Dimanche 17 May 2009

Bourde médiatique

Dans le courrier international numéro 965 daté du 6 mai 2009, on trouve page 26 cette illustration et cet article sur l'intérêt général.

Comme d'habitude, le texte se place en donneur de leçons. L'article nous dit que la notion d'intérêt général est "en réalité assez étrangère aux chinois". Remarquez bien qu'on parle des chinois. De manière générale. On ne parle pas d'un parti ou d'un gouvernement, on ne parle pas d'une région, d'une classe sociale ou d'une frange de la population, mais on parle "des chinois".

La calligraphie est signée d'Hélène Ho. En cherchant à identifier les caractères, je me suis rendu compte que c'était très probablement le binôme 公益 (gong1yi4 ; qui signifie "bien public" ou en anglais "welfare").
Seulement il était publié à l'envers, la tête en bas !

Ci dessous la photo retournée, comme cela on est plus juste (mais il est plus difficile de lire l'article ;-)


        


Je préfère contempler la calligraphie à l'endroit et laisser les grandes leçons des journalistes de côté !


Posted by florent at 18:43:57 | Permanent Link | Comments (5) |

Mardi 24 Mars 2009

Tintin tais toi !

Puisque ce blog est censuré en Chine (il faut passer par un proxy du genre secure tunnel), je n'ai aucune raison de me retenir pour exprimer quelquechose qui m'a choqué le week end dernier. Une histoire liée à Tintin, c'est dire comme elle est importante.

Nous visitions la jolie ville ancienne de Qibao 七宝, "sept trésors", non loin de Shanghai, quand je suis tombé stupéfait sur un musée dédié à 张充仁 Zhang Chongren qui en est originaire.

Comment, vous ne connaissez pas Zhang Chongren ? Si je vous dis
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Mardi 10 Février 2009

Marmelade et biscuits

On parle beaucoup sur ce blog de la beauté de la formation des caractères chinois.

Mais certains mots français sont amusants aussi !
(j'avais fait un billet sur la biture)

Voici deux mots dont l'origine m'a été expliquée par mon fils de onze ans (le poète, c'est dire que je ne me porte pas garant de la véracité des propos qui suivent)


Marmelade
Une princesse anglaise nommée Mary était malade et vint en france pour sa convalescence. Elle ne voulait rien ingurgiter malgré tous les efforts des francais qui la choyaient, jusqu'au jour où un toubib-gastronome lui fit goûter une curieuse confiture d'oranges avec les écorces. Elle l'apprécia beaucoup et accepta d'en avaler.

On appela cette confiture "Mary malade", ce qui devint plus tard "marmelade"

Biscuits
Un boulanger faisait cuire des petits sablés. Madame l'appela pour le diner et il oublia d'enlever les gâteaux du four. Après le diner, ils étaient trop cuits, deux fois trop cuits. Mais ils étaient bons quand même. Craquants. 

Alors ce boulanger les a appelé "bis-cuits", qui est devenu "biscuits"
(et ce mot est passé à l'anglais d'ailleurs, tout comme le mot de ticket qui vient du francais "étiquette")
Posted by florent at 22:56:29 | Permanent Link | Comments (6) |

Mardi 23 Décembre 2008

Individuation-incompréhension

Individu : valeur sacrée et souveraine des droits de l'homme ; nommé sujet par la psychanalyse qui en vise l'avènement heureux.

Individu : source majeure d'incompréhensions et de raidissements dans le dialogue franco-chinois.

Individu : mot qui s'écrit si simplement en chinois : . C'est à droite le dessin d'un homme debout sur ses deux jambes.

Alors qu'un jeune forumiste (qui n'a jamais été en Chine) affirmait récemment, dans son souhait de dénoncer la propagande, que "la plupart des chinois ne pensent pas par eux mêmes",

Alors qu' Isabelle dans son superbe blog considère que l' "identification au groupe freine considérablement notre individuation et bloque totalement notre ouverture à l'autre" ,

Je souhaite partager ici cette jolie phrase de Claude Levi Strauss : 

"Les hommes ne sont pas tous semblables, et même dans les tribus primitives, que les sociologues ont dépeintes comme écrasées par une tradition toute-puissante, ces différences individuelles sont perçues avec autant d’application que dans notre civilisation dite 'individualiste'". ("Tristes Tropiques")




Voir aussi un très bon article de l'académicien centenaire sur "
la difficulté croissante de vivre ensemble"





Tiens d'ailleurs, le mot d' Individuation  m'est inconnu en chinois. Il n'est pas dans les dictionnaires franco-chinois. Pourtant "individuation" est dans le littré ; il fait l'objet d'un  article wikipedia
Ce mot est employé par Thomas d'Aquin, il est attesté en français dès le XVIe siècle et google renvoie la bagatelle de 781000 réponses.
Comment pourrait on dire "individuation" en chinois ?
Posted by florent at 23:45:46 | Permanent Link | Comments (12) |

Jeudi 27 Novembre 2008

Pékin en Breton

Qui a dit que la langue bretonne était moribonde ?

