La pensée en Chine aujourd’hui, sous la direction d’Anne Cheng 7/10
Le livre présenté ici se place aujourd’hui, c’est à dire dans les deux ou trois derniers siècles. C’est un panorama des réflexions sur la prétendue “altérité chinoise”, une altérité radicale de laquelle Anne Cheng cherche à tordre le cou.
Les trois parties de l’ouvrage traitent successivement de dynamiques de la modernité, de l’invention des catégories modernes (philosophie, religion, médecine) et enfin de questions d’identité autour de l’écriture et de la langue. l’épilogue est intitulé “dépasser l’altérité“. Un beau programme !
Je le reprends ici chapitre par chapitre car c’est un ouvrage collectif.
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Jacques Gernet : Modernité de Wang Fuzhi
On explore avec le sinologue Gernet (voir un de ses livres) la pensée de Wang Fuzhi, grand lettré du XVIIe siècle.
On apprend à se méfier du langage et à se fonder essentiellement sur la nature et le sensible, à l’opposé de ce rationalisme qui nourrit toute notre philosophie occidentale et qui animait les premiers missionaires jésuites en Chine. Les causes d’incompréhension entre les missionnaires et les lettrés sont très bien exposées, par exemple la distinction entre la substance et l’accident (qui repose sur la distinction entre le substantif et l’adjectif ; une distinction peu présente en chinois classique). Belle analyse plus loin de la distinction entre l’exprit et la matière.
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Léon Vandermeersch : La conception chinoise de l’histoire
Encore un grand sinologue qui s’exprime (voir une conférence sur les rites et un livre sur le légisme)
A partir du terme shi2 时 (dont
Malgré les modernisations de cette vision du temps au XXe siècle (avec bien sûr l’historicisation “à l’occidentale puis le matérialisme historique d’inspiration marxiste), l’auteur reste très indécis sur un conflit non réglé : celui qui oppose les visions Weberiennes et les visions confucianistes traditionnelles.
(précisons modestement que je suis tout aussi indécis que lui)
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Nicolas Zufferey : De Confucius au romancier Jin Yong
Excellente lecture : Jin Yong est en Chine perçu comme un monument de la littérature contemporaine.
Nicolas Zufferey montre qu’après les campagnes anticonfucianistes tout au long du XXe siècle, les courants récents remettent au goût du jour les idéaux traditionnels chinois, en parallèle à un regain de nationalisme.
Il montre l’aspect protéiforme du confucianisme qui s’est beaucoup adapté aux époques et donne très envie de lire du jinyong
Jinyong est connu en occident sous le nom de Louis Cha (438000 réponses google quand même).
Le renouveau des romans de cape et d’épée (xin wuxia xiaoshuo 新武侠小说) date des années 50 à hong kong. Il poursuit la tradition de “au bord de l’eau”
En 2003 un grand sondage a promu Jinyong deuxième “grande idole culturelle”, juste après luxun. (voir une nouvelle de lui
L’auteur M Zufferey joue avec ce binôme, montrant qu’au Luxun littéraire, révolutionnaire, occidentalisant et modernisateur on peut opposer un Jinyong qui va puiser dans la tradition chinoise pour un divertissement en langue vernaculaire.
Bien que les romans de Jinyong soient très teintés de taoisme (et de mohisme), l’auteur met en regard l’anti-confucianisme de Luxun et les fondements confucianistes de l’oeuvre de Jinyong. Certes, beaucoup de héros de Jinyong sont illettrés (comme shi potian), mais ils arrivent à déchiffrer les techniques de guerre cachées dans les caractères d’un poème de Libai simplement en regardant les traits des caractères comme des épées.
La piété filiale reste très importante dans l’oeuvre de Jinyong, pas seulement sous la forme de la vengeance (un héros tue sa femme pour venger son père sans que cela ne soit critiqué dans le roman). La quête du père est très présente aussi, tout comme la fidélité 忠 au maître et aux règles.
