Aller au contenu

Aube du printemps, un poème de 孟浩然.

2007 septembre 18
Tags: ,
Posted by florent

Voici un poème de Meng Haoran 孟浩然, grand poète Tang de la nature, qui côtoya Li Bai 李白 et Wang Wei 王维 .

Je dédie cette traduction à ma femme, que j’aime. 

C’est bientôt l’automne, me direz-vous. Mais voilà, il se trouve que j’ai croisé beaucoup plus de poèmes chinois parlant du printemps que de l’automne (alors que je dirais l’inverse pour les poèmes français). Le printemps, et particulièrement les fleurs qui tombent, sont de grands thèmes poétiques chinois.

Réveil au printemps

Dans mon sommeil , je n’ai pas senti l’aube de printemps venir.

Partout autour s’entend le chant des oiseaux.

La nuit est passée, bruissant de vent et d’averses ;

Combien de rameaux ont dû perdre leurs fleurs !

Il faut savoir que le terme d’aube désigne en chinois à la fois le lever du jour, et l’éveil spirituel, l’éveil à la connaissance (comme dans 晓得)

Je vois dans ce poème une nostalgie, celle d’un homme empêtré dans son passé (la nuit de l’hiver) plutôt agité (pluie et vent). Les choses changent autour de lui, mais il ne s’y éveille pas (le terme 不觉 signifie aussi “inconscient”), et se rend compte trop tard qu’il a manqué la beauté d’un instant fugace.

春晓

春眠不觉晓,

处处闻啼鸟,

夜来风雨声,

花落知多少。

 Le voici écrit au stylo par ma prof de chinois (en simplifié moderne) ; j’essaierai de le calligraphier prochainement.

Image attachée

14 Réponses Leave One →
  1. Anonyme permalien
    septembre 19, 2007

    une traduction trouvée sur internet :

    Au printemps le sommeil dure au delà de l’aube
    De tous les côtés parvient le chant des oiseaux
    La nuit est à peine troublée par le murmure du vent et de la pluie
    Qui sait combien de fleurs sont tombées cette nuit ?
    Anon.

  2. Anonyme permalien
    septembre 19, 2007

    pour écouter le poème en chinois (c’est le quatrième)

    http://www.chinapage.com/meng2n.html

    et encore une autre traduction :
    (très différente et plus noire que la première)

    I awake light-hearted this morning of spring,
    Everywhere round me the singing of birds –
    But now I remember the night, the storm,
    And I wonder how many blossoms were broken.

    Bynner

    florent

  3. Jade permalien
    septembre 19, 2007

    Je trouve cette traduction trouvée (par Anonyme) sur Internet bien fidèle (donc probablement moins poétique que la version de Florent ^^), surtout le 1er vers et le dernier, autour desquels avec Florent on s’est bien “dabattus”, qui permettent donc de saisir le sens sans malentendu. Cela dit, de toute façon les anciens poèmes chinois consistent en des énigmes, et que chacun comprend et interprète de sa façon …

    Et Florent, je n’y vois pas “une nostalgie” symbolique. Le poète est encore en plein printemps (sommeil printanier; oiseaux chantant partout; branches fleuries; et la pluie du printemps), donc je ne pense pas qu’il lui arrive déjà le moment de regretter la bonne saison passée, bien que des pétales fragiles de fleurs tombent sous le vent et la pluie de la nuit. S’il regrette, ce sont les petites fleurs soufflées des branches …)

    Mon résumé personnel: joie du printemps après un bon sommeil profond, mélangée de l’inquiétude pour les pétales de fleurs tombées (les poètes sont sensibles comme ça ^^).

