la Chine et l’idée de nation
Parlons aujourd’hui d’une intéressante conférence de Joël Thoraval sur le thème ethnies et « nation » en Chine. (la vidéo diffusée sur canal U dure une heure).
Le mot民族 minzu est récent (environ un siècle) et renvoie à trois idées en français : nation, nationalité, ethnie.
Du temps de l’empire, la nation n’existe pas en tant que telle ; tout est lié au mandat du ciel tenu par l’empereur. Les peuples ne sont pas des catégories fixes : on distinguait les Barbares mûrs 熟番 (c’est-à-dire civilisés, en bordure de l’empire et sensibles aux rites) et barbares crus : 生番. Selon le dicton : « Un barbare qui connaît les rites est un chinois ; un chinois qui ignore les rites est un barbare ».
La véritable réflexion sur la nation et les nations vient au moment de l’effondrement de l’empire, début XXe siècle) : l’idée de nation s’est bien développée au moment de l’amitié sino-japonaise (à l’époque de Luxun) : le mot chinois de 民族 Minzu est proche du minzoku japonais.
Joël Thoraval note une influence des théories raciales alors en vigueur en Europe sur les visions de lignée (les chinois descendant de l’empereur jaune) qui se sont alors développées en Chine. Mais il précise que la lignée est plus affaire de rites que de sang.
Les idées et discours staliniens ont aussi joué sur l’idée de Nation en Chine, dans les premières années de la république populaire. Les débats sur la notion de部族 « clan » par rapport à celle de民族 « ethnie » sont clos en 1962.
Curieusement les Hans échappent dans la chine moderne à l’analyse ethnologique. Seuls seraient étudiées les ethnies minoritaires (comme les Yi, les Yao) bigarrées et aux curieuses coutumes.