Mardi 02 Juin 2009

Week-end à Lhassa

Ce week-end, c’était le 端午节, festival des bateaux-dragons. Je suis allé à Lhassa en train et revenu à Shanghai en avion. L'intérêt pour le bouddhisme et les récits d'Alexandra David-Neel m'en donnaient l'envie. Mais c'est surtout à cause de tous ces débats enflammés sur le Tibet. Débats qui m'avaient fatigué jusqu'au point de me dire "tant que je n'y aurai pas été, j'arrête d'en parler".  

Voici une vidéo sur ce train qui dure 49 heures et passe au dessus de 5000 mètres d’altitude :

 

Voici ensuite une vidéo de Lhassa, où je ne suis pas resté assez longtemps. J’espère retourner au Tibet pour aller sur le plateau ; marcher et camper.

 (cliquer sur "pause" si cela passe trop vite")

 

Je laisse les images parler ; une seule chose à exprimer par des mots : c’est sur le mysticisme.

Jusqu’à ce voyage je considérais la vie mystique comme une expérience personnelle, ou à la rigueur vécue en petite communauté (monastères ; groupes de prière…). Mais à Lhassa j’ai vu un mysticisme qui touchait tout le corps social. C’est comme si la société vivait en présence du mystère, vivait dans le mystère. 

Posted by florent at 14:45:39 | Permanent Link | Comments (5) |

Lundi 13 Avril 2009

Tomber dans les panneaux

On voit beaucoup de panneaux amusants en Chine
(j'en avais mis sur ce blog, et il y en a un amusant sur le blog de Jile)

En voici deux datant du week end dernier.

D'abord dans la ville de Changzhou, dans un musée :

请勿喧哗

Et effectivement en chinois on ne fait pas la différence entre "faire du bruit" (objet) et "faire du bruit" (personne), alors qu'on la fait en anglais (langue qui en interdit l'usage avec un sujet humain et sans complément). En français il n'y aurait pas eu d'erreur de traduction !

Ensuite dans la ville de Wuxi, dans des toilettes dont les urinoirs étaient vraiment repoussants. Très repoussants. On avait naturellement tendance à reculer pour mieux ...


Sur le panneau de droite : on lit : 向上一步 文明一大步
Qu'on peut traduire par " un petit pas en avant, un grand pas pour la civilisation"

(civilisation, ou 文明 littéralement "arts littéraires - clarté", s'emploie aussi pour des contextes assez basiques où il s'agit plutôt de politesse.)

Vivement que nos panneaux de musées en France soient aussi traduits en chinois, pour que les chinois puissent rigoler un peu à leur tour !


Posted by florent at 11:36:44 | Permanent Link | Comments (4) |

Mardi 07 Avril 2009

Avec ou sans étain ? 有锡 ou 无锡 ?

En Chine on est très sensible aux ressources. Quand il décrit l’art de la guerre, Sunzi  aborde la saisie des ressources de l’adversaire plutôt que la victoire par destruction du dit adversaire.

Il y a une ville dans la province du jiangsu 江苏 qui, il y a trois mille ans, était réputée pour son étain. On l’appela donc 有锡 (Youxi), c'est-à-dire « qui-a-de-l’étain ». Mais voilà, il y a environ deux mille ans ; les réserves d’étain se sont taries. Depuis la dynastie Han, la ville a changé de nom et s’appelle désormais 无锡, c'est-à-dire « sans-étain ». C’est la ville de Wuxi que j'ai visité ce week end.

Posted by florent at 05:20:05 | Permanent Link | Comments (2) |

Samedi 28 Mars 2009

Shanghai : ce que j'aime bien et ce que j'aime moins

Après bientôt un mois à Shanghai, voici ce que j’aime bien et ce que j’aime moins dans cette ville.

 

J’aime bien :

-          La gaieté des gens. Dans une réunion au travail ; on a très souvent de grands éclats de rires, deux ou trois fois dans la réunion. Tout le monde rigole à gorge déployée. C’est vraiment sympa et cela n’arrive presque jamais en France !

-          Les petites rues calmes, bordées de platanes, avec plein de petits commerces et des gens qui flânent, qui ont le temps. C’est une chose qu’on ne trouve pas à Hong Kong et qui est très agréable à Shanghai. Je peux y passer plusieurs heures sans m’ennuyer.

-          Le service. Très souvent, même dans un restaurant pas chic du tout par exemple, on est traité comme un client, comme un roi. Des serveurs ou serveuses sont attentionnés, veillant à la qualité du moment que passe le client. C'est différent du cafetier parisien qui donne l'impression d'avoir déjà mal au derrière quand on lui passe commande, et d'être totalement constipé quand il nous apporte le café !