L’auteur termine en reliant ce renouveau du roman d’arts martiaux avec la poussée de l’autoritarisme et du nationalisme en Chine. Ce genre donne une vision romantique et exhaltée du passé chinois, ce qui correspond à une aspiration actuelle du peuple chinois. Jinyong serait l’auteur chinois le plus lu aujourd’hui.
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Joel Thoraval : La tentation pragmatiste dans la Chine contemporaine
Ce chapitre m’a moins marqué, sans doute parce qu’il évoque beaucoup John Dewey (et l’influence du pragmatisme américain sur la Chine moderne), qui passe deux ans en Chine en 1919 et 1920 , et que je connais très mal.
Citons juste une phrase de ce chapitre :
“à l’opposé d’une conception héritée des lumières faisant de l’individu porteur de droits innés le fondement de l’ordre social, le pragmatisme défend une conception communautariste de la démocratie qui peut entrer en résonance avec la vision confucéenne”
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Jean Philippe Béja : Liu Xiaobo : le retour de la morale
Liu Xiaobo est un intellectuel contemporain, né en 1955, qui souffre comme tant d’autres des troubles de la période maoiste. Il n’obtient son doctorat de littérature qu’en 1988, à l’âge de 34 ans. Il a commencé comme écrivain en critiquant ce genre de « littérature de cicatrices » qui racontaient les horreurs de la période maoiste. Ses critiques, formulées au nom de l’autonomie politique de l’écrivain (il fustige autant les conservateurs que les révolutionnaires) ont été fort mal recues. Mais voilà qu’en 1989 il s’engage fortement dans le mouvement démocratique qui aboutit au massacre de la place tian an men天安门. Il sera arrêté puis libéré et poursuivra un engagement qui le rapproche de Vaclav Havel.
Dans le reste du chapitre, que je ne déflorerai pas plus avant, Jean Philippe Béjà expose le parcours et les idées de Liu Xiaobo.
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Anne Cheng : Les tribulations de la “philosophie chinoise” en Chine
Dans un chapître dont le titre est un clin d’oeil au roman de Jules Verne, Anne Cheng expose les conditions et les ressorts de l’apparition d’une “philosophie” en Dhine au début du XXe siècle, comme elle le fait dans une conférence (vidéo) et dans une revue (“y a t il une philosophie chinoise ?) cités sur ce blog.
Anne Cheng présente les œuvres de Hu Shi et surtout de Feng Youlan. Avec les balbutiements d’une « philosophie chinoise » soumise aux catégories occidentales, et qui ne sait pas s’il s’agit d’un « rattrappage » ou bien d’une « autre philosophie » (Feng Youlan considère la Chine comme se trouvant « à l’époque médiévale) ; mais par ailleurs il considère les courants successifs de Xuanxue玄学 (III & IV siècle ap JC), de Daoxue 道学 (sous les Ming puis les Qing) ou de yili zhi xue义理 (Qing) comme des études proprement philosophiques).
A la fin du chapitre Anne Cheng montre qu’à la quête chinoise d’une place à trouver dans la discipline de la philosophie s’ajoute depuis quelques années la quête de nombreux occidentaux qui cherchent (parfois par simple lassitude de leur propre environnement intellectuel) à entrer dans la vision chinoise des choses
« Nous avons là en vérité une belle rencontre au sommet entre le désir occidental d’altérité et le désir chinois d’identité »
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Vincent Goossaert : L’invention des “religions” en Chine moderne
Dans ce très intéressant chapitre, Vincent Goossaert nous montre les profonds bouleversements du paysage religieux chinois au XXe siècle.
La situation de départ est bien expliquée : Les trois religions (Bouddhisme Taoisme Confucianisme) étaient bien dotées d’un clergé, d’une liturgie, d’un canon, de monastères et centres de formation. Mais elles différaient des religions chrétiennes (catholique et protestante) sur un point important : l’appartenance à une religion ne se manifestait vraiment qu’au sein du clergé. Un moine bouddhiste était bouddhiste, un moine taoiste était taoiste. Mais un fidèle laic pouvait alterner entre l’un et l’autre ; il n’était pas « enregistré » sur les livres de telle ou telle religion. Il pouvait appartenir à un cercle ou une association locale, qui pratiquait certains rites d’une ou plusieurs religions.
