Le corps suite
J’avais promis de revenir sur le billet inachevé sur le corps, racine d’homme, un billet qui a donné lieu à beaucoup de commentaires
En chinois simplifié le corps s’écrit 体, il représente la racine de l’homme
Voici, pour poursuivre, quelques expressions chinoises contenant le corps 体, expressions pour lesquelles je donne successivement une traduction littérale, la traduction du dictionnaire et une (discutable) interprétation.
体会 littéralement « corps savoir », ou « corps-apprendre »
体会 tǐhuì ( v. ) éprouver / connaître
( n. ) expérience / réflexion
-> le corps lieu de réflexion et d’apprentissage
体面 littéralement « corps-face » :
体面 ti3miàn ( n. ) dignité / décence ( adj. ) digne / honorable
-> Le corps comme temple de la dignité
体贴 littéralement « corps – coller/appliquer »
体贴 titiē ( v. ) être aux petits soins pour quelqu’un
-> Le corps acteur de l’attention aux autres
体恤 littéralement corps – avoir pitié de secourir
体恤 tixù ( v. ) compatir à / sympathiser avec
-> le corps, demeure de la compassion
大体 littéralement grand-corps
大体 dàti ( adv. ) d’une facon générale / d’une manière générale
-> le corps comme idée globale, comme un petit monde englobant tout
繁体字 littéralement « compliqué-corps-idéogramme »
繁体字 fántizì ( n. ) caractère non simplifié ( n. ) forme originale d’un caractère chinois simplifié
-> Le corps comme forme d’un caractère chinois
(avec toute l’importance accordée, on le sait, aux caractères écrits dans la culture chinoise)
Merci à chine-nouvelle pour son dictionnaire hypertexte !
C’est une fois de plus par Lacan que j’ai été intéressé à 体.
On lui prête d’avoir cité, d’un moine chinois, un segment de phrase traduit par « comme est le corps » et dont il aurait donné l’écriture suivante : 如是体.
Je me suis aperçu que cela pouvait aussi bien se traduire par « selon le style correct ».
Rien de tel que l’écriture chinoise pour prendre avec la plus grande prudence les énoncés hors contexte.
Enfin, on y arrive ! Merci Florent car avec ce 体 on se régale. Il serait bien qu’un site fameux où il est question de Lacan et de ses chinoiseries, profite de ces réflexions à propos de ce 体 et de ce 如是体 qui apparait dans le discours de Lacan à propos du verbe être.
Question technique : connaissez-vous le logiciel Wenlin qui roule sur Mac et PC ? Il est plein de ressources.
Ah oui, ce site qui parle de lacan, je ne suis pas allé le voir depuis longtemps ; ce serait bien qu’il parle du corps un peu !
Sur le logiciel wenlin effectivement il a l’air puissant :
voilà ce qu’on en dit sur le forum chinatown :
Il est cher mais bon c’est du tres bon matos, basé sur le ABC Chinese-English Dictionary de John DeFrancis et présentant plus de 10 000 caractères (prononciation avec voix féminine et masculine, définitions et tracé du caractère trait par trait), Dictionnaire anglais-chinois de 70 000 mots environ.
c est vraimment un VRAI dictionnaire bidirectionel anglais – chinois tres complet, et il cumule aussi également un sublime traitement de texte interactif (donne la traduction du mot au dessous de la souris) avec un pack de convertisseurs qui propose la plupart des “outils” qu on peut trouver online sur nouvelle-chine . com au niveau des différentes conversions hanzi, pinyin, unicode, gb… attention car 250 c’est le prix en dollar, c’est moins cher , 205 euros ici http://mapage.noos.fr/librairie.lephenix/wenlin.html
Ceci dit merci de dénicher des outils freewares car tout le monde n’aura pas le culot d’investir une telle somme dans un logiciel aussi bien soit il, donc tes trouvailles sont très bénéfique au forum kaelkael. j ai osé le faire car j’avais essayée la démo et que je suis finalement sur que l’apprentissage du chinois est une activité que j’aime pratiqué.
