Des limites occidentales vues par un chinois
2007 novembre 20
”Attention, ce n’est pas l’Occident en tant que tel que nous prendrons aveuglément comme modèle. Ce rationalisme à outrance et cette volonté de puissance qui dans leur forme exagérée isolent l’homme occidental de l’univers vivant et du reste du monde conçu uniquement comme objet de conquête, nous en avons souffert dans notre chair pour toutes ces guerres désastreuses et ces occupations asphyxiantes depuis plus d’un siècle qui nous sont imposées sans répit”
Francois Cheng, le dit de Tianyi, P96
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J’ai souvent l’impression que la pensée chinoise développe des idées (ou valeurs) qui sont atrophiées dans cette culture occidentale qui m’a fait grandir.
Parmi ces idées, la valeur des sens, des images, de la perception. Je crois souvent sentir une hypertrophie de la pensée mécanique, purement intellectuelle, presque dogmatique. Une belle illustration serait pour moi la question tibétaine, telle qu’elle est vue par tous ces francais que je croise. Pétris de droits de l’homme, ils partent immédiatement en croisade contre l’occupation chinoise, mais n’ont jamais visité le Tibet et n’ont apparemment rien lu d’autre sur la question que les rapports d’amnesty international. Ils ne connaissent rien à ce qui pouvait être la situation du Tibet avant l’annexation par la Chine, c’est-à-dire sous la férule des moines.
Ce qui me frappe c’est combien un occidental peut être pris par son idée , jusqu’à en négliger les sensations, l’appréhension du réel par des images fondées plutôt que par des prismes idéologiques.
Alors pour contrer cette idée voici une phrase d’Aristote que je trouve magnifique et qui montre qu’il n’en a pas toujours été ainsi en occident : « Mais puisque nul objet, semble-t-il, ne peut exister séparé des grandeurs sensibles, c’est dans les formes sensibles que les intelligibles existent, tant ce qu’on appelle « abstractions » que toutes les qualités et attributs des objets sensibles. Voilà pourquoi si l’on n’avait aucune sensation, on ne pourrait plus rien apprendre et comprendre ; et d’autre part, lorsque l’on pense, la pensée s’accompagne nécessairement d’une image, car les images sont en un sens des sensations, sauf qu’elles sont sans matière » (de l’Ame, 431b).
je recherche dans le Dit de Tianyi, mais j’ai l’édition de poche et la pagination ne correspond pas, semble-t-il… Peux-tu me dire de quel chapitre tu as tiré cet extrait ? Merci beaucoup d’avance !