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Apprendre le chinois

2005 septembre 25
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Posted by florent

Je me limiterai à décrire la joie que j’ai à apprendre le Chinois mandarin.

Je suis des cours depuis bientôt 5 ans, donc depuis un millième de l’histoire de cette civilisation. La part de vérité de mon propos n’atteint sans doute pas le millième, tant le sujet est vaste.

 

Il ne s’agit pas pour moi de maîtriser la langue, mais de tenter d’avoir un aperçu, parfois même un ressenti, de ce regard que les chinois portent sur les choses.

 

Cette langue est tellement différente qu’en l’apprenant, j’ai l’impression d’être un bébé qui découvre le monde. La langue donne une autre vision des choses . Tout part de radicaux dont l’origine remonte à la nuit des temps. Ces objets se combinent pour créer des idéogrammes et du sens. Dans cette combinaison apparaît une forme d’esprit, qui est souvent surprenante et parfois amusante. Deux exemples : pour dire « femme » il suffit de répéter le mot Tai. On obtient Tai Tai, qui veut dire  littéralement … trop trop !

 

Ou bien l’idéogramme du mot « paix » : il s’écrit en représentant une femme dans une maison. Attention ; la paix c’est une femme à la maison, mais surtout pas deux ! Encore un : la maison c’est un cochon sous un toit ; un trésor c’est du jade sous un toit

 

 

 

Intriguante aussi, la notion du temps. Quand on parle d’une semaine ou d’une année, il n’y a pas de mot pour « dernière » et « prochaine ». On utilise les mots « dessus » et « dessous ». Dans quel ordre a votre avis ? La « semaine prochaine » se dit la « semaine du dessus », c’est logique non ? Perdu ! En fait la « semaine dernière » se dit la « semaine du dessus » et inversement. J’ai mis des semaines à comprendre.

 

 

 

On se heurte à une différence énorme, incommensurable ; Des années ne suffiraient pas à la comprendre. En mesurant la distance qui nous sépare, on accepte mieux leurs comportements étonnants, voire choquants parfois. Ils ne sont pas eux mêmes lors qu’ils doivent s’exprimer en Anglais.

 

Alors on s’y attelle doucement , petit à petit. C’est le seul moyen de construire une relation avec des chinois. Même en Chine, personne ne connaît tous les caractères (il y en a des dizaines de milliers), mais on avance à son rythme, sur ce long chemin de la découverte de l’autre.

 

 

 

12 Réponses Leave One →
  1. décembre 23, 2005

    Ceux qui aiment découvrir l”origine de certains caractères chinois apprécieront cette page :
    http://www.chine-nouvelle.com/ressources/caracteres-truculents.html

    Il est ensuite amusant de discuter de l”origine des caractères ou des mots dans nos langues respectives avec des amis chinois. La dernière fois on parlait de l”origine du mots "copain" en français : "co" (partager) + "pain", le gars avec qui tu partages ton pain. Les mots français regorgent de trésors pour celui qui creuse un peu.

    C”est aussi très interessant de discuter des idiomes. Beaucoup n”ont pas leur équivalent dans l”autre langue. Ce qui est un peu plus dur pour nous, c”est que contrairement au français, les "chengyu" chinois sont plutôt réservés à l”écrit, donc il faut déjà un bon niveau de chinois écrit pour commencer à les découvrir.

  2. florent permalien
    décembre 24, 2005

    Merci le chinois d”honorer ce blog de tes commentaires

    sur les calembours c”est effectivement drôle d”échanger sur les perceptions des origines et les correspondances entre langues.
    Que penses tu de l”analyse du caractère aimer dans ce blog
    ( http://florent.blog.com/335807/ )
    comment comprends tu la griffe qui vient du haut et enlève le toit ? (on la retrouve aussi dans le caractère shou4 受 (qui renvoie dans une interprétation à la facon dont on entre en contact avec l”univers extérieur.

    Sinon sur les Chengyu connais tu le bouquin de Patrick DOAN "calembours et subjections de la langue chinoise" ?
    Il est amusant ; en voici une perle qui désigne des paroles difficiles à saisir, en jouant sur Diao4 (bruit et nature) :

    八百钱掉在井里—难摸那一调 (吊)

    800 sapèques tombées dans le puits — difficile d”en reconnaitre le bruit (la nature)

    A+
    Florent

  3. Antoine Faure permalien
    décembre 26, 2005

    Je m”étonne de votre surprise de voir qu”un feu de trafic puisse correspondre à deux couleurs.Je me permets de vous rappeler qu”en français l”appellation normale est feu TRICOLORE.En italien c”est plus maritime mais celà correspond aux couleurs du sémaphore: SEMAFORO.
    En toute humilité je pense que vous pourriez rechercher pourqoi on indique le rouge (hong) avant le vert (lü) ?
    Bien amicalement.

  4. florent permalien
    décembre 26, 2005

    Merci pour le commentaire Antoine,
    C”est vrai que le terme tricolore autorise de conceptualiser que le feu soit rouge puis vert.