-          La nourriture. Impossible d’en parler sans écrire un roman, tant la variété et la richesse de ce qu’on trouve à manger sont immenses. Alors je raconte juste un petit dîner dans un restaurant tibétain cette semaine. Les clients étaient tous chinois. Le décor était bizarre, avec des coloris très vifs et des signes religieux partout (signes ; peintures ; posters ; et même des moulins à prières dans le restaurant, que les serveuses faisaient tourner sans arrêt). La musique était bizarre aussi, avec un fond de basse fait de cœurs de moines récitant des sutras, et une petite voix féminine nasillarde qui s’égosillait un peu par-dessus. Les serveurs avaient souvent un type physique hybride entre chinois et tibétains, mais l’un d’eux était très grand et avait un visage osseux et très étonnant ; vraiment loin de la physionomie chinoise Han. Au menu : Une sorte de radis énorme, vert dehors et rose dedans, coupé en petits morceaux et servi dans une sauce un peu aigre. Un pain très bon, un peu sucré et que l’on trempait dans une sauce verte à l’oseille. Des aubergines frites coupées en lamelles et enroulées autour de morceaux de viande de Yack. Succulent. Le tout accompagné de vin d’orge, une spécialité tibétaine.

-          L’histoire. Récente mais riche. Les terres alluviales déposées par le Yangtsé (ou fleuve bleu ou 长江) et son affluent le Huangpu, terres sur lesquelles Shanghai est construite, n'existaient même pas il y a mille ans ! Shanghai n'était qu'un port de pêche au XVIIIe siècle. C’est la guerre de l’opium, mi XIXe, qui a développé Shanghai pour en faire une grande ville riche, cosmopolite et extravagante au début XXe, mais le communisme y a préparé la prise du pouvoir , puis la révolution culturelle. La ville se réveille aujourd’hui et devient une des villes les plus modernes du monde. Cette histoire est encore présente dans certains bâtiments, dans les visages des personnes âgées. Hier je déjeunais avec un ami français marié à une Shanghaienne de grande famille.  Son grand père était richissime mais il a fui aux Etats-Unis au moment du communisme. Aujourd’hui la famille reconstruit un empire.

 

J’aime moins :

-          La saleté. Quelques rares endroits sont propres, mais beaucoup sont vraiment repoussants ! Il faut bien regarder où l’on marche. Il n’y a aucune crotte de chien (je n’en ai pas vu une seule !) mais beaucoup de déchets, de flaques de boue, de chantiers avec des trous. Récemment j’ai marché dans une énorme flaque de ciment de plusieurs mètres de diamètre ! Le chauffeur d’une benne s’était juste trompé, et il avait déversé deux cent kilos de ciment liquide sur la rue, là où marchent les piétons.

-          Le chauffeur de taxi qui se rase pendant la course. Il sort son rasoir électrique et se fait la barbe consciencieusement, tout en conduisant. C’est assez gênant ; je n’aime pas trop.

-          Les gens qui te doublent dans les queues. Ils essaient juste de passer devant toi, sans aucun respect. C’est pénible ; il faut se défendre si on ne veut pas ressentir une sorte d’humiliation pendant une heure. Bien sûr que ce n’est pas important de passer vingt-sixième ou bien vingt-septième dans le tourniquet du métro, mais nous français avons été éduqué dans le « chacun son tour » plutôt que dans le « chacun pour soi ».

-          Le bruit. Les marteaux piqueurs, masses et autres pilons partout dans la rue, qui vous cassent les oreilles. Les taxi et bus et voitures qui klaxonnent sans arrêt, juste pour dire qu’ils sont là et qu’ils aimeraient bien avancer. Il y a trois ans il y a eu une grande campagne contre les klaxons (des policiers verbalisaient à tout va) ; mais cela reste difficile pour moi. Les gens qui crient. Ils ne se parlent pas, ils se crient dessus. Même s’ils ne sont pas énervés. Ce sont surtout les paysans qui crient ; les migrants qui arrivent de la campagne pour travailler en ville. Mais il y en a beaucoup ; et ils crient très fort.

 

Shanghai est tout de même un lieu vraiment intéressant et sympa. Moins dur à vivre qu'il y a quelques années. La ville vit, et regorge de choses à découvrir, et l’avenir est plein de promesses quand on regarde autour de soi.

Posted by florent at 04:30:09 | Permanent Link | Comments (1) |

Mardi 24 Mars 2009

Tintin tais toi !

Puisque ce blog est censuré en Chine (il faut passer par un proxy du genre secure tunnel), je n'ai aucune raison de me retenir pour exprimer quelquechose qui m'a choqué le week end dernier. Une histoire liée à Tintin, c'est dire comme elle est importante.

Nous visitions la jolie ville ancienne de Qibao 七宝, "sept trésors", non loin de Shanghai, quand je suis tombé stupéfait sur un musée dédié à 张充仁 Zhang Chongren qui en est originaire.

Comment, vous ne connaissez pas Zhang Chongren ? Si je vous dis
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Posted by florent at 07:34:52 | Permanent Link | Comments (2) |