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Haut contexte ; bas contexte

2008 juillet 2
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Posted by florent
Si j’avais 5 années de libres, je ferais de l’anthropologie. Une amie en fait à Hong Kong et la matière me semble passionnante. Alors parlons en quelques minutes.


Hier j’étais à un dîner débat sur le thème “négocier en Chine”. Un conférencier chinois a évoqué la différence entre les cultures à haut contexte et à bas contexte (High Context/Low Context). Le chinois serait à haut contexte (beaucoup d’implicite, de symboles) alors que l’américain serait à bas contexte.
Et le francais ? Entre les deux selon ce conférencier.



Alors aujourd’hui j’ai un peu cherché à comprendre ces deux notions en me renseignant sur leur inventeur : Edward Hall. (Cet américain est surtout connu pour ses idées sur la proxémie : la distance de confort entre les corps, qui varie selon les cultures.)

Le thème du haut/bas contexte a été beaucoup exploré au Japon. Il aide aussi à comprendre les différences culturelles avec la Chine.

Explorons ce thème, avec ses implications (modes de relation, travail, individualisme) et deux vidéos.


Un langage chargé de contexte, c’est qu’il ne dévoile pas tout par les mots. Il y a comme une immense partie de l’iceberg cachée, et révélée par des signes qui ne sont pas des mots :

 

Le mot chinois de 含蓄 hanxu exprime très bien cet implicite, cette manière de ne pas tout dévoiler. Il comporte étymologiquement les notions de garder en soi, de laisser mûrir. On peut l’opposer à ce mot anglais de “transparency”, si valorisé par nos amis américains.

Chine, Japon, pays arabes (et France selon E Hall) sont des cultures à haut contexte. On y entretient des relations étroites et dans la durée. Le groupe et la famille sont importants. On pratique le langage allusif, on utilise le silence pour dire quelquechose. On s’appuie dans le discours sur un arrière plan (histoire, culture, liens sociaux) partagé et implicite. 

Alors que dans des zones à bas contexte (Scandinavie, Allemagne, Suisse, USA, Canada) le fonds culturel est moins partagé par tous ; on a plus besoin d’expliciter les choses, d’utiliser les mots pour clarifier. Une culture à bas contexte contient souvent plus de diversité, elle est régie par des règles publiques. Elle entretient un rapport au travail très focalisé sur la tâche. Le travail est vu en séquence ; on divise les responsabilités.
 
Si l’on revient aux cultures à haut contexte, le travail est plus fonction des relations et de l’autorité que de la tâche. On parlera des buts plus que des solutions. On insistera plus sur la relation qui se construit que sur les échéances de réalisation des tâches.

Des exemples de lieux à haut contexte : la soirée d’une bande d’amis, un restaurant trois étoiles au Michelin, une petite congrégation religieuse, le café du coin et sa clientèle régulière.

Des lieux à bas contexte : Un aéroport, une cafétéria, un sport avec des règles précises.

Le besoin individuel d’espace est plus grand dans une société à bas contexte ; on y valorise plus la liberté individuelle. Inversement, le collectif est très influent dans une société à haut contexte. La notion d’auteur (et de propriété intellectuelle) y est moins importante. Nous avions vu cette faible sensibilité chinoise à la copie avec l’histoire de la Rolex.


Voici une vidéo américaine de trois minutes, très simple, sur le sujet :

alt : http://www.youtube.com/v/8tIUilYX56E&hl=fr
Pour ceux que cela intéresse, voici une vidéo plus longue, en anglais toujours, sur le “high context” chinois et ses implications dans la négociation entre occidentaux (surtout américains) et chinois. C’est un universitaire de Berkeley qui parle lors d’un campus organisé par Google.

alt : http://www.youtube.com/v/LMsatIxZbOk&hl=fr
Il y a plusieurs erreurs dans la vidéo :
- La mention du mot chinois 谈判 tanpan, qui est généralement traduit par “négociation” mais qui signifie plutôt “discussion” selon l’auteur, alors que littéralement, une “discussion 谈 pour trancher 判” est bien une négociation.
- La “face” est mentionnée sous le nom de Manzi alors que c’est Mianzi 面子.
- Le proverbe 不打不相识 (si on ne se bat pas, on ne se connait pas) est mal orthographié : 不打不相悉 est incorrect.

Je termine ce billet par une question : La culture chinoise est clairement à haut contexte, et l’américaine à bas contexte.

Comment se situe la culture Française de ce point de vue-là ?
Allez, risquez vous !

