Mardi 23 Janvier 2007

Le mot du jour : la saveur 滋味

滋味 zi1 wei4

 

Ce terme est profond ; c’est le goût du cœur plutôt que celui des papilles gustatives.
Par exemple : le goût amer de la solitude (
寂寞的滋味不好受。)

Ne rentrons pas dans les détails de la formation de chaque caractère : il est compliqué et peu intéressant. Restons juste dans l’association de ces deux termes : 滋味

désigne la sortie d’un bourgeon ou l’éclosion d’une fleur, la vie qui jaillit d’une boue fertile, qui grandit et se multiplie. En argot signifie même l’éjaculation précoce.

, quant à lui, est formé d’une bouche ( kǒu) et du futur ( wèi ; phonétique). Il désigne à la fois le goût (saveur, odeur), une nourriture délicieuse et un intérêt teinté de ravissement.

滋味 présente donc ce bourgeonnement du goût, ce germe de sentiment qui se développe en l’homme. Une jolie vue centrée sur le potentiel plus que sur le résultat !

(une référence pour creuser cette vision chinoise d’un goût en émergence : lire l’éloge de la fadeur, de François Jullien)

 

Posted by florent at 22:29:23 | Permanent Link | Comments (0) |

Lundi 22 Janvier 2007

Mo Yan : Beaux Seins belles fesses 9/10

Ce livre m’a pris le ventre comme très peu de livres ont pu le faire. Je me souviens de sensations similaires à  la lecture des frères Karamazov, de Dostoievsky, il y a quelques années déjà. Un livre qui va toucher des choses profondes, profondes de l’homme. Qu’il soit un homme ou une femme, une française ou un chinois.  

 

Le petit garçon dont il est question dans l’histoire, Shangguan Jintong, commence à raconter le livre dès le second chapitre (le premier relatant sa naissance). Cela crée une ambiance particulière : le lecteur avance dans l’histoire grâce aux récits et impressions d’un bébé qui grandit en petit garçon, et qui ne veut pas quitter le sein maternel. Vers treize ans, quand Jintong décide enfin de se nourrir d’autre chose que de lait, le récit passe curieusement du « je » au « il », comme si le personnage principal avait pris ses distances du narrateur avec le sevrage et l’adolescence .
 
Beaux seins, belles fesses : Les enfants de la famille ShangguanJintong connaît une enfance difficile en milieu rural (tout comme  l’auteur Mo Yan) : il est fils illégitime d’un pasteur suédois et d’une maman merveilleuse qui a déjà mis au monde huit sœurs au désespoir de son mari chinois. Le père géniteur de Jintong et le mari de sa mère meurent tous deux très vite ; le livre se passe sans personnage de père. Les hommes adultes sont tous absents de leur famille ; principalement occupés par la guerre. La paternité me pose questions en ce moment ; et ce livre y apporte de belles réponses : on comprend le rôle d’un père en voyant vivre et grandir une famille (une tribu même !) sans pères.  
Les descriptions que fait Jintong de ses tétées sont magnifiques ; c’est là son seul mode d’alimentation jusqu’à l'adolescence : d’abord au sein de sa mère, puis à celui de ses sœurs ; puis au pis d’une chèvre qui lui est attribuée. Les descriptions plongent le lecteur dans une béatitude largement oubliée (ou inconsciente) : celle du moment ou nous étions nourris par notre mère. J’ai vécu ce sentiment de béatitude avec force. Le toucher, l’odeur et le goût du sein sont magnifiquement vivants dans le texte. 
Posted by florent at 12:06:10 | Permanent Link | Comments (1) |

Dimanche 14 Janvier 2007

Calligraphie 3

Tant que nous sommes dans la calligraphie, voici le poème du Shijing que j'avais tenté de traduire sur ce blog, que j'ai calligraphié la semaine dernière

 Image attachée

(Je précise que c'est pire qu'une calligraphie amateur ; c'est un travail de débutant, et gaucher de surcroît! Il y a une erreur car j'ai interverti deux caractères ; un carambar à qui la trouve!)

Posted by florent at 01:02:56 | Permanent Link | Comments (6) |

Samedi 13 Janvier 2007

Calligraphie 2

Et pour ne pas oublier que la calligraphie japonaise tire ses sources de la culture chinoise, voici une vidéo de calligraphie de Shun Kai Tse en style cursif (délié)

 

Et une pratique très courante à pékin : la calligraphie à l'eau sur bitume. L'écrit est éphémère comme la parole.