Jetez un coup d'oeil à la page wikipedia sur pékin en breton pour vous convaincre du contraire

Ur gêr e Sina an Hanternoz eo Beijing (sinaeg] 北京, Pinyin Běijīng). Kêr-benn Republik pobl Sina an hini eo hag unan eus ar peder c'heoded e RPS a zo par d'ur rannvro er frammadur melestradurel sinat. Stok ouzh kumun Tianjin eo, e-kreiz rannvro Hebei. Ur gumun stag ouzh ar gouarnamant kreiz war-eeun eo Beijing. Rannet eo e 16 distrig ha div gontelezh.

Signé : un breton qui n'est plus bretonnant depuis bien longtemps

Posted by florent at 22:38:47 | Permanent Link | Comments (2) |

Lundi 27 Octobre 2008

Une expo sur les palais zen de Kyoto

Je signale ici l'exposition Shôkokuji au petit palais.
Nous y étions dimanche avec une joyeuse bande de français et de chinois (trois taiwanais et un hong-kongais, un pékinois et une yunnanaise, un singapourien), et c'est très beau.

Voici deux calligraphies :

La première se traduit par :

放下便是
"lâcher tout et c'est là"



On remarque le tracé très sommaire du second caractère 下 qui signifie "en dessous" : trois points formant un triangle, celui du dessus étant un peu plus long, et le tour est joué!

La seconde se traduit par

"Une fois éveillé,
il n'y a plus ni bien ni mal".
 

Un érudit taiwanais a reconnu chacun des caractères,

迷生寂亂
悟無好惡
(sur la calligraphie il y a seulement les 4 derniers caractères)

C'est une phrase du moine 僧璨 appelé 三祖
Posted by florent at 22:12:50 | Permanent Link | Comments (3) |

Jeudi 10 Juillet 2008

Parler chinois

A tous ceux qui peinent sur la sinueuse route de l'apprentissage du chinois, je propose cette vidéo :


alt : http://www.youtube.com/v/2Sf03kgJrjM&hl=fr&fs=1

Ce n'est pas impossible de très bien parler chinois !
Posted by florent at 20:39:55 | Permanent Link | Comments (10) |

Lundi 23 Juin 2008

Mouton-chèvre et chèvre-mouton, ou comment devenir chèvre ?

Un mot peut dire une chose en chinois et deux choses en francais.
C’est parfois vice-versa et c’est comme ça.

La question, c’est de juger ou non de ces différences.

J’ai souvent pris sur ce blog l’exemple de
, caractère chinois qui dessine un drôle d’animal, à la fois chèvre et mouton. Voir un passage à la radio , un billet étymologique , et l'histoire du vilain petit mouton noir.

Ma première réaction a été de penser : sur ce point là, les chinois ont manqué de discernement. N’y attachant que peu d’importance, ils n’ont pas fait l’effort de différencier deux animaux qui pour nous sont deux catégories bien distinctes.


Et ce week end j’étais à l’île de Wight, au sud de l’Angleterre. Et j’ai vu des chèvres moutons. Ou bien des moutons-chèvres, je ne sais pas. Des  quoi.


Alors j’ai regardé wikipedia qui m'a dit qu'ils faisaient tous partie de la famille des caprinaes, mais que les moutons ont 54 chromosomes, alors que les chèvres en ont 60.

Et j’ai trouvé des photos de moutons qui ressemblent à des chèvres, et des photos de chèvres qui ressemblent à des moutons.

          
  Moutons "barbados blackbelly"                      Chèvre Mohair


Une vieille certitude est tombée pour moi : Par une forme de grossièreté, la langue chinoise n’aurait pas distingué Chèvre et Moutons, alors que la langue francaise aurait, elle, bien « vu » la différence. Que nenni ! N'est ce pas plutôt la langue française qui a voulu distinguer à outrance ? On se souvient du cheval blanc qui n'est pas cheval.

Mais j’ai gagné une intuition : les différences de champs sémantiques, les différentes manières dont les langues découpent le réel qui nous entoure ne peuvent nous conduire à juger d’une concision ou d’une acuité du regard ; deux choses parfaitement subjectives.

