copine était allée dans la banlieue chic de Paris, elle n’aurait peut etre pas vu de différence avec celle de NY. Si elle avait vécu dans le Bronx, elle aurait trouvé Paris super clean.
Tout ca pour dire que les comparaisons atteignent souvent vite leurs limites.
Je suis d’accord avec toi sur l’esprit pionnier car la Chine est un pays qui est en train de se construire. Par contre, l’objectif actuellement en Chine est justement d’arriver au niveau des pays occidentaux en matière de normes et autres. Notre pays est peut etre ultra normée (anarchique je comprends pas, tu voulais peut etre dire archaique)mais c’est justement la tendance actuelle en Chine. Etre un Etat de droit avec des règles qui s’appliquent indistinctement et régissent tous les aspects de la vie des citoyens. Jette un oeil dans les sites juridiques, il y a depuis peu une avalanche de lois certes encore peu appliquées mais qui le seront à terme.
Fred
je parlais d’une relation d’intérieur avec un chinois éduqué, pas du migrant qui travaille dans la rue sur son chantier pékinois. Lui se mouche effectivement dans le caniveau, mais il ne le fera jamais vers toi, d’une manière qui puisse t’éclabousser.
Les toilette c’est vrai que c’est quelquechose en chine. Un souvenir lugubre : dans une gare routière à 5h30 du matin, j’entre dans les toilettes après un bus de nuit et je trouve une grande salle sans aucune cloison, avec 5 militaires en rang d’oignon le long d’une rigole déjà bien remplie, accroupis avec leur long manteau vert sombre remonté sur les genoux, en train de se soulager en discutant. Vision d’horreur ; terriblement intimidante ! je bafouille un confus "excusez moi" et je sors de là pour prendre mon mal en patience !
Une autre fois dans un village du nord sichuan, je demande ou sont les toilettes et on me dirige vers … une énorme fosse à purin (apparemment humain) en parpaing, en plein air.
le pire récit me vient d’un copain au qinghai: il y avait une grande salle avec un sol lisse en béton ; il fallait slalomer pour trouver un endroit (un peu comme à la plage à st trop), et faire popo par terre ! Le sol était plat ; meme pas de pente ou de rigole. quelqu’un passait parfois rincer avec un seau.
Se moucher c’est sale, aller à la selle c’est pas intime du tout. Tout est relatif
Ayant vécu l’épidémie de SRAS en habitant à hong kong et en travaillant en chine (j’avais à organiser des ateliers de plusieurs semaines à shanghai en invitant des coréens, australiens, hong kongais et taiwanais… on a tenu quelques semaines puis on a gelé le projet), j’ai vu de près l’effort gouvernemental pour plus d’hygiène, que tu mentionnes dans ton commentaire.
Cet effort visait particulièrement le crachat ; hong kong a mis en place des amendes sympathiques pour qui crache dans la rue.
Sur la comparaison avec mon amie ; ce serait mieux d’en parler autour d’une bière ou d’un thé que sur un blog…
Juste une remarque : même si des brouettes de codes civils sont ent train d’être produits en chine, pour rattraper l’immense retard depuis Mao qui ne supportait pas les lois écrites, l’état de droit, normé au niveau national, n’est pas pour demain ;
Je prends 2 exemples
- cette loi décidée par le maire de Shanghai et valide à Shanghai, selon laquelle un enfant unique marié à une enfant unique peut avoir un second enfant (pour partager le fardeau d’entretien de 4 grands parents à charge)
- pour mon boulot j’avais à produire une déclaration réglementaire (TVA sur encaissements), dont le format n’était pas clairement défini entre trois sites différents , tous trois situés à Shanghai (Nanjing Xilu ; Jinqiao Pudong ; Waigaoqiao) !
Voir les papiers de Jean Pierre Cabestan (CNRS / Revue Perspectives chinoises) sur le vide juridique en chine pour s’en convaincre