Chercher
Un nouveau billet en cette nouvelle année, spécialement pour mon ami dada.
Parlons de quête. De la quête qu’on trouve dans une requête.
En Français elle provient du verbe quérir, et le mot est issu du latin quaesitus (cherché)
Le verbe “chercher” vient du latin circare (faire le tour, parcourir). J’aime bien la définition de “chercher” dans le littré : Tâcher de trouver !
Je prends souvent comme surnom chinois 找不到, qui signifie “cherché pas trouvé” et sur lequel nous avions déjà discuté (voir ici, il y a très longtemps et là plus récemment)
Comme le commente dadacyclopédie dans le billet précédent, le verbe 找 était encore récemment, sous les ming, une variante de 划, pagayer (ou bien faire avancer un bateau à l’aide de perches, pratique courante en Chine). La forme traditionnelle de 划, où l’on reconnait le couteau 刂 sémantique à droite, est jolie : 劃. 划 signifie aussi “jouer à un jeu de devinette avec les doigts”, et “délimiter, marquer, dessiner, différencier”
Le caractère 找 est formé d’une main à gauche et d’une arme à droite (l’arme 戈 que l’on retrouve à gauche dans le caractère 划).
L’étymologiste Karlgren nous dit qu’une main armée d’une lance “cherche son ennemi”, ce qui semble quelque peu farfelu.
Curieusement, le caractère 找 signifie aussi “rendre la monnaie. 不用找, dis-je en sortant d’un taxi quand il a été sympathique ou bien quand je suis de bonne humeur. “Ce n’est pas la peine de rendre la monnaie” (encore une phrase qui a besoin de 10 mots en français pour 3 caractères chinois, quoiqu’on puisse aussi dire “gardez la monnaie” mais le sens est légèrement différent).
Un autre caractère signifie chercher : 寻 (on dit souvent d’ailleurs 寻找 pour “chercher”)
Pour comprendre sa formation nous devons regarder sa forme traditionnelle 尋: 彐 sur 工 et 口 sur 寸.
L’étymologiste Karlgren nous explique ”彐, 寸 two hands working with 工, 口 instruments for unraveling thread: unravel, investigate” –Karlgren.” Il voit deux mains entrain de travailler avec des outils. Elles travaillent à démêler des tresses, à mener l’enquête, à chercher. (on retrouve l’un des thèmes de notre ballade étymologique autour de la soie).
Je dois filer, car je ne sais plus où j’ai rangé ma pagaie et j’en ai besoin pour m’entraîner à l’astucieuse godille chinoise ! Peut être est elle rangée avec mes armes ou bien avec mes outils de tissage ?
En fait, au sens de « pagayer », on écrit aussi 划 en traditionnel, et non 劃.
Dans les oracles (http://www.chineseetymology.org/CharacterEtymology.aspx?submitButton1=Etymology&characterInput=%E5%B0%8B), 寻 ressemble à deux bras tendus tenant quelque chose qui ressemble à un bâton. On pense que cela pourrait représenter une longueur correspondant à deux bras tendus, ce qui est en accord avec le sens initial, une unité de longueur (八尺 = 一寻).
D’autre part, nous avons parlé de 谢 qui représentait deux mains tenant une natte (http://www.chineseetymology.org/CharacterEtymology.aspx?submitButton1=Etymology&characterInput=%E8%B0%A2). Une théorie dit qu’il n’y a pas de différence fondamentale entre un bâton et une natte, la natte pouvant très bien se simplifier en un trait.
On peut trouver des formes anciennes pour la forme traditionnelle 尋. Il y a en effet des exemples où un rectangle se simplifie en 工, des variantes avec une bouche…
Shuowen donne deux sens : recherche (de l’extrémité du fil à soie) et longueur.
Je suis surpris de voir ici que les parties supérieures de 尋 et de 寻 sont identiques, comme dans 扫. Apparemment, dans les polices de caractères RPC, le trait du milieu ne dépasse pas. Or, en principe, quand ça représente une main, ça devrait dépasser, comme dans 事. Pour le même nombre de traits, je trouve dommage d’avoir ignoré cette caractéristique.