Gao Xingjian Le livre d’un homme seul 8/10
J’ai fini ce livre il y a plus de deux semaines, mais n’ai rien lu depuis (sauf un tout petit Pimpaneau dans le métro). Je n’ai pas eu non plus envie de venir en parler ici plus tôt. Je digérais, j’assimilais, je ruminais ce livre qui m’a encore beaucoup marqué.
Il a été écrit après la montagne de l’âme, dont la sérénité m’avait ébloui. Mais point de sérénité dans Le livre d’un Homme Seul.
C’est une souffrance qui sort ; la souffrance d’un écrivain dont la carrière est brisée (ou devrait on dire propulsée?) par la révolution culturelle. Gao Xingjian a connu six ans de travaux à la campagne à cette période. Une scène tragique, qu’il a vécu en personne je crois, le place devant le poële de sa chambre un soir, sous la pression de ces inquisiteurs qui traquent les écrits subversifs jusque dans vos malles. La menace est trop forte, l’auteur prend tous ses manuscrits et les brûle.
Il est brisé ; sa vie perd son sens et ne pourra être vécue qu’après avoir quitté son pays, dans l’étourdissement des voyages, de la découverte de l’étranger, des plaisirs de la chair avec une juive allemande.
En fait je n’ai pas envie d’en parler beaucoup ; le livre remue profondément. Quelques mots me viennent à l’esprit : absurde ; écrasement ; fuite ; mur ; indiscible ; oubli dans l’amour ; peur ; destruction.
Un petit passage quand même, au début du chapître 31 :
Un bourbier immense, quelques herbes rares, toi au milieu de ce bourbier, le corps imprégné de la puanteur de la vase, tu voudrais regagner un endroit sec, te laver le visage et le cors avec l’eau qui stagne à la surface du bourbier, mais tu sais parfaitement que de toute façon tu n’arriveras pas à te laver complètement, il te faut en sortir, tu dois sauter, sinon tu sombreras dans la boue, et si tu trébuches, tu devras encore ramper, dans la plus grande confusion, au milieu de cette eau et de cette boue…
Lisez le livre !
Merci, Florent, pour vos commentaires lucides sur mon blog. Je ne suis pas une grande lectrice, même si je connais des noms d’écrivains d’origine chinoise. J’ai lu des oeuvres de DAI Sijie, et les ai beaucoup appréciées. Je vais aussi découvrir GAO Xingjian.
L’avantage pour les Chinois qui vivent à l’Occident, c’est de pouvoir s’enrichir avec deux cultures en même temps de prendre du recul avec elles.
Le choc culturel me semble une illusion, si on veut vraiment se communiquer et se comprendre. Tong