Tong Yun Fow, le Chinatown de San Francisco
En tous cas je rentre d’un périple à l’ouest (comme ne l’indique pas le titre de ce blog), passant par Chicago, San Francisco et la Napa Valley, New York, Miami, le Belize et le Guatemala.
Alors j’ouvre ici un billet sur le Chinatown de San Francisco, qui est assez marquant. San Francisco est une petite ville (si l’on ne compte pas toute la “bay area” très opulente et très peuplée) d’environ 700 000 habitants, dont 200 000 chinois!
Commençons par un diaporama sur une visite à pied de la ville (powerpoint; vous pouvez aussi regarder l’album “San Francisco à droite de la fenêtre) , avec des photos très simples. Nous verrons ensuite un diaporama de photos anciennes sur l’histoire de ce quartier. Toutes ces photos sont dans l’album San Francisco.
D’où viennent les chinois de Chinatown et quelle langue parlent ils ?
Lors de ma visite j’ai entendu majoritairement parler
J’étais frappé du nombre de chinois parlant américain entre eux. Ils s’exprimaient avec les intonations de chaleur et d’amitié des jeunes américains.
Ecrit-on en caractères traditionnels ou en simplifié à Chinatown ?
Je n’ai vu presque que du traditionnel. Entrant dans une librairie, j’ai discuté avec la libraire d’origine taiwanaise qui était vertement opposée à la simplification. Sa librairie ne proposait que deux livres en simplifié ! Elle s’opposait aussi au mandarin putonghua (elle racontait qu’en commencant à l’apprendre sur ordre du Kuomintang, elle s’était fâchée avec sa mère qui ne parlait que la langue taiwanaise, le minnanhua). Selon cette libraire, une poésie Tang récitée en mandarin perdait toute ses rimes et sonorités. Elle était encore opposée au système pinyin (romanisation du chinois), auquel elle préférait le standard taiwanais de bopofomo. Elle argumentait par exemple que le caractère 壮 prend six lettres en pinyin (Zhuang) contre seulement trois en bopofomo.
Les chinois étaient surnommés les « tong » (en référence à l’illustre dynastie 唐, que l’on prononce aujourd’hui « Tang » en mandarin et « Tohng » en cantonais).
Parlons ensuite un peu d’histoire. Je vais m’appuyer sur le livre “San Francisco’s Chinatown” que je recommande ici au lecteurs et dont je remercie l’auteur Judy Yung pour tout ce qu’il m’a appris.
Les premiers chinois, environ 30 000, arrivèrent de Canton lors du gold rush au milieu du XIXe siècle. L’immigration chinoise, croissante, a été rapidement mise sous contrôle par le “Chinese exclusion act”, règlement discriminatoire de 1882. Cette loi interdisant aux chinois d’acquérir la nationalité américaine ne sera abrogée qu’après la seconde guerre mondiale.
Chinatown manquait cruellement de femmes à ses débuts : une femme pour 27 hommes en 1890, une femme pour 4 hommes en 1920.
En guise de conclusion : les choses ont beaucoup changé entre le ghetto de misère et de prostitution qu’était Chinatown à ses débuts, et une communauté chinoise importante, diverse, beaucoup plus large que le simple quartier de Chinatown aujourd’hui. La communauté chinoise s’est remarquement bien adaptée aux valeurs américaines (ou faudrait il dire inversement que la société américaine a accueilli et intégré les chinois ?) ; allant jusqu’à des revendications démocratiques pour la défense de ses droits.
J’y ai croisé beaucoup de personnes extrêmement dignes, vêtues de manière élégante et moderne. Chinatown est un étonnant carrefour de cultures dont il est bon de s’imprégner.
Merci pour ce diaporama Florent, ça rappelle des souvenirs de voyage, et l’immersion dans ce Chinatown est totale..
Searogers
Je crois avoir trouvé l’origine de ce surnom “tang” ou “tong” que les américains donnent aux chinois.
Plusieurs siècles après la fin de la dynastie Tang 唐, les marins chinois qui sillonnaient les mers d’orient avaient curieusement ce surnom de Tang 唐.
C’est peut être de là qu’est venu le surnom Tong utilisé en amérique : les chinois y arrivant par bateau en traversant l’océan pacifique.