Shanghai : ce que j’aime bien et ce que j’aime moins
Après bientôt un mois à Shanghai, voici ce que j’aime bien et ce que j’aime moins dans cette ville.
J’aime bien :
- La gaieté des gens. Dans une réunion au travail ; on a très souvent de grands éclats de rires, deux ou trois fois dans la réunion. Tout le monde rigole à gorge déployée. C’est vraiment sympa et cela n’arrive presque jamais en France !
- Les petites rues calmes, bordées de platanes, avec plein de petits commerces et des gens qui flânent, qui ont le temps. C’est une chose qu’on ne trouve pas à Hong Kong et qui est très agréable à Shanghai. Je peux y passer plusieurs heures sans m’ennuyer.
- Le service. Très souvent, même dans un restaurant pas chic du tout par exemple, on est traité comme un client, comme un roi. Des serveurs ou serveuses sont attentionnés, veillant à la qualité du moment que passe le client. C’est différent du cafetier parisien qui donne l’impression d’avoir déjà mal au derrière quand on lui passe commande, et d’être totalement constipé quand il nous apporte le café !
- La nourriture. Impossible d’en parler sans écrire un roman, tant la variété et la richesse de ce qu’on trouve à manger sont immenses. Alors je raconte juste un petit dîner dans un restaurant tibétain cette semaine. Les clients étaient tous chinois. Le décor était bizarre, avec des coloris très vifs et des signes religieux partout (signes ; peintures ; posters ; et même des moulins à prières dans le restaurant, que les serveuses faisaient tourner sans arrêt). La musique était bizarre aussi, avec un fond de basse fait de cœurs de moines récitant des sutras, et une petite voix féminine nasillarde qui s’égosillait un peu par-dessus. Les serveurs avaient souvent un type physique hybride entre chinois et tibétains, mais l’un d’eux était très grand et avait un visage osseux et très étonnant ; vraiment loin de la physionomie chinoise Han. Au menu : Une sorte de radis énorme, vert dehors et rose dedans, coupé en petits morceaux et servi dans une sauce un peu aigre. Un pain très bon, un peu sucré et que l’on trempait dans une sauce verte à l’oseille. Des aubergines frites coupées en lamelles et enroulées autour de morceaux de viande de Yack. Succulent. Le tout accompagné de vin d’orge, une spécialité tibétaine.
- L’histoire. Récente mais riche. Les terres alluviales déposées par le Yangtsé (ou fleuve bleu ou 长江) et son affluent le Huangpu, terres sur lesquelles Shanghai est construite, n’existaient même pas il y a mille ans ! Shanghai n’était qu’un port de pêche au XVIIIe siècle. C’est la guerre de l’opium, mi XIXe, qui a développé Shanghai pour en faire une grande ville riche, cosmopolite et extravagante au début XXe, mais le communisme y a préparé la prise du pouvoir , puis la révolution culturelle. La ville se réveille aujourd’hui et devient une des villes les plus modernes du monde. Cette histoire est encore présente dans certains bâtiments, dans les visages des personnes âgées. Hier je déjeunais avec un ami français marié à une Shanghaienne de grande famille. Son grand père était richissime mais il a fui aux Etats-Unis au moment du communisme. Aujourd’hui la famille reconstruit un empire.
J’aime moins :
- La saleté. Quelques rares endroits sont propres, mais beaucoup sont vraiment repoussants ! Il faut bien regarder où l’on marche. Il n’y a aucune crotte de chien (je n’en ai pas vu une seule !) mais beaucoup de déchets, de flaques de boue, de chantiers avec des trous. Récemment j’ai marché dans une énorme flaque de ciment de plusieurs mètres de diamètre ! Le chauffeur d’une benne s’était juste trompé, et il avait déversé deux cent kilos de ciment liquide sur la rue, là où marchent les piétons.
- Le chauffeur de taxi qui se rase pendant la course. Il sort son rasoir électrique et se fait la barbe consciencieusement, tout en conduisant. C’est assez gênant ; je n’aime pas trop.
