Aller au contenu

Nicolas Bouvier

2007 novembre 10
Tags:
Posted by florent

Nicolas Bouvier est un fils de bonne famille suisse, qui a écumé la planète dans la seconde moitié du XXe siècle. Un voyage étonnant consistait, avec un ami, à se rendre jusqu’en Iran avec une Fiat topolino ! Il a peu été en Chine en raison de la situation politique, mais a passé du temps au Japon, en Corée, en Inde, et dans beaucoup d’endroits.

Dans ses œuvres complètes publiées chez Quarto Gallimard, on trouve plusieurs passages intéressants pour ce blog. Page 1063 un chapitre où il s’émerveille à la lecture des aventures du père Huc, missionnaire Lazariste en Chine qui a raconté de manière détaillée et truculente son séjour et son expulsion de Chine au XIXe siècle. Je n’ai pas encore lu son livre ( souvenirs d’un voyage dans la Chine ),  mais j’espère pouvoir le lire un jour.

Dans son journal d’Aran et d’autres lieux, il raconte un voyage de 1970 du Japon à la Corée, en partie avec sa femme Eliane. On sent l’homme attiré par ces cultures orientales, mais profondément gêné de ne pas accéder à la langue écrite. En nous faisant visiter un temple à Hae-In-Sa, il raconte l’arrivée du bouddhisme en Corée au IVe siècle après JC, et le bras de fer engagé avec le confucianisme, jusqu’à la terrible invasion mongole des Yuan qui franchissent le fleuve Yalou en 1251 (et domineront également la Chine pendant plusieurs siècles). Ensuite au XVIe siècle ce sont deux tentatives d’invasion japonaises, menées par le condottiere Hideyoshi.  Par miracle un canon bouddhiste intégral a échappé à tous ces tourments et nous est parvenu.


Plus loin (dans ses belles réflexions sur l’espace et l’écriture), il médite sur ce verset de Matsuo Basho (XVIIe S) :

Ceux du monde profane remarquent à peine
La fleur du châtaigner sous l’auvent

En tant que Suisse errant (provenant d’un petit pays complexe entouré de géants), il médite sur son pays et conclut par cette jolie phrase de Paracelse :

Tout ce qui est pluralité est inquiétude

S’ensuit un très beau développement autour des visées occidentales en Orient depuis vingt cinq siècles, visées limitées à trois mobiles : curiosité, cupidité, piété.

Il rappelle les propos d’Hérodote qui , dans ses Enquêtes, rendait à la perse ses vertus et cherchait à réconcilier les belligérants des guerres médiques, que Bouvier appelle “matricide”.
Bouvier fut fasciné par la densité historique de l’Asie, moins concentrée selon lui dans des lieux privilégiés comme c’est le cas en Europe.
 
Tapis de tessons usés, cassés. Migrations, ambassades, invasions, pélerinages, négoces du tapis, du jade ou de la soie, tout a été parcouru, tout est occupé ou hanté. Ce col solitaire et brillant de glace qu’on franchit à petit souffle, à petits pas au nord des monts célestes, le bonze Hiuan Zang l’a décrit voici treize siècles tel que vous le voyez. 

Il enchaîne ensuite sur les magnifiques récits de voyages de sa compatriote Ella Maillart (récits qu’il a préfacés je crois) au sud ouest de la Chine, entre les actuels Qinghai et Tibet, et à l’ouest de la Chine (entre Xinjiang et Cachemire).

Plus tard encore il raconte un voyage en groupe à Xi’an dans les années quatrevingt.

Un récit touchant , d’un homme cultivé et insatiable chercheur de l’autre.

Pas encore de commentaires

Laisser un commentaire

Note: Your e-mail address will never be published.

S'abonner au flux de ce commentaire via RSS