Pourquoi ce blog ?
Cette question m’est revenue, non pas d’elle même spontanément, mais alors que je lisais un texte de Marcel Granet qui donne la réponse ! Ce texte date des années 1920 ; il est extrait de “quelques particularités de la langue et de la pensée chinoises.”
Voici donc ces lignes d’un grand sinologue dont je partage les motivations, à défaut de partager le savoir…
J’ai hésité à publier d’abord ces notes en français : la matière en est
délicate ; il se peut que bien souvent j’aie vu faux, ou à côté, ou de façon trop absolue ou trop étroite. Pour les Chinois, puisqu’il importe d’éveiller leur curiosité et leur réflexion, une formule trop brutale, une affirmation aventurée, ou insuffisamment rigoureuse peuvent présenter moins d’inconvénients qu’elles ne porteront de fruits. Mais je ne voudrais pas qu’un Occidental se trompât sur ce que ce travail peut avoir de provisoire. Ce qui m’a décidé, c’est que le publier est le seul moyen d’y faire apporter les retouches et les rectifications dont il a besoin. Enfin, il faut bien commencer : cette réputation d’imperméabilité, qu’on a faite à la langue et à la pensée chinoises, est, pour les études sinologiques, le plus grand danger ; ces études ne se poursuivront méthodiquement que si elles cessent d’être l’apanage d’un corps trop étroit de spécialistes ; il convient qu’elles appellent sur elles le contrôle du plus grand nombre possible de gens avertis et renoncent enfin au prestige du mystère. Je me risque donc à pénétrer dans cette caverne sacrée où l’on a logé les idées chinoises — afin de montrer au moins qu’elle n’est pas hermétique, et quitte à n’y être guidé que par une lumière insuffisante.
Renonçons donc au prestige du mystère et parlons de ces choses là ! Entrons dans la caverne sacrée !