Mercredi 20 May 2009

Dialogue

Voici un vieux proverbe qui explique bien des difficultés à se comprendre quand c'est un peu compliqué

Avec un renard, impossible de parler fourrures

与狐议裘         无时焉可

王符, 《潜夫论·述赦》: (Wang Fu, dynastie Han)

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Dimanche 17 May 2009

Bourde médiatique

Dans le courrier international numéro 965 daté du 6 mai 2009, on trouve page 26 cette illustration et cet article sur l'intérêt général.

Comme d'habitude, le texte se place en donneur de leçons. L'article nous dit que la notion d'intérêt général est "en réalité assez étrangère aux chinois". Remarquez bien qu'on parle des chinois. De manière générale. On ne parle pas d'un parti ou d'un gouvernement, on ne parle pas d'une région, d'une classe sociale ou d'une frange de la population, mais on parle "des chinois".

La calligraphie est signée d'Hélène Ho. En cherchant à identifier les caractères, je me suis rendu compte que c'était très probablement le binôme 公益 (gong1yi4 ; qui signifie "bien public" ou en anglais "welfare").
Seulement il était publié à l'envers, la tête en bas !

Ci dessous la photo retournée, comme cela on est plus juste (mais il est plus difficile de lire l'article ;-)


        


Je préfère contempler la calligraphie à l'endroit et laisser les grandes leçons des journalistes de côté !


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Dimanche 10 May 2009

Paul Magnin : Bouddhisme ; unité et diversité 8/10

Paul Magnin est sinologue et professeur de théologie, spécialiste du bouddhisme chinois. Voir par exemple ici un article de lui sur la patience.

Dans ce livre, il dresse un inventaire des différents courants bouddhistes (grand et petit véhicule ; tantrisme) en abordant leurs histoires, leurs doctrines et leurs pratiques, dans ce qui les unit et dans ce qui les caractérise.

Le livre est épais et quelque peu ardu, ce qui n'étonnera pas ceux qui ont déjà cherché à comprendre un peu les fondements et la diversité des courants bouddhistes. Mais le style est remarquablement clair, et la bibliographie extrêmement fournie (tout comme le lexique des termes chinois et japonais).

En voici la trame :  

Après une introduction abordant la perception du bouddhisme en France, l'auteur nous raconte la vie de Bouddha. Il élargit sur la communauté bouddhiste (samgha) et commente les quatre nobles vérités (radicalité de l'insatisfaction; soif à l'origine de la douleur; le Nirvana comme cessation du cycle des renaissances ; l'octuple chemin vers la délivrance).
 Sont ensuite commentées les perfections bouddhiques : les quatre sentiments incommensurables de bienveillance, compassion, joie, équanimité, et les six perfections (don, moralité, patience, énergie, concentration, sagesse).

S'ensuit une perspective historique avec l'évolution du bouddhisme ancien, les fondements du grand véhicule (Mahayana), la formation du bouddhisme chinois (avec les trois écoles Tiantai 天台, Huayan, Terre pure 净土) , le Chan 禅 (le Zen avec ses deux courants Linji ou Rizai et Caodong ou Soto) 

Le bouddhisme tantrique est longuement décrit, ainsi que les grands courants du bouddhisme tibétain.

L'auteur termine par une mise en perspective de deux voies de libération : christianisme et bouddhisme.

J'ai beaucoup appris en lisant ce chapitre épais sur le bouddhisme chinois, et le chapitre articulant bouddhisme et christianisme m'a semblé lumineux.

Un livre de référence ; que je recommande.
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Anne Cheng parle de Confucius au collège de France.

Depuis de brillants cours d'ethnologie par Françoise Héritier auxquels j'assistais dans mes temps libres, le collège de France porte pour moi une signification et un intérêt particulier : la diffusion des connaissances humaines pour tous (les parisiens), par les meilleurs spécialistes.

Parlons ici d'une série de Cours donnés par Anne Cheng sur le renouveau du confucianisme.

La lecon inaugurale est en format vidéo ici, les leçons qui suivent sont au format son (podcast).

Voici quelques prises de notes rapides.
L'introduction d'Anne Cheng est intéressante ; elle prend une posture de refus, ou plutôt de temporisation par rapport à la différence culturelle.