24 Réponses Leave One →
  1. Liu permalien
    juillet 2, 2008

    C’est intéressant. Peut-on dire que le langage est l’expression de la culture ?? Les pays d’Amérique du Sud, l’Espagne doivent sans nul doute représenter des cultures à haut contexte, non? Si l’on considère que la hauteur du contexte de la culture d’un pays est liée à son passé, à son Histoire, alors cela ne m’étonne pas que la culture des E.U. est à bas contexte. La France a un passé très riche, il est donc facile de placer sa culture à haut contexte. Que penses-tu de ce raisonnement simple mais efficace ? :p

  2. Anonyme permalien
    juillet 2, 2008

    Et les anglais ?
    Je trouve qu’il y a beaucoup de similitudes entre l’anglais et le chinois. Surtout pour leur utilisation de mots très courts (mono ou bi-syllabiques) ?
    J’aurais tendance à dire que les britanniques ont une culture à haut contexte, mais pourtant ils partagent la même langue que les amériacains !
    Mais je suis peut-être en train de tout mélanger, langue et culture …
    Catherine

  3. Anonyme permalien
    juillet 3, 2008

    (par rapport à ce que dit Liu)
    Oui, un long et riche passé pourrait influencer l’”épaisseur” du contexte spirituel, ça veut dire que quand on parle, on fait référence, explicitement et implicitement, aux beaucoup de bribes, d’anecdotes, qui se sont distribués sur la longue “rivière” d’histoire.

    En Chine, il y a eu tous ces grands penseurs taoïstes ou confucianistes qui nous ont dit de se retenir dans la parole, de réfléchir “à trois reprises” avant de réagir (三思而后行), 言多必失 (parole – beaucoup – certainement – perdre), etc., donc les Chinois sont éduqués et influencés par tout ça. MAIS, remontons la source: pourquoi ils nous éduquent ainsi? En occident (ou dans une civilisation précise), les penseurs de la même époque pensaient autrement ou donnaient des instructions similaires?

    (j’espère être claire …)
    jade

  4. Anonyme permalien
    juillet 3, 2008

    sarko qui dit “pauvre C.” au paysan, c’est bas contexte

    starbucks qui n’arrive pas à implanter ses cafés à paris sans comprendre pourquoi, c’est haut contexte
    mondovino qui se plante au languedoc (globalisation contre terroir), c’est haut contexte.

  5. Anonyme permalien
    juillet 3, 2008

    Le contexte est tres importante pour nous. Nous avons une culture riche et une longue histoire de la litterature. Quand les leaders chinois disent quelques poemes, les medias les commentent diversement.
    Flora

  6. Anonyme permalien
    juillet 3, 2008

    Il y a une histoire pour enfants avec cette recommandation “tourner trois fois sa langue dans sa bouche avat de parler”.

    A mon avis il y a :
    - un socle commun à toute l’humanité
    - une construction séparée par chaque groupe humain (comme les langues)
    - mais des échanges tout au cours de l’histoire, et cependant des différences irréductibles (et notamment entre chinois et français)

    Difficile de retrouver ses petits dans ce complexe ensemble.

    dou

  7. Anonyme permalien
    juillet 3, 2008

    Culture et langue sont tellement liées !
    Edward Hall présuppose que la culture EST communication, ce en quoi j’ai plutôt du mal à le suivre.
    “Culture is communication and communication is culture” (Hall, 1959)

    Pour répondre à Liu : oui, Amérique du Sud et Espagne sont considérés à haut contexte.
    Par contre pas tout à fait d’accord pour dire que qu’une longue histoire produit à elle seule une culture à haut contexte.
    Prenons l’Allemagne qui a une longue histoire, et pourtant figure dans les cultures à bas contexte. Pourquoi ? Je pense que c’est parce que le langage a une valeur sacrée en Allemand. Il est très normé, et on lui accorde un crédit énorme. Voir tous les grands philosophes allemands (souvenons nous de Kant qui refusait l’idée de mentir, même pour sauver la vie d’un enfant, car mentir c’est discréditer la parole et donc tout l’édifice de la Justice qui repose sur la parole).
    Donc l’histoire joue un rôle, oui certainement, mais le crédit plus ou moins fort que l’on donne culturellement à la parole joue aussi un rôle je pense. Cela rend une culture plus ou moins explicite (bas contexte).

    Pour Catherine : Oui , les anglais sont considérés comme moyen-haut contexte (plus haut que la France mais moins haut que l’Italie), alors qu’ils partagent presque la même langue que les américains. La différence saute aux yeux quand on regarde un film anglais et un film américain!
    Les cultures à haut contexte produisent facilement de l’humour (anglais, chinois, français… L’humour japonais est encore impénétrable pour moi. Par contre le manque d’humour allemand ou américain m’apparaît bien, mais tout est relatif hein ?)

