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Chloë Ascencio : Manager en Chine 6/10

2008 décembre 8
Posted by florent
Après le lexique de chinois des affaires, voici un livre sur la conduite des affaires en chine, plus précisément sur les enjeux managériaux pour des francais amenés à encadrer des chinois.

Le livre est intéressant ; j’ai rencontré Chloë Ascencio qui a une riche expérience en la matière (voir son site) ; elle s’appuie sur une étude réalisée auprès de salariés chinois de groupes Francais.

On y trouve des formulations très claires sur ces différences culturelles qui affectent la qualité de la relation de travail en Chine. Voir par exemple ces deux phrases sur la “face” page 24 (thème rebattu de la face, sur lequel j’étais resté plutôt confus) :

La notion de face en Chine renvoie à l’identité de l’individu qui est avant tout externe : je dépends des Autres pour savoir qui je suis. Mon entourage est un miroir qui évalue ma valeur personnelle qui est sociale. J’ai besoin que les autres me donnent de la face, donc je leur en donne et je protège leur face pour en recevoir en retour.

Cette formulation illustre bien à mes yeux ce que la “face” a d’intriguant pour nous français. Comment une identité peut elle être externe ?

Le livre développe un bon nombre de diagnostics et de recommandations sur ces “travers” francais d’une communication trop directe, d’un cloisonnement entre vie privée et vie publique, d’un manque d’intelligence de situation (contexte relationnel, individuel, collectif, hiérarchique à prendre en compte).

Le thème de l’empathie est abordé page 82, avant celui de l’écoute puis celui de l’implicite (communication indirecte, page 113).

Le livre est émaillé de propos de collaborateurs chinois recueillis par interviews. En voici un exemple :
On est un pays en développement. A cause d’une grande population et d’une forte concurrence dans tous les domaines, l’esprit n’est pas calme, beaucoup de chinois ont de mauvaises habitudes (égoïsme, matérialisme, c’est l’argent qui compte partout). Mais on est travailleurs et on a pas l’habitude de se plaindre.

On voit d’intéressantes idées, comme celle d’un “pseudo-actionnariat” : simulâcre de stock options (ce dispositif n’étant pas possible aujourd’hui) qui fidélise les employés.

L’auteur cite fréquemment des recherches plus académiques comme ici Trompenaars :
Le gestionnaire français se réfère plutôt à une culture tournée “vers l’intérieur” ou de “contrôle interne” selon Trompenaars : elle se place dans une perspective individualiste et implique l’idée que l’on peut transformer et contrôler l’environnement. L’individu prend des initiatives et des risques. Il modélise et gère l’environnement selon un planning. “Les managers tournés vers eux-mêmes ne sont jamais plus heureux que lorsqu’ils ont amené les autres à leur façon de voir. “. Le gestionnaire chinois se réfère plutôt à une culture tournée vers l’extérieur (“contrôle externe”) ; elle se fonde sur la communauté et suppose qu’on ne peut que s’adapter à l’environnement, exploiter le contexte mais pas le modifier. Le manager observe, reste à l’écoute des modifications et guette le moment où il pourra intervenir avec l’économie de ressources maximales. D’où sa capacité d’adaptation et de réactivité exceptionnelles.

Ces lignes me semblent très bien décrire une différence culturelle délicate dans un contexte de management.
On trouve à la fin du livre d’intéressantes analyses sur le conflit que vivent aujourd’hui beaucoup de chinois entre un individualisme (个人主义)  montant et les valeurs paternalistes confucéennes traditionnelles (忠孝 : fidélité et piété filiale).

Bref, un livre à lire !

9 Réponses Leave One →
  1. Anonyme permalien
    décembre 11, 2008

    Bonjour Florent. . As tu lu “La Chinafrique” de Serge Michel et Michel Beuret (Grasset) ? c’est aussi un livre sur le managment des chinois en Afrique et le développement exponentiel de leurs entreprises. Il illustre bien ce que tu relates plus haut.
    Autre chose : je tiens moi même un blog, et je me demande comment tu fais pour écrire en caractères chinois sur le tien. j’ai bien dans ma liste de polices de caractères chinois, mais je n’arrive qu’à lire, pas à écrire.
    Peux tu me dire ce qu’il faut faire ? Tu peut me contacter sur
    truffeetcompagnie.blogspot.com
    merci par avance. Tubermamie.

  2. Anonyme permalien
    décembre 11, 2008

    Supermamie, je n’ai pas lu ce livre mais j’en ai entendu parler.
    Pour l’affichage des caractères, il faut vérifier que l’hébergeur de ton blog affiche bien les caractères. Ce n’est pas toujours le cas. Je participe à un “forum chine” qui n’affiche pas les hanzi ! Un comble !

    Quelle est l’adresse de ton blog ?
    Florent

  3. Anonyme permalien
    décembre 12, 2008

    mon adresse est
    http://truffeetcompagnie.blogspot.com/
    Les choses concernant la Chine sont dans le libellé Chine’cin…. petit jeux de mot !
    Mais prends les calligraphies et le contenu en général pour un travail modeste ! je n’ai pas ton érudition……
    Bien amicalement.
    Tubermamie

  4. Anonyme permalien
    décembre 14, 2008

    Tubermamie, quand me feras tu nue petite visite ? Ca me ferait plaisir…. Il y a différents thèmes, il faut farfouiller…. Mais avec les libellés, on trouve vite ce que l’on cherche. A bientôt ?

  5. Anonyme permalien
    décembre 14, 2008

    Pour l’anonyme qui voudrait qu’on lui rendre visite : peut être faudrait il éviter de “partir sans laisser d’adresse ? “

    ;-)

    Florent

  6. Anonyme permalien
    décembre 14, 2008

    Désolée, je me suis mal exprimée; je répondais à la question précédente ! Bref l’anonyme, c’est Tubermamie……
    à qui tu m’as demandé de laisser mon adresse…..

    http://truffeetcompagnie.blogspot.com/

  7. Anonyme permalien
    décembre 14, 2008

    ah ok j’ai compris !
    je suis allé faire un tour rapide ; tu es une spécialiste de la truffe.

    Alors dis moi les truffes de chine sont elles si mauvaises qu’on le dit ?

    je passerai plus longtemps si j’ai un moment

    a+

  8. Anonyme permalien
    décembre 15, 2008

    Les truffes de Chine vendues en France sont des truffes immatures, parce que piochées et non cherchées au chien. J’ai fait divers articles, tu verras. L’un des derniers traite d’une publicité que m’a envoyé un négociant chinois qui me proposait des “truffes chinoises d’été lyophilisées” ! Whaou……
    Je parle dans un autre, pour les avoir cuisinées, des qualités gastronomiques de ce champignon. Car un chinois me demandait des recettes.
    C’est là qu’on voit le gouffre qui sépare nos civilisations réciproques et comme on a intérêt à communiquer !
    A part ça les articles touchant à mon intérêt pour la Chine sont dans le libellé : Chine’Qin – et tu peux m’envoyer un commentaire pour telle ou telle chose, car tu as des kms d’avance sur moi, au compteur n’est ce pas !
    cliquer sur “contact”.
    Bonne journée. Tubermamie

  9. Anonyme permalien
    décembre 24, 2008

    Très intéressant écart Europe-Chine.
    S’intéresser aux autres permet de se connaître soi encore mieux.
    Joyeux Noël à toute la famille !

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