  4. florent permalien
    septembre 19, 2007

    Oui jade, merci pour tes visions complémentaires
    (et merci pour ton aide dans la traduction ;-)

    j’ai encore trouvé cette traduction ci par le Marquis D’Hervey de Saint-Denys :
    (voir le lien wiki sur meng haoran)

    « La lumière du matin printanier réveille le dormeur,
    De partout il entend résonner les chants d’oiseaux,
    Mais avec la pluie et le vent de cette nuit
    Combien de fleurs maintenant couchent à terre? »

    c’est sans doute un juste milieu entre une nostalgie trop fortement exprimée (comme la seconde traduction en anglais), et un regret à peine effleuré (la première traduction en francais)

    j’essaierai de voir ce soir si georgette jaeger ou francois cheng, mes traducteurs fétiches, ont traduit ce poème

  5. Anonyme permalien
    septembre 19, 2007

    Le poème est magnifique et trouve en moi de multiples résonnances.
    Oui, l’hiver a été rude. Mais le printemps est là, j’en vois des signes multiples.
    Je rends grâce pour la beauté de la création qui se renouvelle, pour les cycles de la vie!

    ta femme qui t’aime

    Ta femme qui t’aime

  6. septembre 20, 2007

    Permettez-moi de participer à votre discussion intéressante à mon petit niveau français…

    La traduction de poème n’est jamais facile car ça concerne trop de sentiments perso du poète.
    Je suis d’accord avec Florent qu’on voit un certain tristesse dans ce poème, notamment dans la dernière phrase: 花落知多少 ? La tombée de fleurs, leur fin de vie… une image de séparation, de perdre, de ne pas pouvoir maîtriser la situation et la nature… un état instable… une émotion…

    Par contre, j’ai la même feeling que Jade: la première traduction (trouvée par anonyme) est peut-être la plus fidèle parmi les quatre. Seulement les 2 mots “à peine” dans la 3eme phrase me gênent un peu… troublée oui, mais pourquoi “à peine”?

    Et puis, je trouve que la quatrième traduction (décrit à la 3eme personne… le dormeur…) est un peu froid… trop impersonnel… ?!

    Je copie ici la traduction en chinois contemporaine (extrait d’un livre “les poèmes de Tang Dynastie” – 唐詩 – 陜西旅游出版社 – qu’on a offert à ma fille) pour qu’on voit peut-être un peu mieux le sens:
    春天的夜睡得香睡得沉,不知不覺天就亮了。醒來聽到到處是鳥嗚聲。昨天夜里刮風下雨,不知道多少花朵要被風雨打落?

    Qu’est que vous en pensez ?

  7. florent permalien
    septembre 22, 2007

    Il faut bien se rendre à l’évidence ; l’interprétation proposée pour le poème est trop nostalgique. Le poème est plus léger que cela.

    même si la traduction que je proposais ne me semblait pas trop “tirer sur le trait”.

    merci michelle et jade de m’aider à saisir ces si beaux poèmes tang !

  8. florent permalien
    septembre 23, 2007

    tiens j’ai retrouvé la traduction de georgette jaeger ( http://florent.blog.com/468543/ ) sur ce poème :

    Sommeil de printemps

    Mon sommeil au printemps se prolonge au delà de l’aurore
    de tous côtés j’entends le chant des oiseaux
    la nuit, c’est le murmure du vent et le ruissellement de la pluie
    et savez vous comme elles tombent en nombre, les fleurs ?

    le ton est léger, loin de la nostalgie.
    je suis un peu étonné par l’emploi du présent au troisième vers sur la nuit.
    et je trouve enfin que la traduction n’offre pas une très jolie sonorité (alors que j’aime habituellement beaucoup les traductions de cette sinologue belge)

  9. florent permalien
    septembre 28, 2007

    ah en fouillant dans mes rayons j’ai retrouvé la traduction de ce poème par le grandissime Francois Cheng

    Le voilà ; c’est beau ! (et un peu nostalgique )

    Aube de printemps

    Le sommeil printanier ignore l’aube,

    On se réveille aux appels des oiseaux.

    Nuit passée, bruissement de vent, de pluie;

    Que de pétales, déjà, ont du tomber !

    j’étais content de voir qu’il choisit aussi le mot de “bruissement” ; j’ai pas copié c’est promis!

    et le “déjà” du dernier vers est vraiment très beau je trouve ; il me porte à revenir vers l’analyse de quelqu’un qui voit les choses changer (la métamorphose bian hua est un grand thème de la sainteté pour les taoistes) et regrette un peu d’avoir dormi si tard

  10. Anonyme permalien
    octobre 23, 2007

    Moi la traduction c’est plutôt ça:

    Aube de printemps

    Le sommeil printanier ne s’est pas aperçu de l’aube
    De tout côté on entends chanter les oiseaux
    Durand la nuit passées,le bruit du vent et de la pluie
    fleurs tombées,qui sait combien?