Les pratiques religieuses occidentales (baptême, tenue de registres ; organisation du clergé avec un pouvoir central) ont en fait profondément remodelé les modes de fonctionnement des grandes religions chinoises.
A partir de la période communiste en RPC, c’est plus à Taiwan qu’il faut regarder comment les structures religieuses ont évolué.
Les politiques religieuses sont fort bien analysées (on voit de manière continue en Chine une lutte contre les superstitions, au nom de la modernité), ainsi que la « réinvention récente » de la notion de religion (qui passe par des tentatives de création de « laïcat » qui connaissent le plus souvent des échecs).
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Elisabeth Hsu : La médecine traditionnelle chinoise en RPC : d’une “tradition inventée” à une “modernité alternative”
Sur un sujet que je connais plutôt mal, Elisabeth Hsu nous donne encore un panorama très clair des évolutions de la « médecine traditionnelle chinoise » au XXe siècle, siècle de l’enracinement de la médecine occidentale en Chine.
Mao considérant la médecine chinoise comme « un grand trésor », les débuts de la RPC marquent la véritable « invention de la MTC » sur des formes nouvelles : enseignement (quatre grandes académies sont créées entre 56 et 64), manuels de médecine, et revendications parfois universelles.
La parenthèse de la révolution culturelle, lors de laquelle les médecins sont persécutés comme des membres de la « neuvième catégorie puante » (voir le film vivre), ne signifie pas pour autant régression totale : c’est durant cette période que fut édité le zhongyao dacidian (中药大词典, ouvrage de référence). C’est aussi durant cette période qu’eurent lieu les travaux préparatoires à la découverte de l’antimalarien le plus efficace à ce jour, le qinghao.
L’histoire du Qigong est aussi retracée, avec un formidable essor depuis les années quatre-vingt.
Aujourd’hui les deux formes de médecine coexistent et s’intègrent parfois (zhongxiyi jiehe中西医结合), avec des enjeux colossaux autour de la vente de produits médicinaux traditionnels chinois, qui s’adresse de plus en plus aux marchés globaux de la santé.
On arrive alors à la troisième partie du livre, dédié à des questions d’identité autour de l’écriture et de la langue
Cette partie m’a beaucoup intéressé et inspiré pour le billet récent sur l’écriture chinoise.
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Viviane Alleton : L’écriture chinoise, mise au point.
L’auteur démonte les idées recues, comme celle d’idéogrammes chinois dessinant les choses, et donnant un accès direct au sens sans la médiation de la parole.
On aborde ensuite les processus de lecture, sujets à moult débats, en s’appuyant sur des études psycholinguistiques :
A phantom of linguistic relativity : script, speech and thought (Ovid JL Tzeng et Daisy L Hung)
Guo Taomei : The role of phonological activation in the visual semantic retrieval of chinese characters (cognition)
Citons Viviane Alleton :
“A la différence des alphabets, où l’unité graphique, la lettre, correspond à un phonème non signifiant, le caractère chinois est un signe linguistique complet (signifiant et signifié). Alors que le mot écrit en francais comporte une analyse de sa prononciation, un caractère chinois suggère sa prononciation en bloc, toute la syllabe d’un coup et en même temps le sens : c’est un signe linguistique“
Ces lignes me semblent peu discutables.
Maintenant, quelles conséquences peut on en tirer sur la cognition ? pendant longtemps on a cru que la manière de lire des chinois était différente, plus globale que celle de francais par exemple.
Les psychologues ont d’abord étudié les troubles des aphasiques, puis la lecture chez les sujets normaux.
“Alors que les débutants verbalisent chaque mot pour en saisir le sens, on se demandait si les lecteurs entraînés ont besoin de cette médiation par la parole pour avoir accès au sens des mots écrits. De nombreuses expériences ont validé l’hypothèse de la “double route” : il y aurait tantôt accès direct, visuel, tantôt recodage phonique. Il semble prouvé que le recours à l’une ou l’autre voie est déterminé par la fréquence des mots ; leur régularité orthographique et la vitesse de lecture. Pour les mots fréquents et réguliers, on tend à se passer de détour phonique, surtout quand on lit vite ; dans tous les autres cas l’identification des sons est nécessaire“
Voilà qui invite à ne pas faire de distinction fondamentale entre la manière dont un chinois lit et la manière dont un francais lit.
