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Mo Yan La carte au trésor 7/10

2007 novembre 6
Posted by florent

Voilà encore un court roman de Mo Yan, après le maître ding a de plus en plus d’humour  et beaux seins belles fesses commentés sur ce blog.


J’ai encore beaucoup aimé le style de Mo Yan, très personnel, fantasque, burlesque jusqu’à l’absurde. La carte au trésor m’a fait penser à un roman de  Boris Vian, l’arrache cœur ou l’écume des jours. Je raffolais de ces romans à l’adolescence !


Dans la carte au trésor, un vieux copain retrouve le narrateur pékinois. Venu de province, ce copain au large sourire est d’abord monté à la capitale pour voir le zoo, le tigre en particulier. Mais il en profite pour appeler notre narrateur et s’incruster dans son existence. Ils finissent par atterrir dans un restaurant de raviolis, chez un couple de centenaires (qui ont connu le temps de l’impératrice Cixi) au comportement curieux.


Le livre est émaillé de références chinoises, dans les registres poétique, historique, grivois, légendaire.


La satire politique est encore présente. On voit page 48 un merveilleux dialogue entre générations sur le thème de l’ennemi public. Un oncle parle à de jeunes gardes d’usine et se rend compte que la lutte des classes n’est plus dans le droit chemin. On ne pense plus de nos jours à éliminer le Kuomintang et ses bourgeois révolutionnaires. Au contraire, ce sont les fonctionnaires communistes corrompus qui sont la cible des jeunes modernes ! Une haine farouche !


Page 85 je vous laisse découvrir un passage grivois très amusant sur les représentations chinoises du cocu.


Finissons ce billet par la délicieuse maxime d’un calligraphe connu : Zheng Banqiao. Ce calligraphe fait partie des « huit excentriques » du début de la dynastie Qing au XVIIIe S ; il était tellement obsédé par les caractères chinois qu’il en traçait toute la journée avec son doigt. La nuit , il en traçait encore sur son oreiller. Une nuit, il se prit même à en tracer sur le corps de sa femme, ce qui lui valut une volée de bois vert !


Et cette maxime , que j’essaierai d’appliquer avec zèle pour cette journée qui commence , c’est :

N’est pas imbécile qui veut.    难得糊涂

2 Réponses Leave One →
  1. novembre 9, 2007

    ça c’est vraiment trop fort ! justement aujourd’hui, je cherchais le sens de cette expression “难得糊涂“, et voilà-t-y pas que paf ! je tombe dessus en venant sur ton blog ! j’en suis encore toute estourbie !
    Peux-tu m’en dire un peu plus sur ce qui t’a amené à cette maxime ?
    :-) )

  2. florent permalien
    novembre 9, 2007

    糊涂 hutu est un mot intriguant effectivement

    Soulignons d’abord que la formule est très positive en chinois : Elle touche au lâcher prise et à la paix intérieure ; elle résonne de propos du zhuangzi (oubli ; refus de l’intelligence), ou de confucius même quand il refuse les extrêmes pour choisir le milieu

    Le traducteur (Antoine Ferragne, que je ne connaissais pas) explique son choix du mot imbécile plutôt que confus ou hébété en citant l’expression “ne fais pas l’imbécile”. Pour lui elle résume bien le 糊涂 hutu dont il est question : choisir de ne pas savoir ; c’est presque un refus de conscience (“faire l’imbécile”)

    Pourtant c’est apparemment encore très présent comme vision de sagesse en chine ; il paraît que la dernière publication du bouquin de Zheng Baoqian (c’est un traité moral je crois?) est surtitrée du slogan “la réussite par le hutu”. Le hutu fait un carton dans la littérature pseudo psycho qui fleurit en chine aujourd’hui.

    Mais c’est pas très francais comme vision des choses ; difficile à expliquer, non ?

    Par exemple je me suis longtemps vanté de savoir très bien faire le niais en voyage, quand je tombais sur des situations embarrassantes. Je fais une tête d’abruti ; mon niveau intelectuel rechute à un niveau d’enfant de dix ans ; j’utilise une langue à vagues consonnances anglaises riche de 27 mots au grand maximum (Idunno comptant pour un seul mot) ; et finalement le contrôleur roumain ou rwandais ne me colle pas d’amende ; le flic malaisien ou mélanésien oublie que je n’avais pas le droit d’avoir mon appareil photo à cet endroit là…

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