Je me suis longtemps demandé quelle langue, entre le francais et le chinois, était la plus concise. Mais j’arrête de me poser cette question qui n’a, je crois, aucun sens.

Posted by florent at 08:28:49 | Permanent Link | Comments (4) |

Samedi 14 Juin 2008

兀 ... C'est du chinois

Dans un court passage à la radio, je disais que les sens différents des mots en francais et en chinois me passionnaient.

En voici un bel exemple. En ce moment nous traduisons collectivement une pièce de théâtre (dou e yuan) qui n'a jamais été traduite en francais.

Tombant sur le caractère wu4 , j'ai cherché à en comprendre l'étymologie mais je me suis perdu, avec de brillants étymologistes, dans un dédale incompréhensible. On y parlait de tabouret, de détermination, d'amputation des pieds, de cousinage avec le mot "primaire" ou avec le composant du piédestal .

Alors j'ai regardé le dictionnaire Ricci qui donne souvent les sens d'un caractère par ordre historique, par ordre d'apparition à l'écran.

le sens d'origine de 兀 serait "élevé et terminé à la partie supérieure par une surface plane. Haut plateau. " On voit bien ce sens par la formation du caractère : un trait horizontal comme posé sur un support.


Les premiers sens auraient été :

1 haut, élevé, abrupt
2 mutilé (criminel amputé des pieds)
3 partie euphon. d'usage fréquent dans le théâtre de la dynastie Yuan
4 fou, qui a perdu la raison, dans un état second
5 inquiet, anxieux
6 immobile, inébranlable
7 remuer, bouger. balloté.

Si quelqu'un arrive à retenir tous ces sens simultanément je veux bien connaître son procédé.
Si quelqu'un arrive à ne pas buter sur les problèmes logiques (entre les sens 4 & 5 & 7 et le sens 6 par exemple), je suis preneur.

Je me sens aujourd'hui un peu comme ces vieilles dames dans les dessins de Faizant




Ben voilà, j'en étais sûre.
Voyez-vous M'ame Moisans, comment c'est-y qu'on pourrait les retenir ces caractères ?
Quand on veut comprendre leur sens, vl'a-t-y pas qu'ils vous filent entre les doigts comme les anguilles au marché

Posted by florent at 10:05:35 | Permanent Link | Comments (0) |

Jeudi 12 Juin 2008

Humanité

Je suis tombé aujourd'hui sur quelques lignes de Darwin qui m'ont touchées. Elles ont des résonnances bouddhistes et confucianistes, donnant la vision d'une bienveillance qui s'étend par cercles concentriques à l'ensemble de l'humanité.

As man advances in civilization, and small tribes are united into larger communities, the simplest reason would tell each individual that he ought to extend his social instincts and sympathies to all the members of the same nation, though personally unknown to him. This point being once reached, there is only an artificial barrier to prevent his sympathies extending to the men of all nations and races. If, indeed, such men are separated from him by great differences in appearance or habits, experience unfortunately shows us how long it is, before we look at them as our fellow-creatures. ... This virtue, one of the noblest with which man is endowed, seems to arise incidentally from our sympathies becoming more tender and more widely diffused, until they are extended to all sentient beings. As soon as this virtue is honored and practiced by some few men, it spreads through instruction and example to the young, and eventually becomes incorporated in public opinion.
- Charles Darwin; The Descent of Man, 1871


Une gravure du XVIIIe siècle : l'Europe soutenue par l'Amérique et l'Afrique.


En voici ma traduction :

Alors que l'homme construit la civilisation, et que les tribus s'unissent en communautés plus larges, le bon sens devrait dicter à tout un chacun d'étendre ses instincts sociaux et sa sympathie à tous les membres d'une même nation, même s'il ne les connaît pas personnellement. Une fois ce niveau atteint, il ne reste qu'un obstacle artificiel pour empêcher sa bienveillance de s'étendre aux hommes de toutes nations et de toutes races. Les hommes ont vraiment de grandes différences dans leurs apparences et leurs coutumes, et l'expérience montre malheureusement qu'il nous faut bien longtemps pour voir et reconnaître en eux des co-créatures, des confrères ...
Cette vertu, l'une des plus nobles dont l'homme soit doté, semble surgir incidemment de nos bienveillances, alors qu'elles deviennent plus tendres et plus largement diffusées, jusqu'à ce qu'elles portent sur l'ensemble des êtres doués de sensations. Dès lors que cette vertu est mise à l'honneur et mise en pratique par quelques-uns, elle se répand par l'instruction et par l'exemple au sein de la jeunesse, et au bout du compte s'incorpore à l'opinion publique.
Posted by florent at 22:39:57 | Permanent Link | Comments (1) |
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