Poèmes
Voici en regard l’un de l’autre deux poèmes sur le retour au pays : He Zhizhang (7e S) et Joachim Du Bellay (16e S)
Parti enfant de la maison, je n’y reviens pas avant d’avoir vieilli
Je parle encore la langue du village, mais ma toison est fatiguée
Les enfants viennent à ma rencontre, sans me reconnaître
“d’où venez vous, monsieur?”, demandent-ils les yeux brillants.
Et voici du Bellay
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine
je ne sais pas ce qui m’a pris, mais j’ai voulu traduire le poème de he zhizhang en langage moderne, jeune, celui que parlent mes enfants (et que je maîtrise très mal
voilà ce que cela donne (en gardant tout de même une structure en alexandrins) :
Parti tout gosse de mon bled, j’y reviens sénile
Je parle la langue, mais j’ai le crâne nubile
Les gamins courent vers moi, ne me connaissent pas
T’es qui toi ? ricanent t ils . Rest’pas là ; bouge de là !