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Cinéma

2006 août 25
Posted by florent

Ce blog parle peu de cinéma : un seul maigre billet. Et pourtant je regarde en ce moment plusieurs films chinois par semaine.

Mais autant il est facile d’écrire ses impressions sur un livre, autant c’est difficile pour moi d’écrire sur un film. On voudrait utiliser des images plutôt que des mots.

On voudrait que l’ambiance du film ressorte dans l’analyse qu’on en fait. Je n’ai pas le langage adéquat pour recréer ces ambiances. Certains l’ont.

Essayons quand même de commenter sur ce beau film que j’ai vu hier soir : 我的兄弟姐妹 (“mes frères et soeurs”, mal traduit en anglais par “roots and branches”)

C’est un film sur la famille et sur le sentiment fraternel, sur ce qui lie frères et soeurs entre eux.

Voilà l’histoire : un professeur de musique est envoyé par le parti dans le nord de la Chine, avec sa femme et ses quatre enfants. Ils vivent pauvres mais heureux, jusqu’à ce que la mère tombe malade, sans pouvoir aller à l’hôpital.

Les deux parents meurent dans un accident. Les quatre orphelins sont d’abord recueillis par un oncle affectueux, mais dont la femme et les enfants acceptent très mal l’arrivée de quatre nouveaux enfants d’un coup.

Les quatre orphelins se sauvent. En bohème ils se rendent compte qu’ils vont devoir se séparer, c’est nécessaire. Le frère ainé, qui n’est qu’un jeune adolescent, supplie des familles de prendre ses frères et soeurs en adoption.

La fille ainée est placée dans une famille sans enfants, qui part quelques jours après s’installer aux Etats Unis. Le fils cadet se retrouve chez des intellectuels, la petite soeur atterit chez un couple âgé, tendre et maladroit.

Vingt an plus tard, la soeur ainée est devenue une star aux états unis ; c’est une chef d’orchestre de grande renommée. Elle décide de rentrer en Chine pour une tournée, afin de retrouver ses frères et soeurs dont elle a perdu la trace.

Le film fait des allers retours entre le temps adulte et le temps enfant, par des flash-back. Dans le temps de l’enfance, nombreuses sont les scènes idyllique de joyeuse paix dans la famille et tout aussi nombreuses sont les scènes mélodramatiques sur des moments de séparation, d’humiliation, de brimades. Mais le sentiment fraternel y est très bien décrit, tout comme le rôle du père (une question qui me travaille en ce moment).

Dans le temps moderne, c’est une Chine froide, inhumaine, monstrueuse qui broie les êtres. Finis les hutongs, voilà les grands bâtiments en verre et en marbre. Le frère ainé est chauffeur de taxi et victime d’injustices en série ; il ne vit que dans l’espoir de retrouver ses frères et soeurs dont il a aussi perdu la trace. Le frère cadet est étudiant fauché dans une autre ville ;  la petite soeur est complètement déjantée, elle se saoule de musique techno dans des boites effrayantes pour oublier son manque affectif.

Il y a beaucoup de clichés, mais si on en accepte la présence on prend conscience d’un message touchant sur ce que sont des frères et soeurs l’un pour l’autre. Message d’autant plus touchant que ce sentiment disparait aujourd’hui en Chine à cause de l’enfant unique.

Je connais des chinois qui regrettent amèrement la disparition d’une multitude de mots spécifiques utilisés autrefois dans les familles nombreuses (l’oncle grand frère de ma mère ; mon frère cadet ; ma cousine ainée coté maternel…).

Je reprends pour finir une image qui sert d’introduction et de conclusion au film, et que j’ai trouvé très belle :

这是我们家的故事.

从小父亲就对我说:

兄弟姐妹原本是天上飘下来的雪花,谁也不认识谁.

但落地以后,便融为了一体.

结成冰, 化成水,永远也就分不开了.

En pinyin (sans les tons désolé j’ai la flemme)

Wo de xiong di jie mei (我的兄弟姐妹)

Zhe shi wo jia de gushi

Cong xiao fuqin jiu dui wo shuo

Xiong di jie mei yuan ben tian shang piao xia lai de xue hua ; Shei ye bu renshi shei

Dan luo di yi hou bian rong wei le yi ti

Jie Cheng bing, hua cheng shui ; Yong yuan ye jiu bu fen kai le

Et en Francais :

Voici l’histoire de ma famille

Quand j’étais petite mon père me disait :

Frères et soeurs commencent par être des flocons de neige dans le ciel.

Ils tombent.

Ils ne se connaissent pas les uns les autres. En touchant le sol, ils se solidifient en glace. Puis la glace fond en eau.

Et ensuite rien ne peut les séparer.

 (traduction sans doute maladroite ; les commentaires sont bienvenus)

Une belle image, non ?

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