« A beau mentir qui vient de loin »
Connaissez vous cette expression ?
« A beau mentir qui vient de loin » signifie qu’on peut facilement mentir quand on parle de quelquechose qui n’est pas facilement vérifiable. Par exemple dans un diner mondain, un chinois pourrait facilement dire “je connais le laozi par coeur”. Tout le monde épaté lui demanderait de le réciter ; et le chinois partirait dans un grand discours sans queue ni tête, suscitant l’admiration générale. On devrait donc se méfier de gens qui vous parlent de choses lointaines (je me tire une balle dans le pied là
Cette expression a un proche équivalent chinois, 远来的和尚会念经, qui signifie “un moine qui vient de loin sait mieux lire les soutras”, et que nous allons mettre en regard.
Voici les éléments donnés par l’excellent site expressio.fr :
« A beau mentir qui vient de loin » : Voilà une expression proverbiale dont le sens est limpide.
Elle est citée par le Dictionnaire de l’Académie Française de 1694. Elle est donc plus ancienne et date d’une époque où il restait encore de nombreuses terres à découvrir.
En ces temps, compte tenu des moyens de locomotion peu rapides qui existaient, il était facile à un voyageur revenant de loin de raconter des mensonges sur ce qu’il avait vu au cours de son périple, sûr qu’il était que personne n’irait vérifier.
Il n’en a pas fallu plus que que notre expression, pleine de bon sens, puisse aisément apparaître.
Dans ce proverbe, comme dans quelques autres locutions, “avoir beau” signifie “être facile” ou “être aisé”.
Quand à l’expression chinoise 远来的和尚会念经, elle signifie “Un moine qui vient de loin sait mieux lire les sutras”, ou bien “Un moine qui vient de loin sait forcément lire les sutras”.
Comme en francais ; l’expression est ironique ; elle dénonce l’aveuglement candide avec lequel l’on écoute quelqu’un qui raconte une expérience lointaine. L’ironie chinoise par rapport au religieux me semble très marquante (voir le billet dédié)
Prenons comme exemple cette image en haut du billet. Elle provient d’un forum de Xinhua (l’agence de presse officielle chinoise). La légende nous dit que :
Sur la pièce : 江西高速招标 (appel d’offre pour une autoroute dans la province du Jiangxi)
Sur les hommes en bas à gauche : 国产品牌 (marque nationale)
Sur l’homme en bas à droite : 样品牌 (marque étrangère)
On voit que l’appel d’offre va directement à la proposition étrangère ; parce qu’étranger c’est forcément mieux.
Je n’ai pas pu en tracer l’origine ; mais elle vient sans doute de loin (sans mensonge!), peut être même du temps où le bouddhisme est lentement arrivé des lointaines contrées de l’ouest (l’Inde) en Chine, c’est à dire au premier millénaire de notre ère.