- Les gens qui te doublent dans les queues. Ils essaient juste de passer devant toi, sans aucun respect. C’est pénible ; il faut se défendre si on ne veut pas ressentir une sorte d’humiliation pendant une heure. Bien sûr que ce n’est pas important de passer vingt-sixième ou bien vingt-septième dans le tourniquet du métro, mais nous français avons été éduqué dans le « chacun son tour » plutôt que dans le « chacun pour soi ».
- Le bruit. Les marteaux piqueurs, masses et autres pilons partout dans la rue, qui vous cassent les oreilles. Les taxi et bus et voitures qui klaxonnent sans arrêt, juste pour dire qu’ils sont là et qu’ils aimeraient bien avancer. Il y a trois ans il y a eu une grande campagne contre les klaxons (des policiers verbalisaient à tout va) ; mais cela reste difficile pour moi. Les gens qui crient. Ils ne se parlent pas, ils se crient dessus. Même s’ils ne sont pas énervés. Ce sont surtout les paysans qui crient ; les migrants qui arrivent de la campagne pour travailler en ville. Mais il y en a beaucoup ; et ils crient très fort.
Shanghai est tout de même un lieu vraiment intéressant et sympa. Moins dur à vivre qu’il y a quelques années. La ville vit, et regorge de choses à découvrir, et l’avenir est plein de promesses quand on regarde autour de soi.
J’aime bien l’encens qui brûle dans les toilettes. On a l’impression de faire pipi dans un temple, impression plutôt bizarre.
sympa ton article..
ça donne le ton sur cette ville de Shangai.
J’aime bien ou j’aime bien,
dans tous les cas ça donne envie de faire le déplacement!
Ben du Cambodge
Bonjour Florent,
Je suis tombé sur ton site et c’est très intéressant de voir que nous avons une expérience assez différente en Chine, due au fait que je ne parle pas Mandarin (et mon goût moins prononcé pour la littérature, certes…).
Après avoir vécu au Japon, le service m’a un peu effrayé mais je m’y habitue peu à peu.
Par contre, je serais beaucoup plus positif sur les taxis. Dans un pays où tout doit etre négocié, au prix d’interminables discussions où je me prends au jeu, les taxis sont une exception: les taxis sont aimables, connaissent toutes les rues sans GPS (inimaginables à Tokyo) et tous les prix sont au compteur sans la moindre discussion.
J’ai fait le semi-marathon de Shanghai le week end dernier et au niveau experience culturelle, c’est pas mal du tout:
- Les 20 000 Chinois chantant a gorge déployée leur hymne national juste avant la course, surement pour se donner du courage, mais peut etre aussi pour rappeler aux sponsors et nombreux participants Japonais ou nous sommes
- La course au milieu du trafic de Shanghai
- Les cheerleaders de 60 ans en costume flamboyant criant “jiayou”
- Les “papy” de 60 ans courrant pieds nus et il faut l’avouer, parfois plus rapidement que moi
- Les Chinois se battant pour descendre sous les 2 heures afin de gagner leur unique paire de chaussure de course de l’année
- L’esprit d’entraide entre les participants commun a toutes les courses, et qui ne nécessite pas de parler la même langue
Salut Guillaume
Marrant de te retrouver là !
Ce billet est vieux ; il faudrait que je l’actualise. . .
Ta description du marathon est bien amusante ; mais tu n’as pas eu peur pour tes poumons, de courir ainsi le bitume de la yan’an lu ?
Ca serait effectivement intéressant de savoir ce que tu penses de Shanghai maintenant !
Je ne suis pas d’accord avec 2 choses :
* la gaieté des gens. Shanghai est une ville d’égoïstes et je ne trouve pas que les gens soient si gais que ça, en particulier les shanghaiens…
* la nourriture. On trouve de très bons restaurants chinois ou étrangers ici, mais en général la cuisine chinoise à Shanghai n’est pas bonne. Tout est sucré!! Ils n’utilisent pas d’épices, c’est fade. La cuisine que l’on sert ici est souvent adaptée au (mauvais) gout des shanghaiens.
Pour le reste, je ne peux qu’approuver.
– Woods