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Tourner la page

2008 avril 29
Posted by florent
Voici une réflexion qui me vient à la lecture d’une rétrospective sur l’histoire des relations franco-chinoises.

 

Le Général de Gaulle confie à Alain Peyrefitte, à l’issue du Conseil des ministres du 22 janvier 1964, qu’avec la reconnaissance de la Chine, « nous allons tourner la page coloniale, celle des concessions en Chine comme celle de l’Indochine française. Cela veut dire que la France revient en tant qu’amie, et que nous pourrons aider la Chine dans la mesure de nos moyens.»  Contrairement à l’idée qui régnait sous la troisième République selon laquelle il fallait civiliser une race considérée comme inférieure par rapport à la France, la position du Général de Gaulle met au contraire à égalité toutes les nations, permettant de respecter la souveraineté nationale des peuples ainsi que leur droit à disposer d’eux-mêmes. C’est pourquoi sa parole eut tant d’impact en République populaire de Chine défendant elle aussi l’amitié entre les peuples.

Je me sens aujourd’hui aussi appelé à « tourner la page ». Tourner la page de la méfiance d’une Chine communiste et totalitaire.
 

Tourner la page des révolutions.
On pourrait dire d’une certaine manière que la Chine a aidé la révolution française (par son influence sur les lumières), et que la France a aidé la révolution chinoise (tant sur le terrain littéraire, avec par exemple le contrat social de Rousseau, que sur le terrain de la formation supérieure avec Deng Xiaoping et Zhou Enlai étudiants à Paris). Mais maintenant chacun a fait sa révolution, et la guerre froide est finie. Je voudrais tourner cette page aussi.

Retrouver ce qu’il y a d’humain et de potentiel dans la Chine d’aujourd’hui. Reconnaître une amitié dans les propos de Zhou Enlai se remémorant son séjour en France dans les années 1920 :

« Les Français sont très hospitaliers. Surtout le peuple français. Il n’y a pas de différences de races chez vous. En France, les races vivent entre elles sur le pied d’égalité. C’est chez vous que j’ai appris cela. Lorsque j’étais à Paris, j’ai eu l’impression d’y voir comme une exposition de toutes les races. Et les gens de toutes races peuvent se marier entre eux. »

 
4 Réponses Leave One →
  1. avril 30, 2008

    Je suis d’accord avec vous, sur le principe. Mais une amitié entre les deux peuples reste encore utopique, car ils sont toujours là: les problèmes de fond, les barrières de communication… Tong

  2. florent permalien
    avril 30, 2008

    C’est une joie de voir qu’une chinoise et un francais sont d’accord sur un principe !

    Effectivement les difficultés de communication sont immenses (sans doute moins pour vous qui parlez si bien francais que pour moi qui parle si mal chinois ;-)

    Mais le fond de la relation peut être bienveillant plutôt que malveillant. C’est ce que je cherche à dire.
    Bienveillant car les difficultés de communications vont diminuant alors qu’on apprend à se connaître.

    Un jeune chinois posait une question amusante sur un forum :
    “Les difficultés de communication entre francais et chinois sont-elles plus ou moins difficiles que la relation entre un homme et une femme dans un couple ?”

    après 15 ans de mariage et 8 ans d’apprentissage du chinois, j’étais incapable de répondre ;-) ))

  3. Anonyme permalien
    avril 30, 2008

    Test

  4. Anonyme permalien
    mai 4, 2008

    Voici un mail que j’ai envoyé au journal “le monde” (Bruno Philip)

    Monsieur

    Ce couriel répond à votre article du 29 avril intitulé « le nationalisme chinois à l’épreuve »

    J’y ai beaucoup apprécié la responsabilité que vous donnez au gouvernement chinois pour faire avancer les sujets en cours. C’est le signe d’un respect pour un pays doté d’un gouvernement. Alors que certaines critiques lues de-ci de-là sur les forums me semblaient nier tout respect, voyant simplement en le PCC une forme diabolique dont seul l’écroulement serait salutaire.

    La diversité que vous signalez à l’avant dernier paragraphe m’a aussi beaucoup rassurée, tant les généralisations vont bon train en ce moment sur « la Chine », « les chinois »

    Pour autant, je voudrais revenir sur quelques passages de votre article.

    Vous trouvez l’évocation des pillages occidentaux au palais d’été « savoureuses ».
    Ce mot m’a frappé. Je n’ai jamais entendu d’américain se délecter au souvenir des exterminations de la culture indienne (ni d’espagnols pour la civilisation maya, ni d’australiens pour les cultures aborigènes). Quand on détruit une civilisation, on en garde généralement plutôt un souvenir amer. Vous pouvez relire à ce sujet la lettre de Victor Hugo (disponible à http://florent.blog.com/1583143/ )
    Lire un peu d’histoire permet parfois, je crois de retrouver un peu d’humilité et d’humanité.

    Si j’ai bien compris votre article, le régime chinois est :
    - Imprévoyant, n’ayant pas vu venir les pressions occidentales
    - Obsolète dans la propagande qu’il utilise
    - Egoïste, ne prenant du « concert des nations » que les partitions qui l’intéressent.
    - Hypocrite, cherchant à détourner l’attention des vrais problèmes vers de faux coupables.
    - Coupable justement, car « héritier d’un régime totalitaire »

    Si le gouvernement chinois était un régime totalitaire, je souscrirais à l’ensemble de votre article. Mais voilà il ne l’est plus. Son idéologie autrefois omniprésente est en cendres. Le pouvoir central a une certaine impuissance face à grand nombre de dossiers, et je considère que vos accusations ne l’aideront pas à avancer.

    C’est largement une question de forme. Mais il me semble que des communications entrant dans le registre accusateur voire insultant ou même violent obtiennent l’inverse de l’effet escompté. Je l’ai observé avec des amis chinois, comme avec des amis français.

    Ainsi je ne souscris pas du tout à votre analyse : « Si l’on devait assister au retour d’une démonisation sans nuance de la Chine par une partie de l’opinion publique mondiale, le régime en serait le premier responsable ».
    Quand une conversation se mue en dispute, il y a rarement un seul coupable, et le fait de savoir qui a commencé (c’est lui ! non c’est lui !) aide rarement à trouver la solution.
    Compte tenu de votre connaissance des affaires chinoises, j’aurais apprécié de votre part une évocation des éléments d’incompréhension, voire de tension, que l’on peut trouver en occident, que ce soit dans les comportements des médias ou associations, ou plus intéressant dans l’inconscient collectif. Au lieu de freiner une démonisation dont personne ne sait où elle mène, vous la favorisez me semble-t-il.

    Finissons par une question : Ne confondez vous pas dans vos propos un totalitarisme du passé (vous reconnaissez qu’il s’est mué en « autoritarisme ») avec un nationalisme qui émerge aujourd’hui (plutôt de la base, avec un tacite soutien du pouvoir central) ?
    Totalitarisme et nationalisme sont-ils de même nature ?
    L’équilibre entre le pouvoir et la société civile y est il le même ?

    Je crois que pour observer les événements avec clairvoyance nous avons une page à tourner, un peu comme la page que le général de Gaulle a tournée en 1964.
    Car quand on se permet d’accuser il vaut mieux être précis, n’est il pas ?
    J’espère pouvoir lire vos réponses à ces questions.

    Cordialement
    Florent

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