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Gao Xingjian : une canne à pêche pour mon grand père 6/10

2006 octobre 16
Posted by florent
Gao Xingjian s’est rendu célèbre par « la montagne de l’âme », livre monumental qui lui a valu un prix nobel de littérature.

« une canne à pêche pour mon grand père » est un recueil de 5 nouvelles, publié en 1986, et que j’ai trouvé magnifique. Il faut dire que je l’ai lu dans de très bonnes conditions, assis sur ma souche préférée dans ma clairière préférée, sous un merveilleux soleil d’automne.

Plutôt que d’évoquer le « courant de conscience » d’un Joyce ou d’une Virginia Woolf, Gao Xingjian préfère parler d’un « courant de langage » qui rend à la langue toute son importance dans la création littéraire : non pas simple outil pour refléter la réalité, mais objet même de la recherche de l’auteur pour évoquer aussi bien le réel que les rêves, les fantasmes que la spiritualité.

Plusieurs références font allusion à la Révolution Culturelle, période de « grande catastrophe nationale » durant laquelle l’auteur a fait brûler tous ses manuscrits.

La première nouvelle raconte un idyllique voyage de noces, moment de liberté dans un temple abandonné, loin de tous les usages de la dette sociale. Le style est très particulier, le narrateur s’adressant parfois au lecteur, parfois à son épouse Fangfang. La seconde nouvelle est le terrible récit d’un accident, dans le sombre anonymat d’une grande ville. La suivante m’a plongé dans l’angoisse, c’est un nageur qui, à la tombée du soir, est pris d’une crampe à un kilomètre de la plage déserte.

La quatrième, « dans un parc », est celle que j’ai préférée : deux vieux amis, un homme et une femme, se retrouvent dans un parc après des années de séparation pour cause d’envoi à la campagne. Leurs vies sont déchues, leurs dialogues poignants.

Ensuite vient la nouvelle qui porte le titre du recueil ; c’est un retour aux sources dans une Chine où le développement a défiguré l’environnement. La dernière nouvelle, « instantanés » est très particulière ; plusieurs récits se croisent et s’entrelacent ; forçant le lecteur à se détacher de l’histoire pour vivre les instants et les émotions de chaque scène. Mais les thèmes de la mort et du retour à l’enfance ressortent au dénouement de toutes ces histoires parrallèles.

Un mot de vocabulaire : le Suona qui est évoqué dans le livre ; j’ai appris que c’est un hautbois chinois, qui s’écrit 唢呐.

Une petite question pour finir, portant sur la nouvelle « dans un parc » : on lit à la page 47 , environ au premier tiers de la nouvelle, que « C’est ennuyeux d’attendre. Maintenant ce sont toujours les garçons qui posent des lapins ». Je m’étais interrogé dans un billet sur l’expression « poser un lapin ».

Si quelqu’un dispose de cette nouvelle en chinois, pourrait il me dire si l’expression employée dans le texte original est bien celle de « lâcher un pigeon » (放鸽子 ) ?

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