Il y a quelques décennies on a montré que l’hémisphère droit était plus sollicité par un chinois lisant. (l’hémisphère droit est plus spécialisé dans la reconnaissance des formes, alors que Le gauche contrôle les facultés du langage et l’emploi des écritures alphabétiques).
Néammoins on a montré en 1979 (et confirmé depuis) que si c’est vrai pour un caractère isolé, ce ne l’est pas pour un mot composé (binôme, trinôme).
En conclusion : un francais et un chinois ont une double approche de la lecture : pour un mot / caractère bien maîtrisé il y a une approche globale (hémisphère droit), pour un mot / binôme posant difficulté il y a médiation par le son. Les proportions sont sûrement différentes; mais les deux “routes” sont utilisées par un francais comme par un chinois
L’auteur finit son texte en donnant quelques qualités de l’écriture chinoise : rigueur et liberté, un rôle fondateur dans la civilisation, productivité et adaptabilité, adaptation aux technologies de l’information.
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Chu XiaoQuan : Identité de la langue, identité de la Chine
Riche chapitre encore, dont je ne retiens qu’une phrase ici :
« Désireux d’accéder à l’immortalité comme ses lointains pairs les pharaons égyptiens, Qin Shi Huangdi, le premier empereur chinois, n’était pas insensible à la constance extraordinaire de l’écriture chinoise et, une fois sur le trône impérial, il se mit à bâtir son autorité universelle, non pas sur les blocs majestueux des pyramides, mais sur ces petits carrés de caractères chinois dont la forme avait été fixée par son Premier ministre dans un texte modèle diffusé dans son vaste empire »
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Zhang Yinde : La “sinité” : l’identité chinoise en question
Cet essai m’a semblé un peu plus obscur. On y traite du “nationalisme culturel” avec des illustrations qui m’ont peu convaincu, comme ce curieux chiffre donné :
” On déplore ainsi les déséquilibres dans le seul domaine des traductions : 1 068 000 titres européens ont été traduits en chinois au XXe siècle alors que depuis plusieurs centaines d’années seuls 3000 ouvrages chinois ont été traduits en langues européennes.”
Le déséquilibre évoqué existe sûrement (on pourrait évoquer aussi les centaines de millions de chinois qui parlent anglais face à quelques (dizaines de?) millions d’anglophones parlant chinois, mais le chiffre donné (sans source) me semble curieux.
On trouve plus bas un résumé des positions prises par l’historien politique contemporain Wang Hui, qui décrit bien la stabilité chinoise :
“La Chine est le seul pays où le territoire, la démographie et la politique culturelle, issus d’un empire antérieur au XIXe siècle, soient conservés dans un état souverain et multi-ethnique.”
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Damien Morier Genoud : Où en est la pensée Taiwanaise ? Une histoire en constante réécriture.
Pas de résumé pour cet article plutôt complexe.
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EPILOGUE : Dépasser l’altérité
Karine Chemla : Penser sur la science avec les mathématiques de la Chine ancienne.
Le dernier chapitre intitulé “dépasser l’altérité” est passionnant : il cherche à réparer une erreur tenace et répandue selon laquelle le chinois ne serait pas une langue logique, apte au raisonnement scientifque et à la modernité. (voir un livre sur l’abstraction)
On part de positions de l’éminent sinologue Marcel Granet qu’il faudra ensuite contrer. Ces positions de Granet sont tirées d’un article publié en 1920 dans la “revue philosophique de la France et de l’étranger” sous le titre “quelques particularités de la langue et de la pensée chinoise”
Granet décrit dans cet article la langue chinoise comme imagée et poétique, mais tournée vers le passé plutôt que vers le progrès, et ainsi inapte à la démarche scientifique (notamment car elle illustre les choses au lieu de les définir, et car elle reste implicite). Ce propos m’a rappelé cette riche notion de langues à haut ou bas contexte
Citons un passage p193 : “Associée aux formes d’expression qu’elle revêt habituellement, la pensée chinoise peut-elle s’appliquer à la recherche scientifique ? Cette pensée, qui semble d’essence pittoresque et musicale, qui s’exprime en tout cas, par rythme et par symboles concrets, quel succès aura-t-elle, appliquée à un domaine où sont requis des formulations claires et distinctes et des jugements explicites?”