    Pour jade, c’est difficile de dire si nos anciens nous ont demandé de l’ouvrir ou de la fermer (je parle de notre bouche, j’utilise une langue à haut contexte ;-) ))
    Dans la bible par exemple : on a ces appels “proclamez la bonne nouvelle : Jésus est Ressuscité”. Cette injonction semble favoriser des cultures à bas contextes (protestants?), fondées sur une langue explicite. Citons aussi le rôle majeur des prophètes (qui parlent et annoncent), ainsi que le fait que Dieu soit nommé le Verbe.
    Mais dans la bible aussi on trouve cette idée de tourner 7 fois la langue dans la bouche…

    Voir un article sur le mot hébreu « dabar », qui désigne à la fois la parole et le sujet de la parole.
    http://www.interbible.org/interBible/ecritures/mots/2002/mots_020419.htm
    De cet article je conclus timidement que la bible accorde un crédit important à la parole, favorisant ainsi l’émergence de cultures à bas contexte.

    Pour Jade et Flora : Oui, indéniablement la culture chinoise est à haut contexte. Vos exemples sont très parlants (un poème commenté à l’infini). La phrase de Deng Xiaoping “peu importe que le chat soit noir ou gris, pourvu qu’il attrape la souris” n’est elle pas à haut contexte ? Seul le contexte de l’époque et du lieu où il l’a dite (au sud de la chine) permet de la comprendre.

    Alors qu’en France, on trouve des cas un peu contradictoires, comme montré par Anonyme (je rajouterais l’exemple de la liste électorale “Pêche Chasse et Traditions” (à haut contexte), et du Gaullisme (à bas contexte ?). L’idée républicaine par exemple, avec l’égalité des droits, me semblerait plutôt à bas contexte.

    PS1 : Merci Catherine pour le lien youtube ;-)

    PS2 : voici encore une page en anglais qui parle d’une culture française à haut contexte (comme la culture chinoise)
    http://www.via-web.de/273.html

    et une autre page où l’on trouve cette amusante phrase d’un japonais à un américain :
    “We are a homogeneous people and don’t have to speak as much as you do here. When we say one word, we understand ten, but here you have to say ten to understand one.”
    http://www.marin.edu/buscom/index_files/page0009.htm

    Florent

  8. Anonyme permalien
    juillet 3, 2008

    a propos d’humour japonais, j’ai lu aujourd’hui cette blague, dont on ne sait si elle est véridique.

    IBM envoie un fax à son fournisseur japonais qui lui fabrique des composants “we will accept 3 defective components for every 10000 components produced.”
    Quelques semaines plus tard, une lettre de la société japonaise accompagne le bon de livraison pour les composants commandés :
    ” We, the Japanese people, had a hard time understanding North American business practices. But the three defective parts per 10,000 have been separately manufactured and have been included in the consignment. Hope this pleases you”

    ;-) )

    (d’autres blagues ici :
    http://florent.blog.com/479493/

  9. Anonyme permalien
    juillet 4, 2008

    Notons ce passage de “robinson à pékin”, livre d’éric meyer (je ferai prochainement un billet dessus)

    ce passage donne je crois une bonne idée d’environnement à haut contexte :

    “D’antichambre du pouvoir en chambre d’échos, de Chambellan en “deuxième chien” (er gouzi : nom argotique de l’indicateur de police), de Zhong Nan Hai jusqu’à la rue, les messages de l’empereur se répercutent à l’infini. Ils perdent un peu de sens à chaque rond dans l’eau, se chargent d’interférences au point de ne plus être transmis que par l’utilisation de symboles précieux. Un peu comme chez Dame Murasaki Shikibu, romancière japonaise du Xe siècle, pour qui le papier huilé aux fenêtres d’un pavillon “signifiait” les émois d’une belle, et pour qui les manches d’un kimono trop longues, au delà de la main, en traduisaient les chagrins d’amour !”

