Beaux Bouddhas
D’abord l’exposition “on the Nalanda Trail” à l’Asian Civilisations Museum de Singapour, que j’ai vue la semaine dernière.
Des pièces magnifiques, avec un parcours d’exposition donnant à imaginer ce que pouvaient être les pérégrinations (vers l’ouest) des moines chinois sous les dynasties wei et tang.
Deux choses m’ont marqué dans cette visite :
- Des représentations très anciennes du bouddha, dans lesquelles nous ne voyions que la chaise du bouddha, ou bien l’arbre de l’éveil, mais point de bouddha. En effet , ce n’est que plusieurs siècles après la vie de bouddha que l’on commenca à le représenter (au premier siècle de notre ère). Avant cela, il était toujours suggéré sous forme de vide, d’absence.
- Des calligraphies Tang absolument magnifiques ; d’un tracé tellement régulier que l’on visualisait le moine en train de copier ses sutras avec application. En voici deux :
Ensuite une mise en valeur, au Musée Guimet, des acquisitions des dix dernières années. Je suis allé voir l’expo aujourd’hui.
Voici un moine (parmi une paire), dont la sérénité était vraiment impressionnante ; ce recueillement qu’il évoque me semble atemporel ; un rayonnement qui n’a pas changé depuis mille ans qu’il tient cette position.
Moine assis formant le sceau ésotérique du “Recueillement sur le sinciput du Buddha” (Fobu xin sanmeiye yin) Chine, dynastie des Song du Nord (960-1127), Sculpture, bois laqué sur feuille métallique H. 69,5 cm
Voici la paire de moines (cliquer pour agrandir) :
Ensuite, un autre moine Chinois (c’est l’arhat Tâmrabhadra, en chinois danmoluo batuo luo), de la dynastie Liao (à l’époque Song, c’est à dire vers l’an mil de notre ère, mais plus au Nord Est de la Chine). En céramique, il était extraordinairement vivant. Haut de plus d’un mètre en position assise (c’est à dire à taille humaine réelle), il était concentré ; et c’était impossible d’accrocher son regard . Mais son humanité était frappante
Le revoici de plus près :
Vous pouvez les retrouver tous les deux dans la visite virtuelle du musée Guimet; au premier étage (section chine proche népal)
Merci Florent ! Etonnantes ces oreilles démesurées, y-a-t-il une explication à cette déformation qui semble volontaire ?
je crois que les grandes oreilles du bouddha sont un signe de son intelligence.
Mon grand père avait de très grandes oreilles (avec des touffes de poils qui en sortaient;-) , ce qui m’inspirait un terrible respect !
c’est drôle car ces oreilles sont démesurées comme tu le dis, mais cela ne m’apparait pas du tout artificiel ; je trouve que le personnage reste très vraisemblable malgré tout…
Avez-vous des reproductions des bouddhas-absents de l’exposition de Singapour ?
heu, non je n’en ai pas ; il faut chercher des statues ou représentations datant d’avant le premier siècle de notre ère ; je me souviens à l’expo de trois choses :
- un bas relief avec l’arbre de l’éveil ; des choses autour mais personne au dessous.
- une sculpture avec des fleurs de lotus autour d’un trône vide
- un temple sculpté, dont on pouvait voir l’intérieur, mais qui n’avait rien dedans.
trois pièces très intéressantes ! (toutes provenant d’inde)
vous pouvez regarder ce lien
http://www.ancientindia.co.uk/buddha/explore/pil_b1.html
(on voit une empreinte de pied du bouddha, il y en avait plusieurs à cette exposition de singapour)
l’image ne me semble pas très claire ; je vois deux empreintes de pieds sous le petit monument, et gravé sur le monument un 8, symbole d’éternité. Et vous ?
Merci. Je connaissais les empreintes de pieds de Bouddha grâce aux monastères de Kyoto. Il y a un bon article sur la question dans http://fr.wikipedia.org/wiki/Art_bouddhique.
C’est très intéressant ce passage de la symbolisation à l’image de bouddha, à la nécessité d’établir un miroir entre l’individu et le concept. On retrouve la même question dans le judéo-christianisme. Ce passage à l’image trouve un corrollaire dans la démultiplication des bouddhas (comme dans celles des saints catholiques) pour faciliter l’assimilation et l’appropriation des concepts par tout individu.
Et aujourd’hui où nous sommes suralimentés en images, casserons-nous les idoles ?
Toujours est-il je suis aussi ému par la vue d’un autre moi-même (surmoi) en la personne d’une statue de Tâmrabhadra.