Précisons que Granet reste aujourd’hui un très éminent sinologue.
Encore un passage intéressant juste avant :
“Tandis qu’un francais, par exemple , possède, avec sa langue, un merveilleux instrument de discipline logiqque, mais doit peiner et s’ingénier s’il veut traduire un aspect particulier et concret du monde sensible, le chinois parle au contraire un langage fait pour peindre et non pour classer, un langage fait pour évoquer les sensations les plus particulières et non pour définir et pour juger, un langagte admirable pour un poète ou pour un historie, mais le plus mauvais qui soit pour soutenir une pensée claire et distincte, puisqu’il oblige les opérations qui nous seomblent les plus nécessaires à l’esprit, à ne se faire jamais que de facon latente et fugitive.”
(notons bien qu’il ne nie ni logique ni abstraction à la langue chinoise. Il lui nie la capacité de les fixer de manière durables en règles qui, se transmettant et s’enrichissant de génération en génération, deviennent le progrès)
On comprend alors la conclusion et la recommandation que Granet donne aux intellectuels chinois p190 191 :
“Tant qu’il s’écrira en caractères, le chinois restera une langue toute concrète et une langue morte. [...] Le problème qui se pose aux chinois me paraît revenir à ceci : travailler tout de suite de manière à transformer la langue parlée en la rendant susceptible de supporter une transcription phonétique, et en faisant d’elle une langue neuve, qui échappe à l’influence de la langue écrite [...] et où l’usage de la dérivation et des formes grammaticales puisse arriver à s’installer”
On voit que Granet proposait supprimer le chinois classique ( 文言 wenyan) en supprimant carrément les caractères chinois, et même en allant plus loin c’est à dire en “important” de la grammaire de type occidental. C’était assez radical comme projet !
L’auteur, après nous avoir invité à réfléchir à une science qui serait plus suggestive que de définitive, reprend une démonstration chinoise ancienne (XIIIe S) du théorème de pythagore, (théorème qui est déjà mentionné dans les “neuf chapitres sur les procédures mahématiques” autour de JC), pour contrer les vues de Granet exposées en introduction.
J’ai retrouvé la même image, extraite d’un site qui expose plusieurs démonstrations du théorème de Pythagore.
Alors j’essaie de vous faire la démonstration.
En bas à gauche, vous prenez le carré de trois cases sur trois cases, et en bas à droite vous prenez le carré de 4*4. Vous jetez toute la partie haute. On obtient deux carrés accolés, l’un de 3 cases de côté et l’autre de quatre cases
En bas à gauche vous prenez le triangle du coin et vous le pivotez autour de son coin haut, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, de 90°.
Ensuite en bas à droite vous prenez le triangle du coin et vous le pivotez, de 90° aussi mais dans le sens des aiguilles d’une montre, pour venir le placer avec le plus long des côtés perpendiculaires en haut du cube 4*4. Vous voyez ce que ca donne ?
Vous retrouvez ainsi le carré incliné qui se trouvait à l’intérieur du grand carré d’ensemble.
On arrive alors à retrouver nos petits. Si l’hypothénuse est X et les deux côtés Y et Z (donc ici trois et quatre), on a bien la surface du carré inclité X2 qui est égale à Y2 + Z2 (3*3+4*4)
Mais ce que je trouve très biscornu, c’est de partir de cette forme plutôt curieuse avec deux carrés contigus, de côté différents. Cela tient mais ce n’est pas carré comme raisonnement, à mes yeux. Vous ne trouvez pas ?
merci bien
You did it! …How did you do it?