    Florent

  10. Anonyme permalien
    juillet 7, 2008

    Intéressant post.
    Je ne vais pas partir dans le discours « la langue façonne la mentalité d’une population » ou dans l’autre « La langue est le reflet de la mentalité », juste quelques remarques sur la langue chinoise certainement en rapport avec ce message.
    L’absence d’une grammaire sophistiquée (sans temps, genres, conjuguaisons, catégories grammaticales fixes, verbe être (是 n’est pas vraiment le verbe être ),etc…) joue certainement un rôle dans ce haut contexte à l’inverse d’une langue qui comportera une complexité grammaticale et entraînera une précision dans le discours.
    N’oublions que le oui et le non n’existe pas en chinois même si on peut le remplacer par la reprise du verbe ou de l’adjectif ‘ avec ou sans négation) et que c’est un facteur supplémentaire à prendre en compte.
    http://silouane.blog.lemonde.fr/

  11. Anonyme permalien
    juillet 7, 2008

    oui silouane, on peut tenir votre raisonnement pour l’allemagne (une langue très flexionnelle, à déclinaisons, qui donne lieu à une langue précise et à une culture à bas contexte). Maintenant le lien entre pensée et langage ressemble beaucoup à celui de la poule et de l’oeuf.
    Voir les 2 posts sur l’abstraction pour s’en convaincre.
    http://florent.blog.com/2276445/ (premier post)
    http://florent.blog.com/2318852/ (second post)

    Sinon je colle ici le compte rendu du diner-debat à partir duquel j’ai construit ce billet :

    Florent

    ============================================
    Compte rendu du dîner débat – 1 juillet 2008

    Un diner-débat, organisé par le Club Chine Présent et Avenir et la société Demos consacré aux méthodes de négociations des Chinois s’est déroulé le 1er Juillet 2008 et rassemblait une cinquantaine de participants.

    Après une rapide présentation de la société Demos par M. Dai SHEN, Conseiller du Président pour le Développement Asie, Une première présentation était assurée par M. Ta-wei CHAO professeur invité à l’ESSEC. M. CHAO a partagé avec ses auditeurs les résultats de ses recherches consacrées aux négociations entre Occidentaux et Chinois.

    Les trois points suivants ont été développés :

    1) Au-delà des difficultés liées à l’utilisation d’une langue étrangère, la communication entre Chinois et Occidentaux souffre de l’absence d’un langage non verbal commun. Un oui, même prononcé, peut ne pas un être un oui ferme et définitif pour les Chinois.

    2) L’importance du groupe ne peut être sous-estimé en Chine, le Chinois est une langue dite de high context, pour reprendre la terminologie de l’anthropologue américain Edouard Hall ; les déclarations des membres du groupe ne peuvent être appréhendées en dehors du contexte dans lequel elles se situent et à ce titre portent en elles beaucoup de non-dit, tandis que les cultures occidentales seraient pour la plupart (à commencer par la culture américaine) des cultures dites de low context ou le sens dépend moins de l’environnement que de ce qui est explicite.

    3) Les Occidentaux et les Chinois ont une appréhension divergente de ce qu’est la stratégie et de ce à quoi elle peut servir dans le cadre de négociations commerciales. Les Chinois baigneraient culturellement dans une culture stratégique depuis leur plus tendre enfance, culture symbolisée par la popularité d’ouvrages tels que L’Art de la guerre de Sun Tzu (孙子兵法) ou Les 36 stratagèmes (36计), un ouvrage vraisemblablement écrit pendant la dynastie des Ming (1366 à 1610) compilant une série de manœuvre stratégique visant à remporter la victoire, tandis que les pays occidentaux, handicapés par leur culture chrétienne, peineraient à aborder sans fard les questions stratégiques.

    Une deuxième présentation, consacrée à l’étude d’un cas concret de négociation réussie avec les Chinois a été proposée par Bernard Monnier, consultant Chine.

    M. Monnier a présenté le cas d’une PME française dans le domaine de la chimie souhaitant exporter ses produits en Chine. L’intervenant ainsité sur l’importance de la phase de préparation, qui ne saurait être surestimé. Il convient de choisir avec soin ses partenaires en Chine sur la base de toutes les informations disponibles. Une étude de marché et plusieurs déplacements préliminaires sont à effectuer. Lors de la phase de réalisation du projet, et singulièrement lors des négociations avec la partie chinoise il convient de faire table rase de ses préjugés et chercher à s’adapter à la situation, sans plaquer des schémas, ou chercher à actionner des « clés » pour ouvrir des serrures qui donnerait un accès immédiat au sésame que serait lel marché chinois. A l’aide du philosophe François Jullien, l’intervenant souligne au contraire la nécessaire souplesse dont doit faire preuve l’Occidental en Chine qui doit admettre qu’il n’existe pas de « rapport immédiat » entre une situation donnée et sa solution.
    En conclusion, et comme l’intervenant précédent, Bernard Monnier a insisté sur le très grand savoir faire des Chinois dans le domaine des négociations commerciales et leur très grande subtilité psychologique.

    Une troisième présentation effectuée par Bruno Lefébure, avocat associé au cabinet BIGNON LEBRAY & ASSOCIES était consacré à la dimension juridique des négociations entre Occidentaux et Chinois.