    Mais mon esprit bloquait sur la simple juxtaposition des mots "rouge vert", parce que grammaticalement en francais on comprend que le feu est simultanément rouge et vert.

    Peut être fallait il simplement conclure de l”anecdote que la langue chinoise ne s”embarrasse que peu de particules structurantes grammaticales ?

    Tiens vous me donnez l”idée d”un post intitulé "wo zhao bu dao" ; merci !
    Florent

  5. Dong permalien
    décembre 28, 2005

    Pour revenir au premier commentaire, j”ai bien compris l”étymologie du mot "copain", mais qu”en est-il du mot "copine" alors?
    (Désolé, j”ai pas pu m”empêcher.)

  6. fanglong permalien
    décembre 29, 2005

    Bonjour,
    Le chinois peut être concis, certes, et c”est une de ses qualités géniales. Mais, si je puis me permettre, je crois que zhaobudao ne signifie pas "ne pas trouver" mais "ne pas pouvoir trouver". Alors zhaobudao de dongxi serait (assez brièvement dit) une "chose introuvable". Le chinois littéraire "ancien", le wenyan, est d”une concision telle qu”elle peut souvent être ambiguë, si bien que (presque) tous les textes anciens ne se lisent qu”à l”aide de commentaires, autrement dit selon certaines lignées d”interprétation. Justement le Daodejing est un texte où l”on est allé jusqu”à (re)trouver du Heidegger (ce qui est la mode en ce moment avec loe Shobogenzo écrit en "sino-japonais")… Mais je m”égare. De passage sur votre blog, je tenais à vous saluer.

    PC

  7. décembre 30, 2005

    Merci pour cet érudit salut

    effectivement zhaobudao se traduirait plutôt par "chercher sans parvenir à trouver" ; d”accord avec vous. Wo zhaobudao : je l”ai cherché mais je ne l”ai pas trouvé

    par contre j”ai du mal à comprendre votre phrase : """Le chinois littéraire "ancien", le wenyan, est d””une concision telle qu””elle peut souvent être ambiguë"""

    pour vous concision et ambiguité vont de pair ?

    la concision n”est elle pas une qualité qui est censée éliminer l”ambiguité ?

    A+
    Florent

  8. laurence permalien
    janvier 3, 2006

    Pour revenir au dernier commentaire, il y a deux définitions du mot ambigu: 1/ est ambigu ce qui peut être pris dans les deux sens ; 2/ quelque chose d”ambigu réunit deux caractères, deux natures opposées.
    Dans les deux acceptations, le chinois me parait être une langue ambigüe : la concision des expressions, le peu de mots utilisés, invite à une interprétation de la part de celui qui reçoit. Cette interprétation est subjective et donc parfois sujette à ambiguité puisque l”interprète peut se tromper de sens.
    Par ailleurs certaines expressions utilisant la juxtaposion d”un mot et son contraire (DongXi – Est/Ouest pour dire une chose ; ZhouYou – Droite/gauche pour dire environ) sont l”illustration même de la deuxième définition de l”ambiguité puisqu”elles réunissent au sein d”un même mot les deux natures contraires.

  9. janvier 5, 2006

    ta précision n”est pas ambigue du tout ! ;-)
    je vois aussi deux acceptions du mot concision :
    1- "avoir des termes qui expriment un objet très précis, sans possibilité de malentendu"
    2- "s”exprimer avec peu de mots" (ce qui explique peut être la phrase de Fanglong "Le chinois littéraire "ancien", le wenyan, est d”une concision telle qu”elle peut souvent être ambiguë")

    je n”avais pas compris cette phrase ci dessus, parce que je m”attachais à la première acception de la concision.

    A+
    Florent

  10. juillet 19, 2006

    Salut
    Voici quelques outils pour apprendre le chinois sur internet :
    - Learn Chinese : Leçons gratuites pour apprendre le mandarin. Chacune des 15 unités contient des converstation faciles, des notes d’usage et une page d’exercices générés automatiquement.
    - Chinese-English dictionary : Un dictionnaire chinois-anglais contenant plus de 34.000 mots. Très facile à utiliser. La prononciation est disponible en fichiers audio.
    Allez, au boulot. Apprenez la prochaine première langue mondiale :-)

  11. Dolly permalien
    janvier 5, 2010

    Bonjour Florent,
    J’aimerai bien m’arrêter sur le concept de la paix qui renvoie à: une femme et pas deux dans un foyer.
    Si je comprends bien, la polygamie est interdite et dans ce sens, la clture chinoise est plus proche de la culture chrétienne que de la musulmane!
    Est-ce que le divorce existe aussi dans cette culture?
    Merci encore une fois pour ta disponibilité

  12. florent permalien
    janvier 5, 2010

    attention c’était une blague, le coup des deux femmes sous un toit !

    non, la polygamie était très pratiquée en chine classique (et elle a tendance à reprendre du poil de la bête aujourd’hui)

    pour voir une histoire sur la polygamie, chercher le billet sur la jalousie

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