Certains absolutisent tout de suite la différence culturelle (jusqu'à faire de la Chine un grand Autre).
D'autres la nient mordicus (jusqu'à avoir peur de termes comme les "valeurs chinoises")
Les premiers font ressortir les différences culturelles ; les seconds les aplanissent.

Cela m'a fait penser à un passage du Zhuangzi :

Celui qui sait que l'est et l'ouest s'opposent,
mais que l'un ne peut exister sans l'autre,
saisira le dosage d'efficacité

如东西之相反而不可以相无, 则功分定矣
(如東西之相反而不可以相無, 則功分定矣)

Zhuangzi Qiushui 30


Anne Cheng parle des différences culturelles (au pluriel), et préfère passer du temps à
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Francois Cheng L'un vers l'autre 9/10

Voici un livre d'un auteur que j'apprécie beaucoup : François Cheng

Il y parle de Victor Segalen, ce grand explorateur poético-mystique. Et François Cheng exprime sa reconnaissance pour le parcours humain de Segalen, parcours caractérisé par la reconnaissance de la richesse de la civilisation chinoise :
"Reconnaissance envers ceux qui , au lieu de siècles de tâtonnements et d'affrontements aussi néfastes qu'inutiles, savent d'emblée l'impérieuse nécessité, justement, de reconnaître. Reconnaître l'autre en se reconnaissant ; se reconnaître en se reconnaissant autre".

Magnifique déclinaison du verbe reconnaître non ? Elle résonne beaucoup pour moi. Bien noter le "d'emblée" ; très important à mes yeux

et plus loin arrive ce passage qui m'a plongé avec délices dans le désir amoureux :

"Oui,
Il suffit d'un brusque éveil pour que la vie
Se renouvelle. Et soudain, on osa espérer
L'ineffable arrivée d'une amante. Ainsi,
Elle apparut, au milieu du vert et du bleu,
Eclatante, entière, comme depuis longtemps
Attendue, comme depuis toujours déjà là,
Improbable jeune fille d'un improbable
Matin du monde. Tout fut pourtant réel !
Divine surprise grâce à quoi la vie se révèle
Non "dû" mais "don". Toute vie transformée
En don de vie mérite respect.  Honte à nous
Alors d'avoir tenu si désinvolte propos
Sur le cadavre du missionnaire, martyr anonyme
Au destin si tôt fauché ! Cette "chair glorieuse", sur qui
S'étaient acharnées tant d'ingénieuse cruauté
Et d'implacable furie, n'était-elle que pure vanité ?
Avons-nous un seul instant tenté de pénétrer
L'insoutenable souffrance, de partager
La muette solitude de cet autre "arraché" volontaire,
 Si loin du sol natal"

Segalen est cité sur le caractère sacré de l'écriture chinoise page 45 :

Le mot chinois est un signe, complet en lui-même, existant, réalisant (une manière d'être), différent de ce qu'il dit, et déjà très supérieur à ce qu'il daigne signifier. 
Les idéogrammes méprisent les tons changeants et les syllabes qui les affublent au hasard des provinces. Ils n'expriment pas ; ils signifient ; ils sont

S'ensuit une belle analyse de François Cheng de l'influence de la langue chinoise (monosyllabique) sur le style poétique de Victor Segalen en Français.

Le livre de François Cheng est émaillé de vers, parfois de lui même comme ici 

Nul doute qu'à la fin tout voyageur se rendra
A l'évidence : le Divers ne divertit point,
Il déroute : fouilles des licornes enfouies,
Forage du for intérieur. Dans les rets
Du mandat du Ciel, toute une vie
A l'épreuve de l'amour! Toute une vie
                A l'épreuve de la mort !


Ce livre est un magnifique voyage poétique et culturel.

Posted by florent at 16:30:42 | Permanent Link | Comments (0) |

Oser construire pour François Jullien 4/10

Une petite photo pour un petit livre. Petit. Poussé par la querelle qui oppose François Jullien et ses nombreux détracteurs (ne citons qu' Anne Cheng et Jean Francois Billeter), j'ai acheté ce livre qui manque particulièrement d'intérêt. Un peu comme ce livre noir de la psychanalyse et cet anti-livre noir de la psychanalyse qui m'avaient profondément lassés l'an dernier.