    Bruno Lefébure a présenté la Chine comme un « champs de mine » juridique, qu’il faut pourtant traverser. Me Lefébure n’a eu de cesse d’insister sur la nécessité de protéger ses intérêts au moment d’aborder le marché chinois, par exemple en signant, avant même le démarrage des négociations, un accord de confidentialité. Il a par ailleurs été rappelé que la Chine est un état de lois mais pas un état de Droit. De nombreuses lois sont aujourd’hui adoptées, mais souffrent parfois de difficultés de mise en œuvre liées à des interprétations divergentes à l’échelon local et à l’échelon national par exemple. Par ailleurs certains décrets d’application prennent parfois plusieurs années avant d’être établis.
    Dans un tel cadre il est donc difficile de s’en remettre à des solutions toutes faites, par exemple en ayant recours à des contrats types, disponibles sur Internet. Un contrat sur mesure se doit au contraire d’être rédigé, si possible avec l’aide d’un conseil juridique.

    Me Lefébure a ensuite abordé la question des Investissements Directs Etrangers (IDE) en Chine.
    Selon Me Lefébure, investir en Chine est « un parcours semé d’embûches ». Les IDE en Chine sont aujourd’hui encadrés par une réglementation de plus en plus foisonnante et les sujets de discorde entre partenaires chinois et occidentaux ne manquent pas. C’est la raison pour laquelle, les investisseurs aujourd’hui préfèrent éviter les Joint-Ventures et investir seuls. Par ailleurs, un nouveau catalogue des Investissements étrangers vient d’être établi (rendu public le 31 octobre 2007) par le gouvernement chinois auquel il est impératif de se référer.

    Emmanuel DUBOIS
    Journaliste

  12. swords permalien
    juillet 7, 2008

    Intéressant. Cela aurait donc une incidence sur l’efficience? Je serais curieux de savoir ou se situent Malte, Philippines et Thailande (high context?) La France? haut contexte (le réseau, le “mandarinat”..) ms forgée ds la pensée GL.

    Au demeurant j’ai été frappé par le fait qu’on dénote les caractéristiques du “haut contexte” et du “bas contexte” sans en définir explicitement le concept (occidental?), pas même les entrées alors que la pensée occ. procède de façon thématique et ‘segmentée’. Et je me demandais aussi si des langues analytiques comme le Ch. ou l’Anglais avaient plus naturellement propension à se dvper dans des cultures à haut contexte, là où le contexte tait le superflu oral (sans doute cela doit rejoindre Catherine et Silouane).

  13. juillet 8, 2008

    Merci beaucoup Florent pour ce billet !
    Cela donne une base scientifique a une idee que je ne faisais que sentir jusqu’ici, sans pouvoir la formuler, a savoir l’impossibilite pour le chinois de s’imposer a terme comme langue de communication internationale.
    Comme le disent les commentaires, l’anglais serait a haut contexte alors que l’americain ne le serait pas. Autrement dit, le bas contexte s’imposerait a une langue utilisee par un agregat de populations aussi divers que celle des Etats Unis, et le rendrait aisement utilisable au dela des frontieres. A contrario, une langue a haut contexte comme le francais ou le chinois serait destinee a definir l’identite d’une communaute donnee, et donc ne serait par nature pas destinee a la communication au dela de ce groupe.

  14. Anonyme permalien
    juillet 8, 2008

    Oui édouard ; cette notion est vraiment très éclairante pour moi aussi.

    Oui, j’ai peu insisté dans le corps du billet sur la notion de territoire, mais elle est très importante aussi. Une culture à haut contexte est généralement un univers un peu fermé ; dans lequel il y a ceux du dehors et ceux du dedans. Les frontières sont importantes.
    Et effectivement pour reprendre l’exemple de starbucks à paris cité plus haut : les francais aiment leurs bistrots en zinc, sans trop pouvoir dire pourquoi (c’est implicite). Quand un américain vient avec des gobelets verts en carton ; on aime pas ; cela vient du dehors et on le rejette. J’aime tourner ma mini-petite cuiller dans ma tasse en “dur” ; c’est comme ca et rien ne m’enlèvera ce plaisir du matin.
    Quant à dire que le chinois ne pourrait s’imposer comme langue internationale, ce n’est pas évident tout de même. Tout dépend de l’attractivité du chinois. C’est une langue difficile car il faut rentrer dans l’histoire, saisir lentement tout le contexte des expressions (chengyu et autres allusions); Mais si l’on est motivé (ce qui est mon cas) c’est possible ! Donc je suis d’accord avec toi dans l’hypothèse d’une langue chinoise qui n’attire pas les foules. Mais le nombre d’étudiants en chinois est en explosion me semble t il (30 millions aujourd’hui; 100 millions dans quelques années). De manière générale une langue à haut contexte aura du mal à devenir véhiculaire (ou fédératrice), mais la situation de la chine me semble particulière par rapport à cette règle générale.

