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Le tour du monde du rire ; Pierre Daninos 4/10

2006 janvier 2
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Posted by florent

Le tour du monde du rire ; recueil de textes rassemblés par Pierre Daninos.

Série gaie hachette ; imprimé à Paris en 1953

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Pour commencer l’excellente année 2006, voici quelques extraits de ce livre qui fleure bon les années 50, voire l’époque du colonialisme

Chapitre IX : le rire jaune

En Chine (Robert Guillain)

 

 (voir le post sur un autre livre de Robert Guillain.)   

 

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 Un jour Confucius rencontra une vieille femme qui était assise au milieu d’un champ semé de tombes fraîches. C’étaient, dit-elle sans larmes, celles de son père, de son mari et des ses deux fils.

« De quoi sont-ils donc morts ? dit le maître

-         Du tigre, qui les a mangés ! dit la vieille avec un rire sonore.

-         Mais quelle idée, de venir vivre dans un endroit aussi dangereux ! dit le maître.

-         On est très bien ici, répliqua la vieille en riant de plus belle. Ici nous n’avons que le tigre, là-bas vous avez le gouvernement !

 

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Dans la vieille tradition, le chinois s’abonne au service d’un médecin, auquel il paie une sorte d’abonnement mensuel pour être maintenu par lui en bonne santé. Vous payez donc le médecin aussi longtemps que vous allez bien, mais vous cessez de le payer dès que vous tombez malade, puisqu’il a manqué à sa tâche, et cela dure tout le temps de la maladie. On dit que la tête que fait le médecin non payé suffit à rendre un commencement de santé à son malade !

Le rire, c’est un peu le médecin du chinois. Quand rien ne va plus, ou quand la vie le maltraite, le rire, au moins, ne lui coûte rien : c’est le traitement gratuit en attendant que le mal soit passé.

 

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Voici une histoire qui se raconte à Shanghai, où les premiers soldats de Mao, sortant des campagnes, découvrirent avec stupeur les gratte-ciel, les ascenseurs et les réfrigérateurs.

Wang le Shanghaien, qui loge chez lui une escouade, explique à ces grands enfants sortis du fond des campagnes l’usage de la chasse d’eau des WC, qui les intrigue fort.

« Quand vous avez terminé, explique-t-il, vous faites couler l’eau. »

Et il actionne à grand bruit la chasse d’eau. Les soldats regardent, médusés, ce torrent extraordinaire, puis l’un d’eux, secouant la tête :

« Pour moi cela ne fera pas l’affaire. Je préfère encore le papier… Au moins, ajoute-t-il pour s’expliquer, on ne se mouille pas… ! »

 

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Un vénérable lettré chinois est invité par des amis européens qui lui font visiter le cercle sportif de Pékin. Le petit groupe prend des boissons glacées sur la terrasse, en bordure de deux magnifiques courts de tennis. Sur un des courts, deux joueurs disputent une partie acharnée. Désignant les deux tennismen en nage, le vieillard remarque :

« Etre obligés de travailler par une telle chaleur ! Pauvres gens !

- Comment ! lui répond-on, mais ce sont des gens très riches, l’un est directeur de banque et l’autre principal actionnaire d’une importante société immobilière… »

Perplexité du Chinois :

« Mais alors, pourquoi ne paient-ils pas des coolies pour taper sur les balles ? »

 

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Chapitre X au Japon, signé Jean A. Keim.

 

 « au Japon, quand on veut plaisanter, il faut prévenir. »

 

 

 

L’histoire du professeur Hackin, l’ancien conservateur du musée Guimet, à Tokyo.

De passage dans la  ville, il était parti avec un interprète acheter un stylo. Le grand orientaliste n’aimait que les très grands stylos, et son choix, dans le magasin, fut long. Brusquement, dans la vitrine, il en avise un qui lui plaît.

« c’est celui-là qu’il me faut… Mais, ajoute-t-il en regardant l’averse torrentielle qui a vidé la rue de tous les passants, n’en avez vous point un avec un parapluie au bout ? »

Il s’attarde un moment dans la boutique et demande à son interprète s’il peut payer et s’en aller.

« Il faut attendre la réponse.

- Quelle réponse ?

- Vous avez demandé un stylo avec parapluie ; l’employé a téléphoné à l’usine… vous aurez le devis dans un quart d’heure. »

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 Pour les japonais, l’étranger demeure par lui-même un être risible […] Lorsque la première troupe d’opéra italien vint au début du siècle donner des représentations, les spectateurs mouillaient de rire les larges manches de leur kimono.

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 Le père : – Tu es trop vieux, tu ne dois plus dormir avec ta mère

        Le fils : – Mais papa, je ne suis pas plus vieux que vous !

 

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Une jeune femme à un mendiant :

« vous êtes bien constitué ; vous semblez bien portant ; pourquoi ne prenez vous pas un métier ?

- Madame, vous avez un charme extraordinaire et pourtant vous ne montez pas sur les planches ; la situation est exactement la même.

 


 Au restaurant les cure dents, stérilisés, sont souvent enveloppés d’un court poème comique ; un Senryu composé de trois vers. Parfois il raille la nouvelle condition de la femme qui ne veut plus demeurer l’esclave de son mari :

Elle touche un salaire, elle est indépendante,

C’est pourquoi elle ne peut pas attraper

Un homme… Alors elle fait sa cuisine solitaire.

Parfois l’enveloppe du cure-dent vous livre une petite anecdote, une observation sur un fait de la vie courante, souvent faites aux dépens de femmes. Ainsi celle ci :

Première femme : « je ne trouve vraiment rien à critiquer chez cette femme ! »

Deuxième femme : « dans ce cas, si vous voulez, parlons d’une autre.»

 

 


 

 

Demeuré perplexe quand aux sources et à la manifestation de l’humour japonais, l’auteur a demandé à un journaliste nippon de le lui définir.

« il n’y a pas d’humour japonais ! », lui a-t-il déclaré catégoriquement.

L’auteur a insisté :

« Mais les japonais ne rient donc jamais ? »

Lejaponais s’est alors mis à éclater de rire, parce que la question lui semblait fort comique.

 


 Ce dernier passage me semble le plus intéressant : il accepte que le rire soit partagé par tous les hommes, mais qu’on ne puisse pas encore, dans les années 50, se comprendre sur ses expressions culturelles..

 

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  1. mai 12, 2010

    Merci beaucoup !

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