  11. florent permalien
    octobre 23, 2007

    oui anonyme, c’est joli !

    je corrige juste quelques fautes d’orthographe :

    Le sommeil printanier ne s’est pas aperçu de l’aube
    De tout côté on entend chanter les oiseaux.
    Durant la nuit passée,le bruit du vent et de la pluie.
    fleurs tombées,qui sait combien?

    la première phrase sonne curieusement (le sommeil peut il s’appercevoir de quelquechose ?), et il manque un peu un verbe au dernier vers, non ?

    mais c’est une belle traduction je trouve, et surtout très fidèle !

  12. Anonyme permalien
    novembre 30, 2007

    Au printemps, le sommeil ne cesse dès l’aurore,
    Partout se font ouïr les gazouillis d’oiseaux,
    La nuit s’achève enfin dans le souffle des eaux,
    Qui sait combien de fleurs seront tombées encore ?

    Kaamelott, Epsiode 75, Livre II

  13. florent permalien
    mars 22, 2008

    Un passage du “rêve dans le pavillon rouge” exprime aussi très joliment cette nostalgie du poète face à la chute des pétales de fleurs. C’est comme une beauté irréversiblement éphémère.

    “”"Un jour après déjeuner, [...] Baoyu se dirigea vers la retenue d’eau des pétales mouillées avec, sous le bras, la pièce de théâtre Le pavillon de l’aile ouest.
    Il s’assit sur un rocher sous un pêcher et, prenant le premier volume, il se mit à lire très attentivement. Il en était arrivé aux vers sur les fleurs rouges qui tombaient sur le sol quand le vent se mit à souffler et l’arbre au dessus de lui répandit soudain une pluie de pétales sur ses vêtements, sur son livre et toute la terre autour. Il ne voulut pas les épousseter, craignant qu’on ne marche dessus. Il en ramassa autant qu’il put et les mit dans le giron de sa robe en la relevant. Il les porta jusqu’au bord de l’eau où il les répandit en les secouant. Les pétales dansèrent en cercles sur l’eau avant de disparaître par où s’écoulait le trop plein. A son retour, il en découvrit beaucoup plus qui étaient tombées en son absence. Tandis qu’il se demandait que faire, une voix se fit entendre derrière lui.
    “Que fais tu ?”
    Il se retourna et vit Daiyu. Elle portait sur l’épaule une houe au manche de laquelle étaient suspendus un sac de toile et un râteau.
    “tu arrives au bon moment, lui dit Baiyu en lui souriant. Balaie ces pétales et jette-les pour moi dans l’eau.
    - Ce n’est pas une bonne idée de les jeter dans l’eau, rétorqua Daiyu. Ici l’eau est claire mais ensuite elle coule le long des maisons et elle devient sale, si bien qu’elles sont quand même finalement souillées. Dans le coin là-bas j’ai une tombe pour les fleurs : je les balaie, les mets dans ce sac de soie pour les enterrer, afin qu’elles retournent lentement à la terre. N’est ce pas un moyen plus convenable ?”
    Baoyu admira fort cette idée.
    “”"

  14. Anonyme permalien
    août 26, 2008

    je ne dois pas etre le 1er a faire la remarque
    mais ce poème figure aussi dans un épisode de kaamelott voici la traduction:
    Au printemps, le sommeil ne cesse dès l’aurore
    Partout se font ouïr les gazouillis d’oiseaux
    La nuit s’achève enfin dans le souffle des eaux
    Qui sait combien de fleurs seront tombées encore?

    j’adore ce poème qui apparait donc dans kaamelott

Laisser un commentaire

Note: Your e-mail address will never be published.

S'abonner au flux de ce commentaire via RSS