    Pour swords : bienvenue par ici ! J’étais très admiratif de tes commentaires sur le blog du monde.
    Tes questions sont difficiles. Pour poser les fondements du concept, je te propose de lire les liens wiki (mais c’est un peu pauvre) ou bien de surfer un peu. Mais ce concept est souvent décrit de manière impressionniste (des touches de peinture qui donnent de la lumière) plutôt que de manière scientifique dans ce que j’ai pu lire. Edward Hall a beaucoup travaillé avec des populations indiennes d’Amérique. Il faudrait voir quelles expériences concrètes il a menées pour quels résultats.

    Pour la Thailande (où j’ai vécu un an), on parle d’un “haut contexte” me semble t il
    Voici un papier qui le confirme et fait le lien avec les technologies de l’information.
    http://jcmc.indiana.edu/vol10/issue4/sarker.html
    (pour édouard on y parle de “interpretive barrier” (Sole & Edmondson, 2002)), une idée qui te plaira !

    Un autre lien confirme la Thailande à haut contexte en la comparant à la Norvège :
    http://conferences.arts.usyd.edu.au/viewpaper.php?id=23&cf=3

    Un papier court mais intéressant sur la thailande :
    http://macedondoc.blogspot.com/2008/01/thailand-land-of-smiles-and-commerce.html

    je reviendrai pour poursuivre ; c’est très intéressant !
    Florent

  15. Anonyme permalien
    juillet 8, 2008

    Témoignage d’une amie enseignante dans le XVIIIe à paris : Elle voit qu’un enfant d’origine africaine a des difficultés à prendre la parole et à s’exprimer. Elle fait la remarque à la maman “mais vous devriez parler à votre enfant. Il faut beaucoup lui parler!” Et la mère de répondre : “c’est la première fois qu’on me dit cela ! Je ne l’avais jamais entendu”

    Effectivement la relation mère-enfant passe par plus ou moins de parole selon les cultures. Mais elle est toujours forte : simplement il y a plus ou moins d’implicite dans cette relation.

  16. Anonyme permalien
    juillet 8, 2008

    Pour swords suite

    J’ai regardé malte qui semble aussi être une culture à haut contexte

    http://www.um.edu.mt/noticeboard/lauramb.ppt

    ces trois proverbes maltais le montrent :

    “”"

    It’s not what you know but who you know

    Malta is small and its people well-known

    It is better to have a friend in the market than money in your coffer.

    “”"

    sinon un papier intéressant sur la face et le haut contexte (dans une perspective “recrutement online” et Chine)

    http://www.onrec.com/newsstories/16057.asp

    Je suis d’accord avec beaucoup des affirmations, mais je suis étonné de noter que l’auteur considère les anglais comme d’une culture à bas contexte. J’avais noté l’inverse.
    Sur l’idée qu’une personne “low context” soit plus calme en réunion, je ne suis pas d’accord. Pas d’accord non plus sur la phrase :

    “someone from a low context culture (recently hired) needs to establish a level of trus before he can begin to share information.”

    Sur les Philippines, un témoignage sur le blog d’un professeur américain vivant là bas, qui indique une culture à haut contexte

    http://nyount.blogspot.com/2006_04_01_archive.html

    Très concrèt et intéressant

    Swords pourquoi qualifies tu la langue chinoise d’”analytique” ?

    Prenons du recul maintenant. Je me demande un peu si cette distinction “high context – low context” (qu’il faut plutôt voir comme un continuum que comme deux catégories) ne serait pas une simple mesure par les américains du degré de “pénétrabilité” d’autres cultures ? High context = difficile à pénétrer. Low context = facile à pénétrer.

    Au fond n’y a t il pas une vision occidentale (comme le sous entendait Swords si j’ai bien compris) à ce concept ?

    Il me semble que high low context présuppose une vision de la diversité culturelle comme obstacle à la communication. (on en revient à cette phrase de Edward Hall qui me choquait : la culture est communication et la communication est culture). C’est une vision particulière, engagée, à laquelle on n’est pas obligé d’adhérer.

    cela est très touffu et riche ; je vais sans doute faire d’autres billets là dessus (notamment sur l’analyse entre Thais et Américains mentionnée plus haut)

    qu’en pensez vous ?

