S’aigrir pour des idées
(am)usé par les aigreurs des universalistes qui, agacés par les résistances chinoises et l’inertie du pays, essaient de “tirer sur l’herbe pour la faire pousser”, j’ai composé cette petite adaptation à partir d’un hymne du cher Georges.
S’aigrir pour des idées, l’idée est excellente
Moi j’ai failli maigrir de ne l’avoir pas eu
Car tous ceux qui l’avaient, multitude accablante
En hurlant au régime me sont tombés dessus
Ils ont su me convaincre et mon verbe insolent
Abjurant ses erreurs, se rallie à leur foi
Avec un soupçon de réserve toutefois
M’aigrir pour des idées, d’accord, mais doucement,
D’accord, mais doucement
Jugeant qu’il n’y a pas péril en la demeure
Allons vers l’autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l’allure, il arrive qu’on pleure
Pour des idées n’ayant plus cours le lendemain
Or, s’il est une chose amère, bonnes gens,
En rendant l’âme à Dieu c’est bien de constater
Qu’on a fait fausse route, qu’on s’est trompé d’idée
M’aigrir pour des idées, d’accord, mais doucement
D’accord, mais doucement
Les universalistes, qui accablent la Chine
Le plus souvent, d’ailleurs, s’engraissent ici-bas.
Attendre que le pays, leur courbe bien l’échine,
C’est leur raison de vivre, c’est cela leur choux gras.
Dans leur belles certitudes, ils pensent intensément
Niant l’altérité, jouir de l’ubiquité
J’en conclus qu’ils doivent se dire, en aparté
“M’aigrir pour des idées, d’accord, mais doucement,
D’accord, mais doucement”
Des idées réclamant le vieux bouc émissaire
Le bouc montré du doigt, celui qui fait le mal :
« C’est d’la faute du Parti, monsieur le commissaire
Destituez moi çà, partons tous en cabale !
Je ne suis pas chinois, mais je suis convaincant,
Ne les écoutez pas, on ne sait pas s’ils pensent
Haro sur le baudet, tapons lui sur la panse ! »
S’aigrir pour des idées, d’accord, mais doucement,
D’accord. mais doucement.
Encor s’il suffisait de quelques négritudes
Pour qu’enfin on le prouve, qu’enfin cela se sache
Depuis tant d’impatiences, sous toutes latitudes
Démocratie enfin, même chez les apaches
Mais l’âge d’or sans cesse est remis aux calendes
Les droits ont toujours soif, n’en ont jamais assez
Et c’est l’aigreur, l’aigreur toujours recommencée
S’aigrir pour des idées, d’accord, mais doucement,
D’accord, mais doucement.
O vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres
Maigrissez les premiers, nous vous cédons le pas
Mais de grâce, morbleu! laissez vivre les autres!
Ils ont leurs intérêts, leurs valeurs ici bas
Car, enfin, la culture c’est nourrissant,
Pour s’y baigner il faut bien se jeter à l’eau.
Vos belles plaidoiries, c’est pour les tribunaux !
M’aigrir pour des idées, d’accord, mais doucement,
D’accord, mais doucement
“M’aigrir pour des idées, d’accord, mais doucement
D’accord, mais doucement”
Cela a-t-il un sens ? Si oui lequel ?
Vos universalistes prônent-ils l’amertume ?
Oui ; cela a bien un sens pour moi.
Difficile à exprimer ; il est fondé sur l’expérience réelle de plusieurs de mes amis. De belles idées qui abîment un individu confronté à la différence culturelle ; au point de se recroqueviller sur un estomac qui semble ulcéré. De beaux principes sur la dignité humaine qui amènent deux humains à s’étriper.
Une grande difficulté à abandonner ces belles idées le temps d’une rencontre ouverte avec l’autre
Regardez ces phrases de Francois Cheng sur l’impérieuse nécessité de reconnaître :
http://florent.blog.com/2009/05/10/francois-cheng-lun-vers-lautre-910/
Mais c’est en chantant que j’ai choisi d’exprimer ce douloureux sentiment …
La chanson de George Brassens était claire, elle.
La votre c’est un flou “artistique”, vous êtes sans doute resté trop proche de l’original.
Le sens que vous voulez lui donner, je ne l’entends pas.
nicolas
les chansons sont elles là pour poser des définitions et déterminer une vérité ?
je ne crois pas
elles ouvrent des possibles plutôt,
elles pratiquent plus l’allusion que le resserrement du sens
désolé que peu de possibles s’ouvrent pour vous ; ce doit être une mauvaise chanson alors
un seul regret ; qu’on ne puisse pas en parler autour d’une bière ou d’un thé vert
Votre idée est sans doute bonne, mais je ne la comprends pas dans votre chanson.
Je ne fais que donner mon point de vue, peut être est-ce moi le problème.
A vérifier selon les dires de vos commentateurs.
A défaut de pouvoir prendre une bière avec vous, j’en prendrais une au troquet ce midi à votre santé et à l’amitié entre les peuples.
Zai Jian.