Lundi 25 Juin 2007

Tristesse, 憂鬱

憂鬱 s'écrit 忧郁 en caractères simplifiés et se prononce you1yu4.

Il signifie la mélancolie, la tristesse. Je vous propose de contempler un peu les caractères ; de laisser vos yeux s'y perdre en ressentant la mélancolie qu'ils dégagent. Ma calligraphie est vraiment très amateur (aussi gauche que je suis gaucher) :

Le premier caractère est fait d'une tête en haut, au dessus d'un coeur 心 et de la marche lente 夂

Le second est fait d'une jarre 缶 (fou) entre deux arbres 木 (mù) au dessus d'un couvercle  冖 (mì) et de vin sacrificiel (chàng) à côté de cheveux 彡 (shān), qui ici représentent des stries décoratives sur l'amphore.

Je trouve que la structure de ces caractères, et particulièrement les gouttes (ou larmes?) du coeur ainsi que les stries de l'amphore évoquent merveilleusement cette blessure intérieure de la mélancolie !

 

Posted by florent at 12:15:47 | Permanent Link | Comments (1) |

Dimanche 17 Juin 2007

Yin, yang et qi

Nous avons parlé déjà du vide médian, ce souffle par lequel yin et yang interagissent et engendrent la transformation. Il se représente par la ligne en S qui sépare le yin du yang :

 

Voici encore un poème de Francois Cheng sur ce sujet rebattu mais si puissant :


Du yin et du yang,
Tirer l'élan
Tirer l'éclat
Vers le plus tendu
            de l'interaction
Vers la culminance
            du cercle rythmique

La chair s'y accomplit
            dans l'inaccompli
Le fruit s'y clôt
            dans l'inclos

L'inépuisable saveur
Née de l'éternité
           d'une saison
N'est autre que la promesse
Enfin tenue
           entre deux mains

 

François Cheng, A l'Orient de tout (oeuvres poétiques) 

Posted by florent at 19:21:26 | Permanent Link | Comments (5) |

Arbre

J'avais eu l'occasion de parler de la vision chinoise de l'arbre sur ce blog, mais la lecture d'un billet de Serge, puis la découverte d'un poème de François Cheng m'y ont replongé :

 

 

 

 

Entre ardeur et pénombre

Le fût

Par où monte la saveur de la sève

de l'originel désir  

Jusqu'à la futaie

Jusqu'aux frondaisons

foisonnante profondeur

Portant fleurs et fruits

de la suprême saison

Entre élan 

vers le libre

Et retour

vers l'abîme

Toute branche est brise

Et tout rameau rosée

Célébrant l'équilibre de l'instant 

au nom désormais fidèle

Arbre

(source : A l'orient de tout ; recueil d'oeuvres poétiques contenant de courts poèmes écrits en francais sur les arbres, mais aussi sur les pierres, sur l'amour, et sur la transformation)

Posted by florent at 19:08:48 | Permanent Link | Comments (0) |

Dimanche 10 Juin 2007

Lao Tseu l'a dit...

Posted by florent at 10:16:31 | Permanent Link | Comments (0) |

Bonté et justice

Voici encore une page du Zhuangzi, cet extraordinaire maître taoiste.

ConfuciusL'oeuvre de Zhuangzi critique à de nombreuses reprises les enseignements de Confucius, souvent via le personnage de Laotan, qui est introduit au chapitre XIII (la voie céleste).

Lao Tan est l'ancien conservateur des archives impériales à la bibliothèque royale des Tcheou.

Pour situer le dialogue qui suit, le disciple Tseu Lou vient de conseiller à son maître Confucius de rencontrer Lao tan pour essayer d'introduire ses écrits auprès du roi

Voyez un peu la volée de bois vert que Confucius reçoit de Lao Tan :

Confucius alla voir Lao Tan. Celui ci n'accepta pas sa proposition. Alors Confucius exposa ses idées contenus dans les douze livres canoniques pour le convaincre.
Après l'avoir entendu et approuvé, Lao Tan lui dit :
- C 'est trop prolixe. Je voudrais connaître l'essentiel de votre exposé.
- Il se résume, dit confucius, dans la bonté et la justice.
- Celles ci sont elles réellement la nature de l'homme ? demanda Lao Tan
- Oui , répondit Confucius. Car le sage n'atteint à la perfection que par la bonté et ne peut vivre sans la justice. Sans la bonté et la justice, qui sont vraiment la nature de l'homme, que ferait il dans ce monde ?
- Que sont la bonté et la justice ? demanda Lao Tan
- Prendre à coeur le bonheur des hommes et les aimer tous également sans faire entre eux de distinction égoiste, telle est la substance de la bonté et de la justice.
- Ah ! dit Lao Tan, une telle doctrine me semble avoir été fabriquée après coup. L'amour universel comporte des détours, car l'altruisme est une forme de l'égoisme. Voulez vous que le monde ne se trouve pas privé d'autorité ? Voyez alors le ciel et la terre, qui ont leurs lois constantes ; le soleil et la lune qui ont leur rangement ; les oiseaux et les quadrupèdes qui ont leurs troupeaux ; les arbres et les herbes qui ont leurs constitutions propres. On doit laisser agir la vertu de chacun et se conformer au Tao : c'est ainsi que l'on atteint à la perfection. Pourquoi sans cesse prôner la bonté et la justice comme quelqu'un qui ferait battre le tambour pour rechercher son fils en fuite ? Eh ! vous ne faites ainsi que perturber la nature de l'homme.


C'est joli, non ?


(l'envie de remplacer "bonté et justice" par "droits de l'homme" pour lire le texte dans le monde d'aujourd'hui me titille beaucoup dry.gif )

 

 

Posted by florent at 10:11:20 | Permanent Link | Comments (3) |