    Florent

  17. swords permalien
    juillet 13, 2008

    Florent, merci pour ces commentaires et ces liens! Je suis heureux d’avoir découvert ton blog et tes billets très riches. Je n’ai pas encore eu le temps de faire des recherches sur Edward Hall, qui est un personnage intéressant. Pour Malte les Philippines et la Thailande ce sont des cas qui m’interpellent car des exemples crus de syncrétismes.

    En fait le terme d’analytique renvoie à de la typologie morphologique. Selon la définition qu’en donne wiki.en, ce sont “des langues qui utilisent des mots uniquement composés de morphèmes”, et selon wiki.fr “des langues dans lesquelles les mots ont tendance à être invariables”. En somme le contexte est plus important chez ces langues, qui sont moins “explicites” que les langues synthétiques. Ceci dit il faudrait que je creuse encore.

    Je pense que dans le fond ce concept est intéressant mais trop ‘occidental’. par exple la culture espagnole même si à haut contexte est relativement aisément intégrable, pour un français. d’après un ami, ‘va te faire cuire un oeuf’ se dirait en esp. ‘va te faire frire des asperges’, d’où mon propos. De façon génrale je suis perplexe quant à classer et ordonner de manière précise les cultures selon leurs degrés de pénétrabilité, puisque les entrées et paramètres de variation ne sont pas universels, mais c’est tout de même un débat vaste et attrayant.

    Libre à toi de poursuivre sur le sujet. Disons que j’y serai attentif. :)

  18. Anonyme permalien
    juillet 15, 2008

    d’accord swords, je comprends ce que tu voulais dire par langue analytique/synchrétique (je connaissais la distinction entre langue non flexionnelle ou flexionnelle : le chinois dont les mots-caractères ne varient pas dans la phrase est une langue non flexionnelle)
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Langue_flexionnelle

    Mais je fais moins facilement le lien avec le degré de contexte contenu dans la langue. Une langue flexionnelle (comme l’allemand avec ses déclinaisons) est elle nécessairement moins chargée de contexte qu’une langue sans flexions ?
    On ne trouve en europe que des langues flexionnelles, mais seules certaines d’entre elles sont à bas contexte.

    Alors que j’en parlais à un ami docteur en droit, il a illustré cette distinction par un droit écrit détaillé (anglo-saxon) par rapport à un droit fait de grands principes à appliquer par le juge (droit francais). Il a évoqué un événement récent en chine, qui montre la difficulté qu’éprouve une culture à bas contexte (USA) à entrer dans une culture à haut contexte (Chine) :
    Les américains ont investi des sommes et des moyens considérables pour convaincre les chinois d’adopter des mécanismes juridiques proches des leurs. Mais fort curieusement la Chine a récemment décidé d’adopter le système de notariat “à la francaise” (un notaire est une personne de confiance (=>haut contexte) capable d’authentifier des actes). Les francais étaient venus avec quelques grands principes (jugés archaiques par les américains) et très peu de moyens, mais ils ont tout de même convaincu les chinois.

    Mais en prenant du recul je te rejoins sur l’aspect shématique de la théorie. Effectivement, si ma proposition de “degré de pénétrabilité” était juste, cette manière de voir ne serait valide que d’un point de vue, le point de vue américain.

  19. juillet 18, 2008

    Merci Florent pour cet article très intéressant. Dans les commentaires, j’ai vu positionner le français comme une langue à haut contexte, ce qui m’étonne. En effet, je pense que notre langue est très loin du chinois sur l’échelle. Mais peut-être faut-il considérer que les qualifications de haut ou bas contexte ne puissent pas porter sur les langues mais plutôt sur les cultures ou modes de communication dont la langue n’est qu’un élément.

    Ceci étant dit, si l’on peut considérer que la culture française est plus contextuelle que celle de nos voisins anglais ou allemands, il reste que notre droit, nos modes de fonctionnement dans nos organisations (entreprises ou non) quant aux décisions et responsabilités nous ramènent vers la catégorie du bas contexte.

  20. juillet 18, 2008

    Suite à ton très intéressant article, j’ai fait un zoom sur les thématiques de mon blog en inciter bien-sûr mes lecteurs à venir te lire.
    Voir à l’adresse suivante : http://www.riskagora.net/?p=81
    Pour compléter les propos de La Chouette ci-dessus, on peut peut-être considérer que les cultures à haut contexte sont des cultures à faible contractualisation…? et où l’écrit de manière plus général est moins prégnant et moins engageant.