Au niveau des logiciels freeware de chinois je fais souvent la fine bouche mais j’ai déja investi dans le must des logiciels payant alors quand j’essaye les freewares je regrette pas tellement il m agace par leurs défauts, il y a vraiment un monde entre les deux… Pour l’instant, il suffit d’un programmeur ingénieux pour tout changer comme l’exemple de DTOOL par exemple. Oui je crois qu un editeur de texte de chinois de qualité et Freeware c’est un beau défis a lancer au programmeur, wakan est encore tres loin d’etre l’ideal (que représente Wenlin) alors attendons son devellopement futur. Ou bien cela existe t il deja et nous l’ignorons, bon en tout cas à ma connaissance ya pas grand à se mettre sous la dent en Freeware et pire en logiciel libre (version française).
Florent, Il y a quand même des choses comme celles-ci sur ce site :
http://www.lacanchine.com/ChCl_Rouam0.html
Deux articles de Rouam concernant le corps dans les perspectives confucianiste et taoiste…
le lien est très intéressant ! étonnante mémoire : je crois avoir lu le premier papier (sauf si vous l’avez posté récemment, disons il y a moins de trois mois ?) ; je me souvenais très bien du poème ; mais je n’avais pas retenu toutes ces analyses de l’article sur le corps…
puisque vous parlez du principe de mutation dans le yijing, peut être saurez vous répondre à mon avis de recherche ?
http://florent.blog.com/1118787/
merci en tous cas ; je vais de ce pas recommander la lecture de cet article
Puisque tu parles de ce poème de Wang Wei, je me permets de te renvoyer à un topo que j’ai produit l’année dernière :
http://www.lacanchine.com/009.html
C’est après avoir fait ce topo que j’ai réalisé que Rouam l’avait mis en exergue de son texte. Ce poème est une merveilleuse illustration de la notion de changement.:
不怕慢
只怕站
Ne pas craindre d’être lent,
seulement craindre d’être à l’arrêt
ah c’est peut être de ton topo, et non de l’article de Rouam, que je me souvenais !
sais tu si la phrase “il n’y a qu’une chose qui ne change pas, le changement” figure peu ou prou dans le yiking, ou bien est ce une maxime pour en donner l’esprit ?
Infinie sagesse…merci Florent!
Isabelle
Florent, Je me souviens avoir lu cette citation dans le livre de Javary sur le Yi Jing (Discours de la tortue), et qu’il retranscrit ainsi :
« La seule chose qui ne changera jamais, c’est que tout change toujours tout le temps. »
Je n’ai pas les documents sous la main pour situer cet énoncé.
体会–C’est “le corps” + “pouvoir”
Pour damien, 会 signifie un peu pouvoir , et un peu savoir. C’est une compétence acquise par l’apprentissage, par opposition à neng 能 (centré sur la capacité) ou à keyi (可以) insistant sur l’autorisation.
je vous conseille de vous plonger dans un bouquin de grammaire pour comprendre les subtiles nuances du verbe pouvoir en chinois : 能 ; 会 ; 罐头[-頭]; 罐子 ; 可以
pour en revenir à 体会 tǐhuì (éprouver / connaître ; expérience / réflexion) on voit qu’il s’agit d’une réflexion mentale et non seulement d’un pouvoir du corps, non ?
en chinois, un mot a normalement plusieurs sens. ici, pour 体会, personnellement, je crois que c’est plutôt “s’arriver”. par contre, vous avez raison quand même.
Florent, à ce propos il faut se reporter au Séminaire d’un Autre à l’autre où Lacan évoque la disjonction du savoir et du pouvoir…D’après lui l’image nourrirait son homme jusqu’à le guider dans sa gestuele, puis son action…je trouve que ça résonne pas mal avec 体会 et plus généralement avec le pensée chinoise qui ne fait pas la part, pour dire les choses vite, entre Imaginaire et Symbolique.
En espérant que ce message puisse trouver son adresse…