Posted by florent at 01:05:21 | Permanent Link | Comments (0) |

Calligraphie

Voici quatre cours de calligraphie japonaise présentés en Anglais par Hirokazu Kosaka.

Les deux premiers concernent pinceaux et encres, et les deux derniers, passionnants, présentent quelques caractères dans leur forme actuelle et dans leurs formes archaiques.

Pinceaux

Encre

Posted by florent at 00:12:44 | Permanent Link | Comments (1) |

Jeudi 11 Janvier 2007

Restau chinois

Ce soir j'ai invité mes enfants au restau chinois. Dans la voiture; mon troisième fils (tout juste 6 ans) me demande :

Papa, tu sais pourquoi il y a plein de chinois dans les restaurants chinois ?

- Non, dis-je surpris

- Ben c'est parce que c'est eux qui les ont inventés, ces restaurants chinois ! Alors ils aiment beaucoup ; c'est normal !

(Gravure du XIXe : Fumeurs d'opium dans un restaurant chinois ; E Morin)

Posted by florent at 23:13:34 | Permanent Link | Comments (0) |

Création du monde ou diversification des êtres ?

Anne Cheng commente un passage cosmogonique du Laozi d'une manière qui me parle beaucoup :

(Histoire de la pensée chinoise ; p206)

 

Le Dao engendre l'Un
Un engendre Deux
Deux engendre Trois
Trois les dix mille êtres
Les dix mille êtres portent le yin sur le dos et le yang dans les bras
Mêlant leurs souffles (冲氣 chongqi) ils réalisent l'harmonie


Le dao engendre l'un, c'est à dire le tout qu'est le réel et dont l'unité se manifeste dans le souffle originel. Le dynamisme du souffle, qui est le mode d'existence même du Dao, signifie que l'Un n'est pas monolithique et figé dans son unité et son unicité, il se diversifie dans la dualité des souffles du yin/yang, ou du ciel/terre. Mais la dualité n'est pas une fin en soi : elle resterait bloquée dans un face à face stérile si elle n'était animée par la relation ternaire qui indroduit la possibilité de mutation et de transformation. C'est ainsi que la dualité des souffles Yin/Yang se trouve dynamisée par le vide médian (autre sens de 冲氣 chongqi, parfois remplacé par 中氣 zhongqi : souffle médian). les huit trigrammes sont composés de traits pleins yang et interrompus yin. On les retrouve sur le drapeau de la CoréeEn termes cosmologiques, très en faveur sous les han, cette relation ternaire se traduit dans la triade Ciel-Terre-Homme. Le trois figure une relation à la fois fermée et ouverte, qui se suffit à elle même en même temps qu'elle est capable de l'infini, qui dit le tout de l'univers visible et invisible dans son unicité, tout en prenant en compte la multiplicité qui le compose.[]... A partir de la relation ternaire en effet tout devient possible : le trois ouvre sur le multiple à l'infini. Dans le passage du Dao aux dix mille êtres, on assiste au déploiement de l'Un dans le multiple, processus dans lequel on peut voir le souffle originel, de qualité infiniment subtile, se subdiviser, se diversifier en qi de qualité de plus en plus grossière, dense et compacte.
Cette aspiration d'un retour à l'unité perdue se retrouve dans d'autres cultures, mais ce qui reste spécifique à la pensée chinoise est la continuité assurée par le va-et-vient constant entre l'il-y-a et l'il-n'y-a-pas, l'invisible et le visible.
...
 
La continuité des êtres qui se sont diversifiés à partir du souflle originel ; c'est là une belle vision , non ?

 
Posted by florent at 01:07:11 | Permanent Link | Comments (7) |

Samedi 06 Janvier 2007

Voeux

Une excellente année à tous !

Voici pour la commencer en musique trois vidéos toutes fraîches de vacances en Drôme

D'abord Un voyage en absurdie, lors duquel je rêve d'être une femme (en l'occurence Mathilde)

 

Ensuite une initiation à l'amour vache par Ostiane, 12 ans et côme, 5 ans.

 

Enfin Filou, (8 ans) cherche Mirza (1 an) partout.

 

 

Posted by florent at 00:03:40 | Permanent Link | Comments (4) |