  21. Anonyme permalien
    juillet 24, 2008

    Je me suis souvent demandé si la bible était plutôt une oeuvre à haut contexte ou a bas contexte.
    L’ancien testament est clairement à haut contexte ; multipliant les références ; symboles et renvois croisés.
    Mais le nouveau testament ?
    Il me semble qu’il peut être les deux ; les catholiques étant restés dans une logique de haut contexte (basée sur la théologie et l’interprétation des textes) alors que les protestants restaient plus proches de la parole; comme si c’était une révélation explicite à prendre telle qu’elle.

    Voici une référence qui me semble être à haut contexte : Jésus y explique pourquoi il parle par paraboles :
    “”"
    Evangile de saint Matthieu 13,10-17.

    Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » Il leur répondit : « A vous il est donné de connaître les mystères du Royaume des cieux, mais à eux ce n’est pas donné. Celui qui a recevra encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a. Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, qu’ils écoutent sans écouter et sans comprendre. Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe :Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas.Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. Le coeur de ce peuple s’est alourdi :ils sont devenus durs d’oreille,ils se sont bouché les yeux,pour que leurs yeux ne voient pas,que leurs oreilles n’entendent pas,que leur coeur ne comprenne pas,et qu’ils ne se convertissent pas.Sinon, je les aurais guéris ! Mais vous, heureux vos yeux parce qu’ils voient, et vos oreilles parce qu’elles entendent ! Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. “”"

    Et voici une référence qui me semble à bas contexte, du même évangéliste
    “”"
    saint Matthieu 10,24-33.

    Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. Le disciple doit se contenter d’être comme son maître, et le serviteur d’être comme son seigneur. Si le maître de maison s’est fait traiter de Béelzéboul, ce sera bien pire pour les gens de la maison. Ne craignez pas les hommes ; tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu. Ce que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits.”"”

    Bref, le nouveau testament serait à la fois haut et bas contexte, selon le degré de profondeur qu’on veut lui donner…

    Florent

  22. Anonyme permalien
    juillet 24, 2008

    Oui la chouette et damien ;-) on peut dire je crois que si la culture francaise est plutôt à haut contexte (nous nous sentons proches des italiens ou espagnols de ce côté là), le monde de l’entreprise est marqué par le bas contexte ; comme si c’était une importation. *

    D’où un certain tiraillement entre une transparence valorisée au travail et un cynisme présent dans les conversations politiques au comptoir…

    Florent

  23. Anonyme permalien
    juillet 24, 2008

    une scène de rue qui illustre bien le haut contexte :

    “Si je suis dans une rue, avec un rendez-vous important, et que je ne connaisse pas mon chemin, je vais aviser
    un autochtone et lui demander où est le bon immeuble (de préférence dans la langue locale). Si la personne
    connaît l’endroit, elle va me répondre sans ambiguïté en indiquant la bonne direction. Mais si elle
    n’en a pas idée, elle va tout de même me répondre quelque chose pour me faire plaisir, à seule fin de ne pas
    perturber l’harmonie qui doit présider à tout rapport humain. Jamais la personne ne dira “je ne sais pas”, car
    ce serait perdre la face. Mais si l’on vous dit “tout droit”, vous repérerez à des petits signes, à une certaine
    nervosité, à une déglutition, qu’on vous a envoyé un message d’apparence cohérente, mais irréaliste. Au
    fond, le langage du corps est plus important que le langage littéral “de bouche à oreille”.”

    http://www.etudes.ccip.fr/dossiers/inde-chine/CHINE_Comprendre-et-travailler-avec-les-chinois-penser-autrement.pdf

  24. Anonyme permalien
    juillet 30, 2008

    Une autre illustration de ce que le message biblique est plutôt à haut contexte : ste thérèse de l’enfant jésus écrit que

    “     Jésus est un trésor caché, un bien inestimable que peu d’âmes savent trouver car il est caché et le monde aime ce qui brille. Ah ! si Jésus avait voulu se montrer à toutes les âmes avec ses dons ineffables, sans doute il n’en est pas une seule qui l’aurait dédaigné, mais il ne veut pas que nous l’aimions pour ses dons, c’est lui-même qui doit être notre récompense.

          Pour trouver une chose cachée, il faut se cacher soi-même ; notre vie doit donc être un mystère, il nous faut ressembler à Jésus, à Jésus dont le visage était caché (Is 53,3)… Jésus t’aime d’un amour si grand que si tu le voyais tu serais dans une extase de bonheur…, mais tu ne le vois pas et tu souffres. Bientôt Jésus « se lèvera pour sauver tous les doux et les humbles de la terre » (Ps 75,10). “

    Florent

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