C'est un ouvrage collectif signé par les amis du sinologue, dont le renommé Léon Vandermeersch 

Quelques notes tout de même : page 12 cette phrase de Françoise Gaillard à laquelle je souscris volontiers : "François Jullien est un mauvais missionnaire de la religion des droits de l'homme".

Page 53, notons un passage intéressant de Patrick Hochart sur la partialité de la parole, avec les racines grecques du logos, du legein ti, du hen ti, de l'homologia.

Plus loin page 66, Philippe Jousset écrit, en parlant de peinture, que "l'oeil est l'organe roi pour penser le rapport occidental au monde, depuis les grecs ; c'est le souffle, en Orient (inspiration, expiration: dans le recueillement, tout point de "vue" s'abolit, on n'est plus "vis-à-vis" de rien, et la clôture entre le monde et l'individu tombe."
Et page 69 : "La pensée chinoise se présente non comme un modèle, mais bien davantage comme pourvoyeuse de bonne distance à l'égard de nos propres théories et pratiques, pour les faire apparaître comme telles et non point comme nature, fût-ce une "nature" culturelle."
 La fin de cette phrase est très éclairante à mes yeux.

Jean-Marie Schaeffer explique, page 83 que la pensée chinoise, en construisant le réel non pas comme une collection d'entités mais comme un processus, fait l'économie de l'ontologie (que l'Inde avait abordé). D'où une absence en chine de ce dualisme ontologique, de cette rupture ontique si présents en occident, dualisme selon lequel l'homme et le reste du monde vivant seraient différents par essence, dans leur être propre. François Jullien est cité à propos de Wang Fuzhi :
"Au regard de la foi chrétienne, de même que déjà pour la métaphysique platonicienne, l'âme est une substance radicalement différente de celle du corps. Or pour Wang Fuzhi, fidèle en cela aux conceptions chinoises les plus communes, la séparation est beaucoup moins nette. Par rapport aux animaux, l'être constitutif de l'homme est infiniment plus alerte et plus délié, de même que sa capacité de "fonctionnement" est plus ample, mais il n'est pas essentiellement différent d'eux."
(ce passage m'a d'ailleurs poussé à lire le livre de cet auteur Jean-Marie Schaeffer  intitulé "la fin de l'exception humaine", livre que je recommande ici).

Enfin, Julien Badiou page 150 résume l'hypothèse de travail de François Jullien : "il y a un seul monde, c'est vrai, mais ce monde est structuré par des pensées distinctes. A cette hypothèse s'opposent farouchement les tenants du nouvel ordre mondial démocratique comme les culturalistes de la multiplicité."

Encore une position à laquelle je souscris.
Posted by florent at 15:18:54 | Permanent Link | Comments (1) |

Samedi 09 May 2009

Vérité

"Quand il est question de gens qui ne nous concernent que de loin, il nous suffit de savoir quels sont leurs buts pour les approuver ou les rejeter en totalité. Quand à ceux qui nous sont plus proches, nous les jugeons d’après les moyens qu’ils emploient pour parvenir à leurs fins, souvent nous désapprouvons leurs objectifs, mais nous les aimons en raison des moyens qu’ils emploient et du type de vouloir qui est le leur. Or les systèmes philosophiques ne sont tout à fait vrais que pour ceux qui les ont fondés : les philosophes ultérieurs n’y voient tous habituellement qu’une seule et monumentale erreur ; les esprits les plus faibles une somme d’erreurs et de vérités."

Friedrich Nietzsche, La Philosophie à l’époque tragique des Grecs

Posted by florent at 18:57:12 | Permanent Link | Comments (2) |

Vendredi 08 May 2009

sprint et épines


Quel rapport y a t il entre un sprint et des épines ?





Aucun me direz vous... Perdu !

En français comme en chinois, par un curieux hasard, il y a un rapport.

Quel verbe utlisons nous pour l'action du sprint ? On "pique un sprint". Comme s'il nous fallait un aiguillon au derrière pour courir plus vite.
Et en chinois le mot même de sprint , 冲刺, se traduit littéralement par "ruer-épine".

Curieux non ?

Posted by florent at 15:41:15 | Permanent Link | Comments (0) |